Interview d’Ulrich Robeiri

(escrime)

Champion olympique en 2008 à Pékin et cinq fois champion du monde entre 2005 et 2010 : le palmarès en épée par équipe d’Ulrich Robeiri est impressionnant. En individuel, il a aussi décroché le bronze aux Mondiaux en 2003. Nous avons pu l’interroger lors du Trophée Monal à Paris.

Ulrich, vous avez été éliminé avant d’accéder au tableau principal lors du Trophée Monal, disputé le week-end dernier à Paris. On imagine que cela a été une grosse déception pour vous, d’autant plus que vous avez déjà gagné ce tournoi ?

Oui, surtout au vu du déroulement de la journée. J’ai réalisé des bonnes poules mais sans être qualifié directement à cause d’une touche sur l’indice. Après, pareil, ça s’est joué à une touche lors de la défaite en tableau. Finalement, j’aurais pu avoir une journée tranquille et me reposer après les poules en étant qualifié directement, mais je me suis trouvé éliminé au bout du compte. Il y avait donc une déception.

L’épreuve par équipe d’épée n’est cette année pas au programme des Jeux Olympiques de Londres. Est-ce une grosse frustration pour vous de ne pas pouvoir défendre votre titre des JO juste pour une question de programme et d’alternance des armes ?

Oui, naturellement ! Les JO sont vraiment un gros objectif ! On ne va pas revenir sur l’histoire mais l’entrée du sabre féminin a été mal négociée et depuis, on n’arrive malheureusement pas à avoir les deux médailles supplémentaires. Là, c’est notre tour, mais dans quatre ans, ce sera au tour de deux autres armes. A chaque fois, c’est la même déception pour ceux qui y sont confrontés.

Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, vous avez remporté la médaille d’or en épée par équipe. Considérez-vous que c’était alors la réalisation de votre plus grand rêve ?

Oui, en partie. A chaque fois, on se donne de nouveaux objectifs. Mais c’est vrai qu’y aller était déjà l’un des gros buts, et en plus on a eu la médaille d’or ! J’en ai d’autres, mais ça faisait partie des gros objectifs de ma carrière.

A part cette médaille d’or, quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux Olympiques de Pékin ?

Le stage de préparation s’était bien déroulé. L’ambiance était géniale pendant les deux ou trois semaines des équipes de France d’escrime en stage en Chine. Le village olympique et la cérémonie d’ouverture étaient grandioses. Je me dis que même si je ne fais qu’une fois les JO, je pense que ceux de Pékin étaient vraiment ceux à faire. Je crois que ce sera très difficile de faire aussi bien dans les années à venir.

Vous faites partie de l’équipe appelée « Les Invincibles », qui a gagné tous les titres mondiaux depuis 2004. Quelle est selon vous le secret de la réussite de cette équipe ?

Je pense que c’est le renouvellement. Pour durer, il faut de nouveaux tireurs. Les mêmes personnes ne peuvent pas être au top indéfiniment, donc je crois que le fait qu’il y ait du renouvellement est notre principale force.  Sinon, « invincibles », on sait qu’on ne l’est pas (rires). On a des défaites régulièrement et ça nous sert. Je pense qu’on arrive à bien se remobiliser pour les Championnats du monde pour aller au bout !

Vous avez remporté de nombreuses médailles d’or par équipe, que ce soit aux JO ou aux Championnats du monde. Quelle a été selon vous la médaille la plus difficile à remporter ?

Celle de 2006, où on gagne contre les Espagnols à la mort subite. On avait lutté toute la journée. Je me souviens des huitièmes de finale contre les Hollandais où on n’est pas passé loin de l’élimination. On avait aussi pas mal bataillé contre les Polonais. Et la finale contre les Espagnols a été très dure !

On a eu d’autres titres difficiles. En 2010, on avait eu deux matchs compliqués. Le premier, contre l’Estonie, où on n’est pas passé très loin de la catastrophe. Et la finale, où on était mené de huit touches. En général, le match est alors plié. Sur toutes les compétitions que j’ai faites, ça n’arrive presque jamais de remonter autant de touches !

Ce sont les deux Championnats du monde qui ont été les plus durs à gagner.

En individuel, vous avez terminé troisième des Championnats du monde 2003 et deuxième des Championnats d’Europe 2009. Racontez-nous comment vous avez vécu de l’intérieur cette première médaille en 2003 ?

C’étaient mes premiers Championnats du monde. Je sortais de mon année junior, où j’avais remporté les Championnats du monde. J’avais commencé très fort en senior puisque j’avais gagné la première Coupe du monde. Il y avait une sorte de dynamique de victoires et on ne se pose alors pas de question. C’était un peu la période où j’étais neuf et pas encore marqué par certaines défaites. Ce n’était que du bonheur et que des choses positives ! La première saison senior est en général une période où on n’est pas très connu des autres et on a donc une épingle à tirer. J’en ai profité pleinement !

L’escrime est un sport amateur. Quelle est votre activité en parallèle ? Est-ce parfois difficile à concilier avec le sport de haut niveau ?

Je suis ingénieur en informatique. Je travaille à la RATP. J’ai la chance, car on n‘est pas nombreux dans ce cas, d’avoir une convention pour m’entraîner et participer aux compétitions et aux stages. Ça me permet de gérer les deux. Mais c’est vrai que ce n’est pas facile de trouver des conventions avec des entreprises pour mener les deux de front. J’ai toujours voulu m’assurer un avenir professionnel pour l’après escrime. Ça a toujours été ma priorité, mais je pense que ça aurait été très difficile de trouver une entreprise qui accepte sans le titre olympique. Ça m’a permis de me vendre un peu mieux et de décrocher cette convention !

Merci beaucoup Ulrich pour votre disponibilité !

Remerciements aussi à Cyrielle Vernat et Lucas Véron pour leur aide.

Crédit photos : A. Medichini (photo 2) et Reuters (photo 3)

La carrière d’Ulrich Robeiri en quelques lignes :

Pratiquant l’épée, Ulrich Robeiri se distingue dès 2003 en remportant la médaille de bronze en individuel aux Championnats du monde. C’est en équipe qu’il enrichit de façon impressionnante son palmarès : il devient cinq fois champion du monde par équipe avec des titres remportés en 2005, 2006, 2007, 2009 et 2010.

En 2008, il décroche le titre de champion olympique d’épée par équipe lors des JO de Pékin. Cette même année, il obtient également l’or par équipe lors des Championnats d’Europe.

Il remporte une deuxième médaille individuelle lors des Championnats d’Europe 2009, où il prend l’argent. Actuellement âgé de 29 ans, Ulrich Robeiri n’a pas pu se qualifier pour les JO de Londres en individuel, l’épreuve par équipe n’étant elle pas au programme.

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