Interview de Didier Dinart

(handball)

C’est aujourd’hui que l’Ă©quipe de France de handball dĂ©bute son Championnat d’Europe. Pour l’occasion, nous avons posĂ© quelques questions Ă  Didier Dinart. Depuis 2008, il a remportĂ© successivement les Jeux Olympiques, deux Championnats du monde et un Championnat d’Europe. Avec en plus quatre Ligues des Champions et le titre mondial en 2001, il est tout simplement le sportif français le plus titrĂ© dans les sports collectifs.

Didier, vous allez disputer le Championnat d’Europe en Serbie. A quelques mois des Jeux Olympiques, cette compétition est-elle vraiment un objectif ou bien est-ce plus une préparation pour les JO de Londres ?

Je n’aime pas parler des Jeux Olympiques de Londres. Les JO de Londres, c’est dans huit mois. Prenons le cas de figure de CĂ©dric Sorhaindo (joueur de l’équipe de France touchĂ© lors d’un match de prĂ©paration, ndlr) : il pensait aller au Championnat d’Europe et si ça se trouve, il est blessĂ©. Je serai peut-ĂŞtre dans la mĂŞme situation lors des Jeux Olympiques. Je prĂ©fère donc prendre au cas par cas et au jour le jour. Ce qui est vrai aujourd’hui ne sera pas forcĂ©ment vrai demain. Maintenant, il s’agit de se prĂ©parer, de gagner ce Championnat d’Europe, de continuer Ă  battre des records, de pourquoi pas gagner une cinquième mĂ©daille d’or d’affilĂ©e… On pense plus Ă  ce genre de choses qu’aux Jeux Olympiques, qui sont dans huit mois !

Avec vos quatre grands titres à la suite depuis 2008, n’avez-vous pas peur qu’un éventuel nouveau succès ne soit perçu comme « normal » dans l’esprit des gens et ne soit pas apprécié comme un véritable exploit ?

J’ai déjà eu cette impression avant, et j’ai même eu peur en me disant que les gens ne valorisaient pas forcément les titres qu’on avait. Même nous, on ne se rend pas forcément compte de l’ampleur de ce qu’on a réussi. Tu te rends peut-être compte de ce que tu as fait le jour où tu as arrêté. Etant dans l’action, tu ne valorises pas forcément ce que tu as réalisé.

Depuis 2008, vous avez donc remporté les Jeux Olympiques, deux Championnats du monde et un Championnat d’Europe. De tous ces titres remportés consécutivement, quel est celui qui a été le plus dur à gagner ?

Le plus dur, ça a été les Jeux Olympiques, mais plus sur le plan émotionnel parce que c’était vraiment la compétition que recherchait l’équipe de France depuis presque vingt ans. Ça a été le sentiment d’un travail abouti.

Après, on a commencé à rentrer dans l’idée que si on gagnait le Mondial, ça ne s’était jamais vu… Il fallait donc commencer à écrire l’histoire. Et l’histoire s’est écrite depuis 2008 jusqu’au Mondial 2011 !

Vous avez participé à trois éditions des Jeux Olympiques. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Les Jeux Olympiques ne sont pas forcément identiques. Sydney était spécial pour moi parce que c’étaient mes premiers. Mais ce n’était pas les plus beaux. On est allé à Athènes, pour mes seconds Jeux Olympiques, en vue de les gagner et on avait monté soi-disant la meilleure équipe. Mais ça a été un échec et une déception (défaite de l’équipe de France en quarts-de-finale, ndlr). Pékin, c’était les Jeux à ne pas rater parce qu’avec les plus vieux, on avait tous 31 ans. Or, c’est plus facile de faire ce que tu dois à faire à 31 ans qu’à 35 !

Votre carrière en bleu est aussi marquée par la demi-finale du mondial 2007, perdue contre l’Allemagne avec le sentiment d’avoir été volé avec un but injustement refusé à quelques secondes de la fin. Ce match n’a-t-il finalement pas été un déclic pour ce formidable quadruplé qui a suivi ?

Ça a peut-être été un déclic. On a peut-être su tirer profit de ces défaites de l’équipe de France pour améliorer le jeu et ne pas forcément pêcher dans certains domaines. Et puis, ça a peut-être servi de leçon pour la suite. Avec la médaille de bronze au Championnat d’Europe 2008, on était encore sur une lancée « négative » depuis l’Euro 2006, ce qui a fait qu’on a peut-être eu le déclic en 2008 qui a poussé l’équipe de France à avoir encore plus d’envie pour gagner ces Jeux Olympiques de Pékin.

Vous êtes considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du monde. L’aspect psychologique est-il important à ce poste par rapport à l’adversaire ? Si oui, quel est votre technique pour remporter ce combat psychologique ?

Je me concentre déjà sur ma performance individuelle. Je maîtrise mon sujet parce que je sais ce que j’ai à faire dans les moments clés et parce que la stratégie est vraiment précise. La défense est en place, ce qui fait qu’on peut prendre l’ascendant sur les adversaires au fil du match.

Vous avez un palmarès très impressionnant en club, avec notamment quatre Ligues des Champions, trois Supercoupes d’Europe et plusieurs titres de champion d’Espagne et de France. Parmi tous ces titres en club, quel est celui qui vous a le plus marqué ?

Celui qui m’a le plus marqué est peut-être ma première Ligue des Champions avec Montpellier. Gagner une Ligue des Champions était mon rêve en club. C’est le plus bel aboutissement que l’on puisse avoir, et le premier titre en général a une saveur bien particulière !

Avez-vous déjà décidé de la date de votre fin de carrière ou de votre retraite internationale ?

Non, je ne me pose pas forcément la question. J’ai peut-être une idée mais on ne peut pas non plus dire que ça va être demain ou après les Jeux. On peut avoir des opportunités extra-handballistiques ou handballistiques. Je ne sais pas quand j’arrêterai ma carrière. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne me reste pas dix ans à jouer.

Merci beaucoup Didier et bonne chance pour ce Championnat d’Europe !

Crédit photos : experts-handball.com : Sportissimo, S. Pillaud

La carrière de Didier Dinart en quelques lignes :

Didier Dinart connaît sa première sélection en équipe de France en 1996. En club, il remporte de nombreux trophées avec Montpellier (où il joue de 1996 à 2003) : cinq fois le Championnat de France, cinq fois la Coupe de France et la Ligue des Champions en 2003. Sélectionné lors des Jeux Olympiques de Sydney, il prend la sixième place. En 2001, il devient champion du monde avec l’équipe de France.

En 2003, il prend le bronze au Championnat du monde et rejoint le Ciudad Real (Espagne), où il joue jusqu’en 2011. Il y remporte le Championnat d’Espagne, la Coupe d’Espagne, la Supercoupe d’Europe et surtout la Ligue des champions (à trois nouvelles reprises). Après une cinquième place aux Jeux Olympiques d’Athènes, Didier Dinart remporte le bronze au Championnat du monde 2005 et devient champion d’Europe en 2006.

C’est en 2008 que commence sa fabuleuse épopée avec les Bleus : après le bronze de l’Euro 2008, il remporte la médaille d’or des Jeux Olympiques de Pékin. Il enchaîne ensuite chaque année avec un nouveau titre majeur : champion du monde 2009, champion d’Europe 2010 puis de nouveau champion du monde 2011. En club, il porte désormais les couleurs de l’Atlético Madrid. Didier Dinart est actuellement en Serbie pour disputer le Championnat d’Europe. Il est le sportif français des sports collectifs le plus titré.

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