Yann Chaussinand a terminé huitième de la finale du lancer du marteau lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il revient pour nous sur son expérience Olympique ainsi que sur son record personnel battu en février dernier.
Yann, tu as participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et tes qualifications ont eu lieu le premier jour des épreuves d’athlétisme. As-tu été surpris par l’engouement du public pour ton entrée dans la compétition ?
J’ai eu la chance de réaliser très tôt les minimas pour me qualifier aux Jeux Olympiques, dès le mois de janvier 2024. J’étais alors sûr à 99% de participer aux Jeux et j’ai donc pu me préparer pour l’événement et anticiper à quoi je devais m’attendre.
Mais c’est sûr que ça a fait bizarre quand je suis entré dans le stade plein et que j’ai lancé mon premier jet des qualifications ! Lors des Jeux Olympiques, les sessions de qualification ont lieu le matin et les finales le soir. A Paris, toutes les sessions du matin étaient pleines, ce qui est assez rare ! Même en qualifications, on avait quasiment l’ambiance d’une finale. Ça a été bien pour me préparer pour la finale. Une fois qu’on savait à quoi s’attendre, cette ambiance nous portait pour chercher des bonnes performances.
Tu as terminé huitième de la finale des Jeux Olympiques. Peux-tu nous raconter comment tu as vécu cette finale de l’intérieur ?
Ma finale des Jeux a été un ascenseur émotionnel et ça m’a grillé beaucoup trop d’énergie.
Il y avait énormément de pression : il s’agissait de la finale des Jeux et j’étais à la maison. Le premier essai est toujours important sur un concours. Le mien a été mesuré et validé. Pour un concours des Jeux, c’était un très bon premier jet. En l’ayant réussi, la pression est retombée et je me suis dit que j’allais pouvoir me relâcher sur les autres lancers et essayer des choses pour aller plus loin.
Mais juste avant mon deuxième essai, on m’a annoncé que mon premier jet était mordu et donc annulé (suite à l’analyse de la vidéo, ndlr). J’ai eu un peu d’énervement à cause de cette annonce et j’ai loupé mon deuxième essai. Je me suis alors retrouvé avec deux « zéro ». Il fallait absolument que je réussisse mon troisième essai. Je suis parvenu à me remobiliser et je l’ai réussi. Mais j’ai dû attendre que tous les autres concurrents lancent pour savoir si j’allais rester à la huitième place et ainsi bénéficier de trois essais supplémentaires. Ça a été le cas, mais cet ascenseur émotionnel m’a coûté trop d’énergie nerveuse sur cette finale.
C’est un fait de concours qui arrive très rarement et qui est très récent, car la vidéo n’était pas utilisée auparavant. C’est vraiment frustrant que ça me soit arrivé en finale des Jeux Olympiques à la maison, car la forme était là ! Je m’étais préparé à beaucoup d’éventualités, mais malheureusement pas à celle-là !
« Ma finale des Jeux a été un ascenseur émotionnel »
Avec le recul, es-tu tout de même satisfait de cette huitième place pour tes premiers JO ?
Oui, mais je pense que je resterai frustré toute ma vie de cette compétition. Je suis arrivé aux JO avec la huitième performance mondiale et j’ai terminé huitième. Je ne suis donc pas passé à côté. Mais il y avait vraiment quelque chose à aller chercher. Ça fera partie des regrets de ma carrière.
De façon plus globale, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques de Paris ? As-tu participé aux cérémonies d’ouverture et de clôture ?
Je n’ai pas participé aux cérémonies d’ouverture et de clôture. Il y avait un réel engouement pour le sport et pour les Français lors de ces JO. Pour des épreuves un peu moins médiatisées comme la mienne, cela faisait vraiment plaisir de voir du monde suivre ce qu’on faisait et nous mettre sur un piédestal. Je pense qu’on ne revivra plus jamais ça. Tout le monde était derrière tout le monde. Des copains sont venus me voir. A la base, ils étaient venus me supporter pour les qualifications, et ils sont finalement restés pour ma finale. Ils n’en revenaient pas de l’ambiance ! L’engouement a été très fort. La France est une vraie nation sportive et une nation de connaisseurs.
