Interview de Jessica Michel

(Ă©quitation)

Jessica Michel a rĂ©ussi Ă  dĂ©crocher en mars dernier un quota pour les Jeux Olympiques de Londres dans l’Ă©preuve du dressage. Avec sa jument Riwera de Hus, elle est en progression constante depuis quelques mois. L’objectif sera donc de bien figurer aux Jeux Olympiques, en aoĂ»t prochain.

Jessica, vous avez obtenu un quota pour la France dans l’épreuve du dressage pour les Jeux Olympiques de Londres. Racontez-nous un peu comment vous avez vécu la dernière compétition qui vous a permis d’obtenir ce ticket ?

Ça a surtout été cinq semaines de compétitions successives. J’ai enchainé, donc ça a été dur. Il fallait vraiment rester concentré. Quand la dernière épreuve et la dernière remise des prix se sont passées, ça a été un très grand soulagement de terminer ! J’avais juste besoin de retourner chez moi et de penser à autre chose !

Votre progression a été très rapide. A quel moment avez-vous vraiment senti que vous pouviez obtenir une qualification pour ces Jeux Olympiques ?

Juste avant la clôture des quotas, on a fait une tournée avec cinq concours consécutifs : en Espagne, au Portugal et à Vidauban. C’est en fait à la première semaine de cette tournée que j’ai senti que c’était vraiment possible parce que j’y ai eu des scores qui se rapprochaient très fortement des moyennes qu’il fallait obtenir pour avoir les points nécessaires. Avant cela, c’est-à-dire avant le 1er février, j’avais encore des doutes !

Quels objectifs vous fixez-vous pour ces Jeux Olympiques de Londres ?

Si les JO étaient demain, ce serait d’aller en deuxième épreuve, le Grand Prix Spécial, et de bien y figurer (il y a trois épreuves successives avec à chaque fois un nombre de cavaliers restreint : le Grand Prix, le Grand Prix Spécial puis la Reprise libre, ndlr). En revanche, la finale me paraîtrait un petit peu au-dessus de mes possibilités au jour d’aujourd’hui.

Par contre, j’ai une marge de progression encore importante étant donné que j’ai commencé il n’y a pas longtemps et que je connais les figures où je peux gagner beaucoup de points. Si on arrive à corriger ces points et si ça se passe bien ce jour-là, je pense qu’on pourrait imaginer atteindre la finale. Mais une médaille, non, ce n’est pas possible !

Les Jeux Olympiques auront lieu en août prochain. Comment comptez-vous vous y préparer ? Changez-vous votre préparation du fait que ce sont des Jeux Olympiques ?

On ne change rien à ce que j’ai l’habitude de faire. Par contre, on a essayé d’adapter les dernières compétitions qu’il nous reste pour non seulement faire des compétitions de niveau crescendo mais aussi rencontrer la concurrence qui est très haute (surtout les Hollandais, les Anglais et les Allemands). La dernière compétition sera aussi une rencontre mentale pour moi. Il s’agira de me préparer mentalement à ne pas me laisser impressionner par tous ces cavaliers.

Est-ce-que les moyens dont dispose la France en dressage permettent vraiment de lutter à armes égales avec les autres nations ?

Oui. Je pense par exemple que les aides de la Fédération sont uniques en Europe. Les autres nations ont vraiment pris de l’avance sur nous au moment où on s’est un peu reposé sur nos acquis. Cela remonte à quelques années. Les autres ont avancé sur l’élevage et sur l’entraînement. C’est à ce moment-là qu’on a pris du retard. Cela fait six ans que je travaille avec Riwera, la jument que je monte pour les Jeux Olympiques. Il y a forcément un décalage entre le moment où on constate qu’on est très en retard et le moment où on arrive à rattraper ceux qui sont très en avance. Les autres sont donc en avance sur nous, mais il n’y a pas de raison qu’on n’arrive pas à les remonter !

La différence, c’est peut-être la culture qu’on a dans les clubs en France. A la base, les enseignants ont plus une culture obstacles. Or, ce sont eux qui vont former les futurs cavaliers. Pour ma discipline, il faut donc rencontrer un jour un enseignant qui nous fait aimer le dressage. C’est par exemple ce qui m’est arrivé. En Allemagne, tous les enfants commencent par faire du dressage, et ils font éventuellement après du concours complet ou de l’obstacle. C’est un peu là qu’est l’écart. Sinon, en termes de moyens, notamment financiers, ça va !

Quelle est à l’heure actuelle la victoire ou la compétition dont vous êtes la plus fière ?

Gagner son premier Grand Prix est une satisfaction : c’était à Vidauban, fin février dernier. Mais j’étais aussi assez fière en jeunes chevaux, qui est le niveau inférieur avec des catégories d’âge des chevaux : en 2007, j’ai gagné les quatre ans, les cinq ans et les six ans. Gagner les trois classes d’âge possibles pour un même cavalier est un résultat historique. C’est un super souvenir, mais ce n’est pas le même niveau !

L’équitation sous-entend une relation très étroite avec le cheval. Cette importante dépendance vis-à-vis d’un autre être vivant que soi-même n’est-elle pas parfois déstabilisante ?

C’est effectivement la caractéristique de l’équitation. On ne peut pas changer la roue du vélo ! On est toujours dépendant d’une éventuelle blessure ou bien d’une maladie du cheval dont on ne se rend pas compte. Mais on le sait, c’est une passion. On met quand même une partie de notre vie entre parenthèses pour l’équitation car il faut que le cheval mange et qu’on s’en occupe tous les jours. Quand on fait ça, c’est qu’on est passionné et on le sait qu’on peut être dépendant !

Merci beaucoup Jessica d’avoir rĂ©pondu Ă  ces questions !

CrĂ©dit photos : FĂ©dĂ©ration Française d’Equitation

La carrière de Jessica Michel en quelques lignes :

Jessica Michel concoure dans l’épreuve du dressage. En 1999, elle devient championne de France. C’est en septembre 2011 qu’elle commence sa carrière internationale, lors du Grand Prix Spécial de Saumur.

En mars 2012, elle décroche un quota en dressage pour la France aux Jeux Olympiques de Londres. Cette qualification a en grande partie été possible grâce à ses succès à Vidauban dans les quatre dernières épreuves comptant pour la ranking list des JO. En mai, elle remporte par deux fois le Grand Prix Spécial au CDI 4* de Wiesbaden (Allemagne).

Bientôt âgée de 30 ans, Jessica Michel devrait participer avec son cheval Riwera de Hus aux Jeux Olympiques de Londres en août prochain.

Pour en savoir plus sur Jessica, visitez son site officiel : www.jessicamichel.com

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