Interview de Claire Feuerstein

(tennis)

Claire Feuerstein a participĂ© cette annĂ©e au prestigieux tournoi de Rolland Garros, oĂą elle a Ă©tĂ© Ă©liminĂ©e au premier tour. A 24 ans, il s’agissait de sa deuxième participation Ă  un tournoi du Grand Chelem. Elle nous en dit plus sur son quotidien de joueuse et nous dĂ©voile ses prochains objectifs.

Claire, tu as participé pour la première fois à un tournoi du Grand Chelem l’année dernière à Rolland Garros, où tu as été éliminée au premier tour par Svetlana Kuznetsova. Comment as-tu vécu cette grande première ?

« L’année dernière, tout s’est enchaîné très vite. J’étais assez tendue et un petit peu dépassée par l’événement et par le fait de jouer une grande joueuse sur un grand court (le court Suzanne-Lenglen, ndlr), donc le début de match était un peu difficile. Mais c’était une expérience vraiment inoubliable ! Une fois que j’ai pu à peu près me détendre et me libérer, j’ai pu voir que je pouvais quand même la titiller un peu. Bon, je ne dis pas l’accrocher ou pouvoir la battre, parce que j’en étais encore loin, mais en tout cas, j’ai fait un deuxième set solide où je perds 6-3. C’était donc intéressant de pouvoir me mesurer à elle et puis ça m’a surtout beaucoup servi pour la suite ! »

Cette année, tu as de nouveau joué le premier tour de Rolland Garros, éliminée par Yvonne Meusburger. Malgré la défaite, es-tu satisfaite de ton match ?

« Oui, je suis satisfaite, notamment parce que j’ai eu un début de saison un peu difficile (il y a eu différents événements qui ont fait que je n’ai pas gagné beaucoup de matchs en début d’année). A Rolland Garros, j’ai fait un match plein donc j’étais satisfaite de ma prestation. Le match était serré, ça se joue à pas grand chose… Je perds le premier set 7-6. J’aurais bien aimé gagner 7-6 et voir ce qui allait se passait après : peut-être qu’avec un peu de confiance en ayant gagné ce premier set, j’aurais pu encore mieux jouer ? Mais j’ai défendu mes chances, j’ai fait mon match. Je pense que la rencontre était gagnable : ça a tourné dans l’autre sens, peut-être que la prochaine fois sera la bonne ! »

N’est-ce pas trop difficile de se remotiver pour des tournois ITF après avoir disputé un tournoi aussi prestigieux que Rolland Garros ?

« Etant donné que pour le moment, je n’ai pas passé trop de temps dans les Grands Chelems puisqu’à chaque fois je perds au premier tour (rires), ça va, ce n’est pas trop difficile. Mais c’est sûr que quand on y est, on a envie de rester le plus longtemps possible, de profiter des matchs, de l’ambiance… En même temps, c’est très fatiguant parce qu’il y a beaucoup de sollicitations. Et puis le stade est grand, donc c’est compliqué pour aller d’un endroit à un autre, avec les spectateurs, les enfants qui demandent des autographes, même quand ils ne vous connaissent pas forcément… C’est vrai que c’est fatiguant mais je pense que j’ai assez d’humilité pour savoir que ma place est pour l’instant plus dans les ITF. Par contre, c’est certain que les Grands Chelems donnent très envie. Ca motive pour essayer d’y être le plus souvent possible. »

Tu es actuellement la 200e joueuse mondiale. Arrives-tu à vivre totalement du tennis, ou bien tu dois parfois faire des économies lors de tes déplacements ?

« Je ne vis absolument pas du tennis. Mon invitation à Rolland Garros me permet d’à peu près financer ma saison, mais je ressors avec zéro euro pour moi à la fin de l’année. Au niveau privé, je ne peux pas m’acheter beaucoup de choses, et loin de là de pouvoir acquérir un appartement ou quelque chose comme ça. Si je n’avais pas eu cette invitation pour Rolland Garros, ça aurait même été une grosse galère car au mois de mai, je commençais déjà à être un petit peu dans le rouge. On est donc loin d’arriver à gagner sa vie chez les filles en étant 200e mondiale. Chez les garçons, c’est peut-être possible car il y a beaucoup plus de tournois où l’hébergement est pris en charge par l’organisation du tournoi, mais chez les filles, absolument pas. »

Quels sont les tournois ou les compétitions qui te font le plus rêver ?