Comment as-tu vécu la période d’après Jeux Olympiques ? Certains athlètes parlent d’une période de blues…
Je m’y étais préparé. J’étais conscient que soit tu remportes une médaille, soit tu n’existes pas. Je n’ai pas eu de problème particulier. Mais c’est sûr que pour les athlètes qui l’ignorent, c’est compliqué. On ne l’explique pas assez. Beaucoup commencent à en parler mais ce sont juste les prémices. Pour ma part, j’étais un peu frustré du concours au début mais j’ai vite voulu reprendre le chemin de l’entraînement pour aller chercher des podiums aux prochaines échéances.
« Mes concurrents savent qu’il va falloir compter sur moi pour les prochaines échéances »
Ton père David a terminé onzième du lancer du marteau aux Jeux Olympiques de Sydney 2000 et est désormais ton entraîneur. On imagine que c’est particulier d’être entraîné par son père ?
Je lui ai demandé de venir m’entraîner en septembre 2023, soit moins d’un an avant les Jeux Olympiques. J’avais besoin de changement et je sentais que cela serait compliqué pour les JO si je ne changeais pas à ce moment-là . Je voulais un entraîneur ayant déjà lancé loin et ayant déjà vécu les Jeux Olympiques. J’avais ça « sous la main » !
On savait tous les deux que cette relation serait quitte ou double : soit ça se passait bien et ça nous rapprocherait, soit ça amènerait au clash car j’ai un fort caractère. Cela s’est très bien passé et on s’est rapprochés. Il continuera à m’entraîner pour les prochaines années.
En février dernier, tu as battu ton record personnel avec un lancer à 81,56 m, ce qui fait de toi le troisième meilleur performeur français de l’histoire. Sentais-tu ce jour-là que tu allais faire une aussi belle performance ?
L’année dernière, je savais déjà que j’étais capable de lancer à plus de 80 m. J’ai effectué des bonnes séances pendant les stages de l’hiver, notamment en Afrique du Sud où j’ai réussi 80 m à l’entraînement. Je sentais que ça sortirait en compétition. C’est ce qui est arrivé en février lors du meeting à l’Île de La Réunion. Une compétition où il fait 30-35 degrés en période hivernale est plus propice aux performances, mais je ne pensais pas réaliser 81,56 m à ce moment de la saison. Ça fait plaisir et c’est de bon augure pour cet été.
Tu as déjà réalisé les minimas pour les Championnats du monde, qui auront lieu en septembre à Tokyo. Quels y seront tes objectifs et quelles sont tes principales échéances d’ici là ?
Ma saison commencera le dimanche 18 mai aux interclubs organisés à Clermont. Cette année, je vais essayer d’aller faire un peu plus de compétitions à l’étranger afin de me confronter aux meilleurs Européens et mondiaux, de fin mai à fin juillet. Les Championnats de France auront lieu début août. Il y aura ensuite les Championnats du monde. Mon objectif à Tokyo est de remporter une médaille. Mes concurrents savent qu’il va falloir compter sur moi pour les prochaines échéances.
Merci beaucoup Yann et bonne chance pour cette saison !
La carrière de Yann Chaussinand en quelques lignes :
Yann Chaussinand pratique le lancer du marteau et remporte la médaille de bronze de la Coupe d’Europe des lancers en 2021 et en 2023. Il participe aux Championnats d’Europe 2022 et aux Championnats du monde 2022 et 2023 et y éliminé en qualifications. Il devient champion de France en 2023.
En 2024, il termine 5e des Championnats d’Europe 2024 et est de nouveau champion de France. Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, il est finaliste et se classe 8e.
En février 2025, il bat son record personnel (81,56 m), ce qui fait de lui le troisième meilleur performeur français de l’histoire. Aujourd’hui âgé de 26 ans, Yann Chaussinand vise une médaille aux Championnats du monde qui auront lieu en septembre.
Participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024
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