Delfina Gaspari a participĂ© aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Il s’agissait de la première participation de l’Ă©quipe de France fĂ©minine de hockey sur gazon aux JO. La championne de France 2025 revient sur cette expĂ©rience.

Delfina, tu as connu ta première sélection en équipe de France en 2016 et tu as participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Peux-tu nous décrire rapidement ton parcours entre ces deux événements ?
J’ai intégré l’équipe de France assez jeune : je venais tout juste d’avoir mon bac. Ma première compétition a eu lieu en septembre 2016. A l’époque, Paris était encore une ville candidate à l’organisation des Jeux et l’idée était de préparer la génération qui pourrait potentiellement y participer. Il y a alors eu un changement de génération dans l’équipe avec l’arrivée de nombreuses jeunes joueuses. Au début, les compétitions ont été compliquées car on n’avait pas beaucoup d’expérience.
Ensuite, les Jeux de 2024 ont officiellement été attribués à Paris et on a commencé toutes ensembles un cheminement avec cet objectif. On a appris à se connaître au fur et à mesure. C’est plus facile quand on joue avec des copines et des personnes qu’on connaît bien ! Aux Jeux, le noyau principal de l’équipe était constitué de joueuses présentes dans le groupe de 2016.
Personnellement, j’ai eu un parcours assez linéaire car j’ai eu la chance d’avoir été prise à toutes les compétitions de 2016 à 2024.
« On a montré tout au long du tournoi notre agressivité et notre combativité pour le maillot »
Tu as enchaîné deux fractures de fatigue l’année avant les JO. On imagine que ça a été difficile à vivre ?
Avant, je pensais que 2024 serait une année incroyable avec les Jeux Olympiques et que j’y serais à mon « prime ». Malheureusement, j’ai eu une première fracture de fatigue en septembre 2023. Je pensais que cela se réparerait en deux semaines mais ça n’a pas été le cas. C’était une période compliquée mentalement. Je ne jouais pas et je voyais les autres s’entraîner beaucoup physiquement. Je prenais forcément du retard. Je me suis aussi mise la pression en voulant me rétablir rapidement, alors qu’il restait énormément de temps avant les Jeux. J’ai donc repris trop vite, en essayant de cacher ma douleur. En décembre, j’avais toujours mal et on m’a décelé une deuxième fracture de fatigue. J’avais trop forcé.
Quand cette deuxième fracture s’est résorbée, je ressentais toujours des douleurs. On ne savait pas d’où elles venaient. On a décalé ma reprise de semaine en semaine car les douleurs ne partaient pas. Mentalement, ça a été la période la plus dure. J’ai demandé à être suivie par une psychologue du sport, qui m’a fait beaucoup de bien.
Fin avril 2024, j’ai passé une scintigraphie (examen d’imagerie médicale où on injecte un produit, ndlr). Le résultat signalait une nouvelle fracture. C’était la pire journée de ma vie. J’ai pleuré toute la journée ! Je voyais aussi mes proches qui souffraient pour moi et c’était encore plus dur. J’ai effectué un scanner dans la journée pour mieux comprendre. Heureusement, le docteur m’a appelé le soir-même pour m’expliquer qu’il ne s’agissait pas d’une fracture, mais d’un bout d’os restant de la première fracture qui venait frotter contre un autre os. Cela créait une inflammation. Il m’a annoncé qu’il avait une solution. Une semaine après, j’ai fait des infiltrations. Je suis allée trois semaines au centre de rééducation de Capbreton pour être bien accompagnée dans ma reprise. Je n’avais que l’objectif de Paris 2024 en tête.
Je suis sortie du centre fin mai et j’ai repris le hockey avec l’équipe de France début juin, à un mois des Jeux ! Heureusement, il restait pas mal de matchs amicaux. Pendant les Jeux, je n’étais pas à 100% à cause de cette préparation, mais j’ai adapté mon jeu et j’ai donné le meilleur de mes capacités à ce moment-là !

