Interview de Frédéric Weis
(basketball)

Suite de notre sĂ©rie consacrĂ©e aux 20 ans des JO de Sydney avec l’interview du basketteur FrĂ©dĂ©ric Weis. A Sydney, il a remportĂ© la mĂ©daille d’argent avec l’Ă©quipe de France. Il nous explique comment il a vĂ©cu les deux semaines de compĂ©tition et la finale contre les Etats-Unis.

FrĂ©dĂ©ric, tu as remportĂ© la mĂ©daille d’argent des Jeux Olympiques de Sydney il y a exactement 20 ans. A l’Ă©poque, cette mĂ©daille Ă©tait-elle un objectif clair en arrivant aux Jeux ou bien une bonne surprise ?

Cela serait prétentieux de dire que c’était un objectif clair. Cela faisait 56 ans que l’équipe de France n’avait pas remporté de médaille, et depuis 20 ans, cela n’a plus été fait. Par contre, c’était évidemment une très bonne surprise.

Quel est ton meilleur souvenir de la compĂ©tition ?

Monter sur un podium Olympique, c’est extraordinaire ! Ce sont des souvenirs, des sensations et des Ă©motions ! C’est l’accomplissement de tout un travail, qui se concrĂ©tise en montant sur cette marche. Monter sur une marche est ridicule en soi, mais c’est quelque chose d’extraordinaire pour tous les athlètes.

Comment as-tu vĂ©cu la finale de l’intĂ©rieur ? On imagine que cela a Ă©tĂ© grandiose Ă  vivre malgrĂ© la dĂ©faite ?

C’est un sentiment un peu mitigĂ©. Dès le dĂ©part, on savait qu’on avait la mĂ©daille d’argent. Les Etats-Unis, Ă  cette Ă©poque-lĂ , Ă©taient quasiment imprenables. Malheureusement, on n’y a pas cru suffisamment. J’ai ce petit goĂ»t amer qui me reste. Je ne sais pas si on aurait gagnĂ©, mais on aurait au moins pu les embĂŞter plus. On a commencĂ© Ă  y croire quand eux ont commencĂ© Ă  douter, ce qui est assez paradoxal. Pourquoi on n’a pas fait pas comme les jeunes de maintenant dans le sport français, qui n’ont peur de rien et qui n’ont pas l’impression d’avoir perdu avant d’avoir jouĂ© ? Je suis super content d’avoir gagnĂ© la mĂ©daille d’argent, mais dommage qu’on n’ait pas vraiment luttĂ© pour la mĂ©daille d’or !

« C’est l’accomplissement de tout un travail, qui se concrétise en montant sur cette marche »

Mis Ă  part la compĂ©tition, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques de Sydney ? As-tu eu le temps de profiter de la magie des Jeux ?

Pour le basket comme pour les sports collectifs en gĂ©nĂ©ral, c’est compliquĂ© de profiter parce qu’on joue tous les deux jours. Et les jours oĂą on ne joue pas, on s’entraĂ®ne. J’ai ressenti la magie des Jeux deux fois. La  première, c’est quand j’ai mangĂ© en face de Mohamed Ali. On n’était pas Ă  la mĂŞme table, il y avait une ou deux tables entre nous, mais il Ă©tait en face de moi. C’était impressionnant. Il dĂ©gageait une aura incroyable. Cela me marquera Ă  vie. La deuxième, beaucoup plus anecdotique, c’est que tu peux manger des Mc Do gratuits aux Jeux Olympiques. Ça m’a toujours fait rire !

Tu as pu participer aux cĂ©rĂ©monies d’ouverture et de clĂ´ture ?

Je n’ai pas fait la cĂ©rĂ©monie d’ouverture parce que j’ai un physique particulier et j’ai prĂ©fĂ©rĂ© me reposer. On jouait le lendemain Ă  9h du matin et je n’avais pas envie d’être fatiguĂ© le lendemain et de regretter quoique ce soit. Je regrette par contre de ne pas l’avoir faite, mais c’est la vie. Je prĂ©fère avoir eu une mĂ©daille plutĂ´t que d’être allĂ© Ă  la cĂ©rĂ©monie d’ouverture ! Par contre, j’ai fait la cĂ©rĂ©monie de clĂ´ture. J’ai trouvĂ© ça super !

Au cours de ta carrière en Ă©quipe de France, tu as Ă©galement remportĂ© la mĂ©daille de bronze du Championnat d’Europe 2005. Avec ton expĂ©rience, sentais-tu que tu avais un rĂ´le spĂ©cial vis-Ă -vis de la nouvelle gĂ©nĂ©ration ?