« Pour le moment, je ne peux pas dire que j’ai un tournoi favori. Déjà, ce serait d’être sur les tournois principaux, et évidemment les Grands Chelems. Ensuite, c’est vrai que j’ai beaucoup aimé l’Australie, les Etats-Unis aussi… Tous les Grands Chelems, en fait ! Je n’ai pas encore fait Wimbledon et je crois que c’est aussi quelque chose d’unique avec ses coutumes.

Mais je n’ai pas un tournoi préféré. J’aimerais simplement être sur le grand circuit quotidiennement parce que c’est quand même un luxe : là, justement, l’hébergement est pris en charge, c’est très bien organisé, on est très bien accueilli… Tout est plus facile donc ça fait vraiment envie ! »

En plus du simple, tu évolues aussi en double avec Stéphanie Foretz, avec qui tu as notamment joué le premier tour de Rolland Garros cette année et avec qui tu as atteint la finale du tournoi WTA de Strasbourg en 2009. Dans quelles conditions avez-vous formé cette paire ?

« C’était un peu particulier. C’était à Strasbourg, l’année dernière. J’apprends que j’ai une invitation pour Rolland Garros et pour le tableau final à Strasbourg, et elle m’appelle. Elle me dit : « j’ai vu que tu as une invitation, est-ce que tu veux faire le double avec moi ? ». Alors je lui réponds : « pourquoi pas ? ». Mais moi, je devais être 600e ou 700e à l’époque et je lui explique que si elle trouve quelqu’un de mieux classée, il n’y a aucun problème (avant, je ne pouvais pas trop jouer le double à cause de soucis physiques : je n’arrivais pas à enchaîner le simple et le double). Elle me dit : « non, non, j’ai envie de jouer le double avec toi. Je pense qu’on peut bien jouer, il n’y a pas de problème ». Je réponds : « bon bah ok, on va essayer ». Et il se trouve qu’on fait une finale de WTA pour notre première collaboration, donc c’était génial ! A partir de là, on s’est dit qu’on avait les compétences pour faire une bonne équipe et on est parti là-dessus, en se disant qu’on allait essayer de participer à quelques tournois communs pour jouer le double au maximum. Ce n’est pas encore très régulier, mais on a quand même eu de très bons résultats sur le peu de tournois qu’on a fait ensemble. »

A moyen et long terme, quels sont tes objectifs de joueuse ?

« Actuellement, étant donné que mon début de saison a été un petit peu difficile, j’ai revu un peu mes objectifs à la baisse pour cette fin de saison. Je voulais terminer dans le top 100 mais ça va être difficile, donc ce serait déjà bien d’essayer de finir dans les 150. Pour l’année prochaine, l’objectif est vraiment d’intégrer le top 100. Et si possible, l’année d’après, d’intégrer le top 50 : c’est vraiment là où je voudrais arriver. Après, on verra : si j’y arrive, il n’y aura pas de problème pour fixer des objectifs encore plus haut !

Concernant le double avec Stéphanie, ça va être juste d’intégrer le tableau final pour l’US Open, mais on voudrait le faire pour l’Open d’Australie. Au niveau du classement, il faudrait qu’on soit à peu près 80e chacune. Etre dans le top 100 d’ici la fin de l’année en double, c’est bien présent dans nos têtes.

Et puis dans mes objectifs, il y a aussi de faire partie des cinq sélectionnées en Fed Cup en 2011. »

Merci beaucoup Claire et bonne chance pour la suite de la saison !

La carrière de Claire Feuerstein en quelques lignes :

Claire Feuerstein dispute son premier tournoi du Grand Chelem à Rolland Garros, en 2009. Elle est éliminée au premier tour par Svetlana Kuznetsova (6-1/6-3). Avec notamment deux victoires aux tournoi ITF de Limoges et de Prerov, elle termine la saison 2009 à la 173e place mondiale.

En 2010, elle participe de nouveau au tournoi de Rolland Garros, mais est éliminée au premier tour par Yvonne Meusburger sur le score de 7-6/6-3. Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle est classée 200e mondiale.

Claire Feuerstein évolue aussi en double. Aux côtés de Stéphanie Foretz, elle se distingue en mai 2009 lors du tournoi WTA de Strasbourg, où elles atteignent la finale. Cette année, elles ont été éliminées lors du premier tour du tournoi de double de Rolland Garros et ont remporté le tournoi ITF de Saint Gaudens.

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