La cérémonie d’ouverture sur la Seine a été un moment marquant des Jeux Olympiques de Paris 2024. Peux-tu nous raconter comment tu l’as vécue de l’intérieur ?
C’était incroyable ! Ça a marqué le début de nos Jeux. Quand on est parties du Village Olympique en bus, le rêve devenait réalité. On voyait les Français nous applaudir et nous soutenir. La ferveur autour des Jeux était incroyable. Mais je pense que la cérémonie était mieux à la télé que sur place. Sur le bateau, on voyait en effet beaucoup moins de choses qu’à la télé et c’était un peu long. Et puis on était sous la pluie !
Tu étais titulaire lors de la compétition mais la France a perdu ses cinq matches. Avec le recul, es-tu tout de même satisfaite de la prestation de l’équipe pour sa première participation de l’histoire aux Jeux Olympiques ?
C’était la première fois qu’on disputait une compétition de ce niveau. On n’y a rencontré que des équipes du top 10 mondial, alors qu’on n’avait eu que très rarement l’occasion d’en jouer auparavant. On savait que ça allait être dur.
Je pense qu’on n’a pas trop de regrets à avoir. On a donné le meilleur de nous-mêmes. On a essayé de se soutenir dans la difficulté et d’adapter notre jeu, avec beaucoup de défense. On a montré tout au long du tournoi notre agressivité et notre combativité pour le maillot. Je pense que nos Jeux ont été réussis pour cette raison.
Quels souvenirs gardes-tu de ces JO de Paris ?
Le souvenir que je garde le plus en mémoire, c’est le premier match contre les Pays-Bas. Le stade était plein, on a chanté notre première Marseillaise et il y avait en plus un magnifique coucher de soleil. A la mi-temps, on n’était menées que 0-1, alors que les Hollandaises sont les meilleures mondiales. On est très contentes de ce qu’on a démontré pendant ce match.
Sinon, le Village Olympique était incroyable. On y a croisé beaucoup de stars françaises et internationales. On y était dans une bulle et on n’avait pas envie que ça se termine.
Un autre souvenir particulièrement marquant pour moi a été lors de la cérémonie de clôture au Stade de France. J’étais avec tous les athlètes près de la scène quand la chanson « My Way » a été chantée (par Yseult, ndlr). C’était la chanson de mon grand-père, qu’on avait chantée avec tous ses amis lors de son enterrement. Ça ne pouvait pas mieux tomber. J’ai alors vraiment senti que j’avais une petite étoile là -haut qui m’avait soutenue à travers toutes mes blessures et ces moments durs. C’était un moment incroyable de me dire que mon grand-père était là et m’accompagnait.
« C’était juste une première étape et on doit continuer à progresser »
Comment as-tu vécu la période d’après Jeux Olympiques ? As-tu eu un coup de blues comme certains autres sportifs ?
Oui, c’était dur de se dire que tout était terminé. D’autant plus que j’ai vécu en même temps la fin des Jeux et une opération au pied. Les douleurs sont réapparues fin août. On a alors pris la décision d’opérer et d’enlever en septembre ce petit bout d’os qui traînait dans l’articulation. Après l’opération, je ne pouvais pas poser le pied par terre. C’était dur, mais j’avais l’impression de trouver enfin une porte de sortie vers la guérison totale. Comme j’avais quitté mon club belge pour revenir en région parisienne après les Jeux Olympiques, ma famille et mon copain ont pu m’aider. C’était important.

En août dernier, l’équipe de France féminine a participé pour la première fois au Championnat d’Europe A et a terminé septième du tournoi avec une victoire. Ce résultat correspondait-il à tes attentes ?
Si on nous avait dit avant la compétition qu’on allait réussir à battre l’Irlande, qui était mieux placée au classement mondial, j’aurais signé tout de suite ! Mais j’ai un petit regret pour le dernier match perdu contre l’Ecosse. On les avait battues en match officiel avant le tournoi et je pense qu’on aurait pu rééditer la performance. Mais c’était une bonne performance pour notre première participation. On prend de plus en plus d’expérience contre les meilleures équipes mondiales et on est qualifiées pour la prochaine Coupe d’Europe A, qui aura lieu dans deux ans à Londres. C’était juste une première étape et on doit continuer à progresser.
Mis Ă part ta participation aux JO, quelle est ton meilleur souvenir avec les Bleues ?
C’est la Coupe d’Europe B qu’on a disputée en 2021 en République Tchèque. Elle avait lieu après l’épidémie de covid-19. Avant la compétition, on ne savait pas trop où on en était. On s’était beaucoup préparées physiquement mais on n’avait pas trop joué de matchs. On a atteint la finale. A la fin de cette journée, on nous a annoncé qu’on avait atteint le top 25 mondial, condition obligatoire pour être qualifiées aux Jeux. Ce moment a été une délivrance pour nous et reste gravé dans ma mémoire !
Merci beaucoup Delfina pour ta disponibilité et bonne continuation !
La carrière de Delfina Gaspari en quelques lignes :
Evoluant au poste de milieu de terrain ou d’arrière, Delfina Gaspari connaĂ®t sa première sĂ©lection en Ă©quipe de France en 2016, Ă l’âge de 18 ans. Avec les Bleues, elle remporte en 2019 la mĂ©daille d’or du Championnat d’Europe C, puis en 2021 la mĂ©daille d’argent et en 2023 la mĂ©daille d’or du Championnat d’Europe B.
Elle est sĂ©lectionnĂ©e pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour sa première participation aux Jeux Olympiques, l’équipe de France fĂ©minine de hockey perd ses cinq matches. Delfina est titulaire Ă chaque rencontre. En 2025, elle se classe 7e du Championnat d’Europe A avec la France.
En club, elle joue successivement au Saint-Germain Hockey Club, au White Star de Bruxelles (Belgique), Ă La Gantoise (championne de Belgique 2022, 2023 et 2024) puis depuis 2024 de nouveau au Saint-Germain Hockey Club (championne de France 2025). Aujourd’hui âgĂ©e de 27 ans, Delfina Gaspari compte plus de 80 sĂ©lections en Ă©quipe de France.
Participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024





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