Interview de Vincent Anstett

(escrime)

Place Ă  l’escrime cette semaine avec l’interview de Vincent Anstett. Champion du monde de sabre par Ă©quipe en 2006, il a Ă©galement Ă©tĂ© remplaçant de l’Ă©quipe de France championne olympique Ă  PĂ©kin en 2008. Il vise dĂ©sormais la qualification aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Vincent, tu es devenu champion du monde de sabre par équipe en 2006. Considères-tu que c’est le meilleur souvenir de ta carrière à ce jour ?

C’est effectivement un de mes meilleurs souvenirs car c’était mon premier titre. Parmi les trois moments forts que je retiens dans ma carrière, il y a aussi quand on avait terminés troisième des Championnats du monde l’année précédente car c’était ma première médaille internationale en senior. Enfin, j’avais fini deuxième des Championnats du monde cadets : c’était ma première médaille individuelle internationale et c’est ça qui a un peu lancé toute ma carrière derrière.

Tu as été sélectionné aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 en tant que remplaçant et la France est devenue championne olympique par équipe, sans que tu ne puisses malheureusement prendre part à la compétition. Ce rôle de remplaçant a-t-il été difficile à gérer pour toi à l’époque ?

Oui, c’était très difficile. Déjà, j’étais dans les vingt meilleurs mondiaux en individuel et j’aurais donc pu potentiellement participer aux Jeux dans l’épreuve individuelle. Mais il y a des quotas et je n’avais pas réussi à décrocher ma place pour cette épreuve. C’était une déception.

Ensuite, le fait de ne pas pouvoir entrer lors de l’épreuve par équipe et de ne pas recevoir la médaille était très frustrant parce qu’on avait la même équipe depuis quatre ans. On avait gagné les Championnats du monde ensemble. C’est particulier qu’il y ait une différence de règle entre les Championnats du monde et les Jeux Olympiques. Après, j’ai reçu un beau diplôme où le CIO me dit que je suis champion olympique mais cela n’a malheureusement pas la même résonnance.

C’est vrai que c’était un sentiment très partagé. J’étais évidemment très content que la France soit championne olympique : j’étais dans l’équipe et j’avais quand même participé. Mais j’étais déçu de ne pas monter sur le podium et de ne pas avoir de médaille.

Quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques de Pékin avec le recul ? Malgré ce statut de remplaçant, tu as pu profiter de la magie des Jeux ?

C’était un grand dépaysement. C’était la première fois que j’allais vraiment en Asie et donc en Chine. On a pu visiter la Grande Muraille et c’était impressionnant. On n’a pas pu visiter la Chine en tant que tel, c’était quand même assez verrouillé et fermé. Au niveau des Jeux, je m’attendais à un peu plus d’effervescence et à plus de supporters de différents pays présents. Comme c’était à Pékin, il y avait moins d’étrangers venus pour l’événement.

J’étais quand même concentré sur la compétition puisque je ne pouvais pas savoir avant si j’allais entrer ou pas. Je me préparais donc comme si j’allais participer. Comme je suis parti le lendemain matin de l’épreuve, j’ai très peu profité de l’ambiance olympique.

En 2014, tu as eu la particularité d’avoir été à la fois Directeur Marketing et Communication des Championnats d’Europe d’escrime et participant. Raconte-nous un peu cette expérience assez exceptionnelle ?

C’était vraiment de la folie. Une fois qu’on a fini ses études, il faut bien à un moment donné entrer dans le monde du travail. En effet, on n’est pas professionnel quand on fait de l’escrime. J’avais trouvé un premier job à la Fédération Française de Football. Au bout de deux ans, on m’a proposé de m’occuper de la partie Communication et Marketing des Championnats d’Europe d’escrime qui se déroulaient à Strasbourg, dont je suis originaire. Ça a été une aventure exceptionnelle et très intense de deux ans. Ça a été compliqué de jongler entre les entraînements à Paris, le boulot et les allers-retours à Strasbourg pour l’organisation. Ça a été très enrichissant mais je n’ai pas pu y participer à 100% de mes capacités sportives. En effet, j’étais encore en train d’essayer les pistes la veille pour l’organisation. C’était une aventure quasi unique et je ne pense pas que quelqu’un ait déjà fait ça dans le passé. C’était top comme expérience !

Ces Championnats d’Europe de Strasbourg étaient à domicile pour toi mais tu n’as pas pu remporter de médaille ni en individuel ni en équipe. Cela est-il la plus grosse déception de ta carrière ?

Non. La grosse déception de ma carrière est de ne pas avoir été qualifié aux Championnats du monde de Paris en 2010. C’était aussi en France et c’était un événement auquel j’aurais aimé participer.

A Strasbourg, je savais que j’étais outsider en individuel et cela aurait été un exploit de remporter une médaille. Par équipe, on était un peu dans le creux de la vague. On avait connu beaucoup de médailles entre 2005 et 2008 mais l’équipe a beaucoup changé à partir de 2009 et ça a été un peu plus dur de reproduire les mêmes performances. On n’était pas favoris et on a perdu de deux touches contre l’Italie, qui est arrivée en finale derrière et dont tous les athlètes sont mieux classés que nous au niveau individuel mondial.

Quels sont tes objectifs pour cette année 2015 ?

Les objectifs sont doubles car on commence la qualification olympique à partir d’avril. Elle sera essentiellement basée sur 2015 avec les Coupes du monde. L’objectif est de se qualifier pour les Jeux et ça passe par de bonnes performances aux Championnats d’Europe en juin et du monde en juillet.

On vient de gagner une épreuve par équipe à Varsovie et je pense qu’on a vraiment la capacité de remporter une médaille par équipe en grand championnat si on est tous à 100%. En individuel, l’objectif est de se rapprocher le plus possible des premières places pour marquer un maximum de points dans la course à la qualification. Aujourd’hui, je fais partie des potentiels médaillables mais je ne suis pas non plus dans les archi-favoris qui font des podiums toute l’année en Coupe du monde. Ce statut d’outsider me va bien pour essayer de bousculer un peu la hiérarchie !

Les Jeux Olympiques de Rio auront lieu l’année prochaine. Tu y penses tous les jours ?

Oui, cela fait plusieurs mois. Je me suis orienté vers une « professionnalisation » de ma pratique : je ne fais que de l’escrime et je suis concentré à 100% dessus depuis que l’organisation des Championnats d’Europe de Strasbourg est terminée. Même s’il ne faut pas trop y penser pour ne pas psychoter, il faut avoir l’objectif en tête et y aller étape par étape pour espérer être dans l’avion pour Rio !

Merci beaucoup Vincent et bonne chance pour la suite !

La carrière de Vincent Anstett en quelques lignes :

Pratiquant le sabre, Vincent Anstett décroche sa première médaille internationale en senior lors des Championnats du monde 2005 avec le bronze par équipe. Il devient champion du monde par équipe en 2006 et vice-champion du monde par équipe en 2007.

En 2008, il est sélectionné en tant que remplaçant pour les Jeux Olympiques de Pékin. La France devient championne olympique par équipe mais Vincent ne rentre pas durant la compétition. Il enrichit son palmarès par équipe aux Championnats d’Europe avec l’argent (2008) et le bronze (2009 et 2010).

Non sélectionné pour les Jeux Olympiques de Londres 2012, il poursuite sa carrière avec pour but une qualification aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Âgé de 32 ans, Vincent Anstett est actuellement classé 18e mondial.

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