Interview de Victoria Ravva

(volleyball)

Vendredi soir avait lieu l’Open Generali, qui marque le dĂ©but du championnat de France de volley. A cette occasion, interviewsport.fr a pu poser quelques questions Ă  Victoria Ravva, la figure emblĂ©matique du volley fĂ©minin français. Capitaine du RC Cannes, elle a remportĂ© quinze titres de championne de France et a jouĂ© en Ă©quipe de France.

Victoria, vous évoluez depuis 1995 au sein du RC Cannes. Qu’est-ce-qui vous plaît le plus dans ce club, au point d’y passer la quasi totalité de votre carrière ?

Je me suis trouvée une famille ici. Quand je joue, ce n’est pas seulement pour moi et pas seulement pour les filles, c’est vraiment pour un club. En fait, c’est comme si c’était ma famille. Je prends vraiment très à cœur chaque victoire.

C’est aussi un peu pour le coach. C’est un personnage ! Même s’il est un peu colérique comme ça (l’entraîneur de Cannes était en colère à côté de nous au début de l’interview, ndlr), c’est un entraîneur exceptionnel qui m’a énormément fait confiance. Je ne regrette absolument pas de ne pas être partie ailleurs.

La saison dernière, Cannes a survolé la première phase avec 22 victoires en 22 matchs et a effectué un nouveau doublé Championnat/coupe. Cela vous a-t-il permis de digérer l’élimination de la Ligue des Champions dès les playoffs à 12 ?

Ce n’est jamais facile. C’est vrai qu’on est une équipe qui a l’habitude de toujours être parmi les quatre meilleures. Mais même si on a très envie, on est assez réaliste aussi : on sait que les équipes qui accèdent au Final Four sont des équipes avec un énorme budget qui ont la possibilité d’acheter des grandes stars. Nous, on a de la chance car l’entraîneur cherche à recruter des jeunes joueuses comme Jelena (Lozancic) ou Tetyana (Kozlova) par exemple. Mais ce n’est pas évident. Lorsqu’on est éliminé, on passe toujours par une période où la tension baisse et du coup il y a aussi moins de motivation. Mais bon, on est professionnelles !

Depuis 1998, vous avez gagné chaque saison le titre de championne de France et la Coupe de France (à une exception près) avec Cannes. N’est-ce pas lassant d’autant dominer en France ?

Je ne sais pas comment vous retourner la question… (rires) Est-ce que vous n’en avez pas marre d’avoir beaucoup d’argent, d’être beau ou d’être dragué ? C’est une chose superbe, on n’en a jamais marre ! Si on perdait tout le temps, peut-être que moi, à un moment, j’en aurais eu marre. Mais là on gagne et on ne peut pas s’habituer à ça. On n’a jamais assez de victoires !

Vous avez également remporté la Ligue des Champions en 2002 et en 2003. Etait-ce alors un aboutissement dans votre carrière ?

C’était une période magnifique de ma carrière. Maintenant, ça serait facile de dire que c’est le meilleur moment de ma carrière ou quelque chose comme ça. Mais non, ça fait quinze ans que je joue à Cannes et chaque année est différente et très belle. Il y a des années où on a perdu mais ça reste des années inoubliables pour moi !

En octobre 2006, vous avez donné naissance à des jumelles. Racontez-nous un peu votre retour au volley. Cela n’a-t-il pas été difficile de retrouver votre niveau ?

Je ne vais pas mentir, bien sûr que ça a été difficile ! Je me suis un peu fait une thérapie de choc car j’ai repris les entraînements un mois après. Ce n’était pas évident de gérer ma vie familiale, les enfants et le volley. Mais je pense que c’était le seul moyen de revenir au plus haut niveau parce que si je trainais un peu plus longtemps, je crois que j’en aurais été incapable. C’est sûr que c’est difficile et il faut avoir une volonté de faire ça. Je pense que j’ai eu cette volonté et c’est pour ça que je suis là !

Entre 2004 et 2007, vous avez évolué au sein de l’équipe de France. Quel est votre meilleur souvenir avec la sélection ?

Je ne peux pas vraiment fixer un match ou un stage. J’ai passé des moments superbes et on avait une très bonne ambiance dans l’équipe. A la dernière participation (en 2007, ndlr), on a fini huitième du Championnat d’Europe et c’était plutôt un bon résultat. Là, j’étais avec Yan Fang, mais j’ai aussi des supers souvenirs de tout ce qu’on a fait avant avec les autres entraîneurs Yan Sanchez ou Fabrice Vial. Je les remercie parce que j’ai partagé une aventure humaine exceptionnelle avec eux.

Vous allez bientôt avoir 36 ans. Avez-vous déjà décidé de la date de votre fin de carrière et de ce que vous voulez faire pour votre reconversion ?

J’ai encore un contrat sur l’année prochaine. Si tout va bien, j’espère donc continuer encore un an avec Cannes et je pense que ce sera alors ma fin de carrière. Mais on ne sait jamais, je n’aime pas dire des choses en avance !

Concernant la reconversion, oui, j’ai déjà quelques idées. Mais je préfère ne rien dire parce qu’on tombe souvent de très haut quand on arrête. Je préfère déjà finir ma carrière de volleyeuse du mieux possible et après on verra bien pour commencer autre chose !

Merci beaucoup Victoria et bonne chance pour cette saison !

Crédit photos : Charbon Ardent

La carrière de Victoria Ravva en quelques lignes :

Victoria Ravva débute sa carrière professionnelle très jeune au sein du club du BZBK Bakou. Elle rejoint en 1993 le club turc d’Ankara Vakifbank, où elle reste deux saisons et remporte la Coupe de Turquie.

En 1995, elle signe au RC Cannes, club qu’elle n’a pas quitté depuis. D’origine géorgienne, elle est naturalisée française en 2002, ce qui lui permet de jouer pour l’équipe de France entre 2004 et 2007. Avec la France, elle termine 8e du Championnat d’Europe en 2007.

Son palmarès avec Cannes est impressionnant : elle a remporté 15 championnats de France et 15 coupes de France (réalisant le doublé chaque année depuis 1998 sauf en 2002). Elle a également remporté la Ligue des Champions en 2002 et 2003. A titre personnel, elle a été distinguée en étant sacrée meilleure joueuse du Final Four de la Ligue des Champions en 2003 et en 2006. A bientôt 36 ans, Victoria Ravva reste l’une des meilleures joueuses européennes à son poste, centrale. Elle est l’actuelle capitaine du RC Cannes.

Laisser un commentaire

COMMENTAIRE