Cela serait un peu prétentieux de dire ça. En tout cas, j’avais l’impression d’être entre deux générations. J’étais le plus jeune de l’ancienne génération et le plus vieux de la nouvelle génération. J’avais l’impression d’être un peu un témoin, et d’assister à un passage de flambeau.

« J’étais là à chaque fois qu’on a eu besoin de moi »

Tu as atteint le nombre de 100 sĂ©lections en Ă©quipe de France. Durant ta carrière, Ă©tait-ce un chiffre auquel tu attachais de l’importance ?

HonnĂŞtement, sur le principe, non. Ce n’est pas une volontĂ© d’avoir Ă©tĂ© Ă  100. Mais j’avoue que je trouve ça gĂ©nial que cela fasse un compte rond ! Je suis super content ! En plus, j’ai une mĂ©moire très peu fiable et 100 est un nombre très facile Ă  retenir. J’ai eu des hauts et des bas dans les relations avec les coaches de l’équipe de France, mais j’étais lĂ  Ă  chaque fois qu’on a eu besoin de moi. Je suis ravi d’avoir pu participer Ă  ça.

Tu as Ă©tĂ© draftĂ© en NBA par les Knicks de New-York en 1999 mais tu n’as finalement pas disputĂ© de match avec le club. Le fait de ne pas avoir jouĂ© en NBA reste-t-il un grand regret ?

Non, car c’était mon choix. J’avais un contrat garanti et j’aurais pu venir Ă  New-York. Cela ne s’est pas fait car il y a eu des circonstances compliquĂ©es. Mon agent est allĂ© en prison et l’autre agent a perdu son Ă©pouse. Le jeu europĂ©en me correspondait mieux. Il ne faut pas oublier non plus qu’à l’époque, les EuropĂ©ens avaient beaucoup moins de chance de jouer en NBA. Je pense que c’est un peu dommage et j’aurais aimĂ© voir comment ça se passait lĂ -bas, mais cela n’a pas Ă©tĂ© le cas et c’est comme ça. C’est la vie ! J’ai eu la chance de faire une belle carrière en Europe et notamment en Espagne, qui Ă©tait et qui actuellement n’est pas loin d’être le deuxième meilleur championnat du monde.

Que deviens-tu et quelles ont Ă©tĂ© les grandes lignes de ta reconversion depuis l’arrĂŞt de ta carrière en 2011 ?

Je me suis beaucoup cherchĂ©. Après le sport de haut niveau, on est un peu abandonnĂ© Ă  notre sort. J’ai tentĂ© la restauration puis j’ai eu un bureau de tabac. Finalement, je suis revenu dans le monde du basket. Je travaille Ă  commenter des matches Ă  la tĂ©lĂ©vision, actuellement sur RMC. C’est quelque chose qui me passionne. Je suis aussi Ă©quipementier sportif, ce qui me permet de fournir le Limoges SCP et les clubs professionnels quel que soit le sport. Je compte aussi dĂ©velopper les interventions en entreprises. Cela me permet de rencontrer des gens intĂ©ressants et d’exposer tout ce qui s’est passĂ© dans ma carrière de sportif. C’est une expĂ©rience qui est intĂ©ressante Ă  partager !

Merci beaucoup Frédéric pour ta disponibilité et bonne chance pour la suite !

La carrière de Frédéric Weis en quelques lignes :

Evoluant au poste de pivot, Frédéric Weis débute sa carrière professionnelle au CSP Limoges. En 1999, il est drafté par l’équipe NBA des Knicks de New-York mais l’expérience s’arrête avant le début de la saison. Avec Limoges, il remporte le Championnat de France, la Coupe de France et la Coupe Korac en 2000. L’année suivante, il gagne de nouveau la Coupe Korac avec le club de Malaga.

En 2000, il obtient la médaille d’argent avec l’équipe de France aux Jeux Olympiques de Sydney. La France est battue en finale par les Etats-Unis. Lors du Championnat d’Europe 2005, il remporte le bronze avec les Bleus. Il connaît sa 100e et dernière sélection en 2007.

Après plusieurs années dans le championnat espagnol, il revient à Limoges en 2010. Il met un terme à sa carrière en 2011. Aujourd’hui âgé de 43 ans, Frédéric Weis est consultant pour RMC.

drapeau olympique Participation aux Jeux Olympiques de Sydney 2000

medaille Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de Sydney 2000 (basketball)

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