Interview de Yannick Borel

(escrime)

SpĂ©cialiste de l’Ă©pĂ©e, Yannick Borel a atteint les quarts de finale des Jeux Olympiques de Londres en 2012, soit le meilleur rĂ©sultat de l’Equipe de France d’escrime. Pour les Jeux de Rio, dans un an, il cherchera Ă  faire encore mieux, c’est-Ă -dire monter sur le podium. Entretien.

Yannick, tu viens de gagner les Universiades de Gwangju, en Corée du Sud. Quels souvenirs gardes-tu de la précédente édition en 2013, au cours de laquelle tu avais été le porte-drapeau de la délégation française ?

Le premier souvenir qui me vient à l’esprit est quand on a gagné par équipe. J’étais le dernier relayeur et c’est donc moi qui ai mis la dernière touche. J’étais en plus porte-drapeau. Cela ne me mettait pas de pression, mais je m’imposais de ramener une médaille. Je désirais ramener la médaille en individuel mais j’ai raté. Je ne voulais pas passer à côté par équipe. Mon meilleur souvenir est la victoire par équipe !

Le mois dernier, tu as participé aux premiers Jeux Européens et tu as remporté le titre en épée par équipe avec la France. Remporter cette médaille pour cette première édition est une fierté particulière ?

J’ai raté ma compétition individuelle, ce qui m’embête. Avant cela, j’avais réalisé une bonne saison de Coupe du monde puisque j’avais terminé deuxième et premier en individuel. Pour les Jeux Européens, je suis content parce que j’ai réussi à me sélectionner, ce qui est déjà pas mal dans le groupe France actuel. Après, on savait qu’on pouvait ramener l’or. De par notre classement, on était directement qualifiés en demi-finale. On a fait ce qu’il fallait, on a assumé notre statut et on s’est rendu les matchs faciles. Je suis fier et heureux d’avoir remporté un nouveau titre. C’est un titre de plus à mon palmarès par équipe et ça fait toujours plaisir !

En mai, tu as aussi remporté l’épreuve de Coupe du monde de Rio de Janeiro. Cette victoire individuelle en Coupe du monde peut-elle être un déclic pour la suite ?

Je le pense vraiment. J’attendais cette victoire depuis longtemps. Je n’avais jamais gagné de Coupe du monde et je n’avais même jamais fait de finale avant janvier 2015. En mai, j’ai eu cette première victoire, à Rio, un an avant les Jeux… Ça me montre que je suis capable de remporter une compétition internationale comprenant les meilleurs étrangers, et que je suis capable de gagner à Rio. A moi de faire ce qu’il faut la saison prochaine pour montrer encore une fois que je suis capable de gagner. L’objectif est vraiment d’aller à Rio. Il va déjà falloir se qualifier. La concurrence est dure mais je vais tout donner pour rééditer cette performance. On va dire que je suis de retour, après une période assez compliquée. Je suis content de ce retour.

Revenons un peu en arrière : en 2012, tu as atteint les quarts de finale aux Jeux Olympiques de Londres. Avec le recul, tu es satisfait d’avoir atteint les quarts de finale ou tu as encore une grande déception de ne pas avoir atteint le podium ?

J’ai encore beaucoup de peine et de frustration quand je repense à cette compétition. C’était à ma portée et ça fait mal. J’estime aujourd’hui être à un meilleur niveau et être plus complet dans ce que je fais, notamment défensivement et tactiquement. Mais à l’époque, je pense que j’étais déjà capable de rivaliser avec les meilleurs. J’ai encore un goût amer quand je repense aux Jeux. Il n’y a pas de fierté à avoir atteint les quarts de finale : je suis revenu sans médaille et c’est tout ce qu’on retient !

De façon plus générale, qu’est-ce-qui t’a le plus marqué lors de ces Jeux Olympiques de Londres ?

Je pense que c’est la cérémonie d’ouverture. J’avais déjà participé à une cérémonie d’ouverture, lors des Universiades de Prague en 2009, et j’en avais gardé un très bon souvenir. Mais là, aux Jeux, c’était assez exceptionnel. La cérémonie d’ouverture et la flamme olympique étaient vraiment magnifiques. La salle d’escrime est aussi un bon souvenir : ce n’était pas une salle comme d’habitude en Coupe du monde, on sentait qu’on était aux Jeux Olympiques. C’était impressionnant !

L’épée par équipe n’était pas au programme des Jeux Olympiques de Londres alors que tu avais été champion du monde en 2011 et vice-champion du monde en 2012 avec la France. Cela te donne-t-il encore plus d’envie pour la compétition par équipe des JO 2016 ?

Oui ! C’est clairement un titre que j’espère beaucoup ! Je pense que tout sportif rêve d’une médaille olympique, et surtout de la médaille d’or. Si je pouvais faire le doublé individuel et par équipe, ce serait au-delà de mes rêves les plus fous ! Je fais de l’escrime pour réaliser mes rêves. On a une équipe très forte et on a vraiment tout ce qu’il faut pour gagner. Remporter les Jeux de Rio avec l’équipe de France est un de mes rêves ! Je les ai vus gagner ensemble en 2008 et c’était beau. Je veux connaître ça.

Certains sportifs parlent d’une période de blues après les Jeux Olympiques. As-tu aussi connu cela ?

Oui. Premièrement, parce que j’ai perdu en quarts de finale, et d’une seule touche. Deuxièmement, parce que l’Equipe de France d’escrime n’a ramené aucune médaille et on n’a donc même pas pu vivre la médaille à travers un autre. J’en ressors avec beaucoup d’amertume. Mais il faut passer à autre chose, et c’est ce que je suis en train de faire !

La course à la qualification aux Jeux Olympiques de Rio a déjà commencé. Comment la vis-tu ?

Comme je l’ai dit, c’est pour cela que je fais de l’escrime. Ce sont des moments uniques qu’on peut vivre seulement tous les quatre ans. Je pense que j’y penserai vraiment tous les jours à partir de septembre. J’ai déjà vécu les Jeux car je me suis qualifié en individuel en 2012. Je ne ferai pas partie de la qualification par équipe aux Championnats du monde et je souhaite à mes coéquipiers de les gagner parce que cela nous assurerait une qualification aux Jeux Olympiques. Après, ce sera à moi de faire partie de cette équipe pour perpétuer la tradition !

Merci beaucoup Yannick et bonne continuation !

La carrière de Yannick Borel en quelques lignes :

Pratiquant l’épée, Yannick Borel devient champion du monde et champion d’Europe par équipe en 2011 avec la France.

En 2012, il se qualifie pour les Jeux Olympiques de Londres en individuel (l’épreuve par équipe n’étant pas au programme cette année-là). Il atteint les quarts de finale, battu seulement 15-14. Cette même année, il est vice-champion du monde par équipe.

En 2015, il revient au sommet en remportant l’épreuve de Coupe du monde individuelle de Rio. Dans la foulée, il obtient l’or par équipe aux Jeux Européens de Bakou puis signe le doublé avec l’or en individuel et par équipe aux Universiades. Aujourd’hui âgé de 26 ans, Yannick Borel va tenter de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio 2016.

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