Interview de Thierry Lincou

(squash)

Champion du monde de squash en 2004 et numĂ©ro 1 mondial cette mĂŞme annĂ©e ainsi que durant toute l’annĂ©e 2005, Thierry Lincou a grandement contribuĂ© Ă  la reconnaissance de sa discipline en France. Le rĂ©cent champion d’Europe revient pour nous sur ces grands moments et nous confie son objectif : atteindre sa dixième annĂ©e de suite dans le top 10 mondial.

Thierry, tu as remporté le titre de champion d’Europe en mai dernier. Quel est ton sentiment après cette belle victoire ?

« C’est mon deuxième titre consĂ©cutif au niveau europĂ©en et la première fois est toujours la plus belle ! »

Tu es devenu champion du monde en 2004. Raconte-nous un peu comment tu as vécu cette compétition ? A l’époque, t’attendais-tu à ce titre ?

« L’annĂ©e d’avant, j’Ă©choue de peu en perdant en finale de ces mĂŞmes Championnats du monde. J’ai donc dĂ» vraiment me ressaisir et apprendre de mes erreurs, afin de rester enfin bien concentrĂ© et dans ma bulle pour l’annĂ©e suivante, en 2004 au Qatar.

C’Ă©tait Ă©crit, je pense, car je sauve une balle de match en demi-finale et en finale sur le numĂ©ro 1 mondial de l’Ă©poque, Lee Beachill. »

Tu as donc été champion du monde en 2004 mais aussi numéro 1 mondial en 2004 et 2005. Avec un peu de recul, de quoi es-tu le plus fier ?

« Mon premier objectif Ă©tait d’ĂŞtre le numĂ©ro 1 de ma discipline. Je considĂ©rais que c’Ă©tait plus dur et plus significatif car il faut ĂŞtre rĂ©gulier sur toute une saison. J’ai rĂ©ussi Ă  tenir toute l’annĂ©e 2005 avec quelques mois aussi en 2004. Par contre, on ressent Ă©normĂ©ment de pression et je n’ai pas vraiment apprĂ©ciĂ© d’ĂŞtre l’homme Ă  « dĂ©gommer » sur chaque tournoi.

Pour ce qui est d’un titre de champion du monde, ça se joue sur une compĂ©tition, sur une semaine, donc il faut ĂŞtre en forme Ă  ce moment-lĂ . Après avoir Ă©chouĂ© en finale en 2003, mon père m’a dit que c’Ă©tait dommage car un titre est quand mĂŞme Ă©ternel. Ca a donc Ă©tĂ© mon objectif Ă  atteindre après celui de numĂ©ro 1 mondial ! »

Tu es devenu le premier joueur numéro 1 mondial de squash à ne pas être originaire d’un pays anglophone ou d’anciennes colonies britanniques. Accordes-tu une importance particulière à cela ?

« C’est bien sĂ»r très significatif dans le monde du squash. Ce sport a toujours Ă©tĂ© pratiquĂ© et dominĂ© par des Anglo-Saxons : Pakistanais, Anglais, Australiens, Egyptiens… C’est donc une grosse fiertĂ©, d’autant plus venant d’une Ă®le en Ă©tant isolĂ© (l’île de la RĂ©union, ndlr) ! »

Tu as gagnĂ© plusieurs mĂ©dailles par Ă©quipe en grands championnats, dont la dernière en avril dernier aux Championnats d’Europe (mĂ©daille d’argent). Peux-tu nous expliquer comment se dĂ©roule une compĂ©tition de squash par Ă©quipe ?

« On joue sur un format Ă  quatre joueurs. Il y a des poules et il faut en sortir, c’est-Ă -dire ĂŞtre dans les deux premiers parmi les quatre Ă©quipes. Ensuite, ces deux meilleures Ă©quipes se jouent en demi-finale, puis vient la finale. »

Grégory Gaultier et toi êtes les locomotives du squash en France et vous êtes amenés à vous rencontrer régulièrement en compétition. N’est-ce pas difficile de l’affronter dans des matchs importants, comme par exemple lors de la finale des derniers Championnats d’Europe ?

« Greg et moi, nous nous connaissons depuis des annĂ©es. C’est un ami et un partenaire d’entraĂ®nement. Bien sĂ»r que ce n’est pas facile de s’affronter, mais on essaie de mettre tous les sentiments de cĂ´tĂ© en restant respectueux de l’autre ! »

Malgré plusieurs tentatives, le squash n’est toujours pas une discipline olympique. Le fait de ne pas avoir pu participer à cette grande compétition restera-t-il finalement le plus gros regret de ta carrière ?

« Non, pas vraiment. J’ai Ă©tĂ© le meilleur de ma discipline Ă  un moment T. La mĂ©daille olympique aurait Ă©tĂ© la cerise sur le gâteau, mais c’est comme ça. Je l’accepte et je me bats justement pour que l’on soit reconnu dans la famille olympique. »

Tu as actuellement 34 ans. As-tu déjà planifié ta fin de carrière et as-tu des idées de reconversion ?

« Je me donne encore une saison. Je voudrais atteindre dix annĂ©es dans le top 10. Après, on verra : sĂ»rement dans le coaching, ou je ne sais pas… »

Merci beaucoup Thierry d’avoir pris le temps de rĂ©pondre Ă  ces questions !

Remerciements aussi Ă  Ludivine de Lavison pour son aide.

La carrière de Thierry Lincou en quelques lignes :

Thierry Lincou se révèle au plus au niveau en 2001, terminant 5e du classement mondial à la fin de l’année. En 2003, il devient vice-champion du monde à la fois en individuel et par équipe.

En 2004, il est finaliste de Championnat d’Europe avant de remporter le titre de champion du monde de squash, à Doha (Qatar). Cette même année, il devient également numéro 1 mondial. C’est la première fois qu’un joueur non originaire d’un pays anglophone ou d’anciennes colonies britanniques occupe cette place. Il réussit à conserver ce rang de numéro 1 mondial durant toute l’année 2005.

Après une 3e place au Championnat d’Europe en 2007, il gagne deux titres de champion d’Europe (en 2009 et 2010). Aujourd’hui âgé de 34 ans, Thierry Lincou est classé 8e mondial et a été sacré 11 fois champion de France.

Pour en savoir plus sur Thierry, visitez son site officiel : thierry-lincou.com

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