Interview d’Anthony Terras

(skeet)

Il y a dix ans, Anthony Terras décrochait la médaille de bronze des Jeux Olympiques de Pékin en skeet. Après quatre participations aux Jeux Olympiques, il espère décrocher une nouvelle médaille dans deux ans, aux Jeux Olympiques de Tokyo. Entretien.

Anthony, tu as remporté la médaille de bronze des Jeux Olympiques en skeet il y a 10 ans. Peux-tu tout d’abord nous présenter ta discipline, le skeet ?

En skeet, il y a deux cabanes espacées de 40 mètres et huit postes en arc de cercle autour de ces deux cabanes. Des plateaux partent en simple ou en simultané des deux cabanes opposées. On a le droit à une cartouche par plateau. Il y a un timing entre 0 et 3 secondes avant que le ou les plateaux soient propulsés. Les compétitions sont sur 125 plateaux et le but est d’en casser un maximum. Maintenant, les records sont très haut : 125 sur 125 !

Tu as remporté cette médaille des Jeux Olympiques de Pékin 2008 à la mort subite. Raconte-nous comment tu as vécu cette mort subite à l’époque ?

A l’époque, j’étais stressé. Mais j’avais 23 ans, alors j’étais un peu fougueux. Je ne me posais pas les questions que je me pose aujourd’hui. J’étais beaucoup plus dans le laissez-faire.

Une médaille Olympique est pour nous LA médaille suprême. Beaucoup de personnes ayant un très gros palmarès échangeraient bien leur palmarès contre une médaille olympique. Cette médaille, je l’ai à vie !

Cette médaille était-elle une belle surprise pour toi ou bien un objectif clair en arrivant aux Jeux Olympiques de Pékin ?

J’étais dans une période de montée en puissance. J’avais obtenu de bons résultats dans l’année et notamment des podiums en Coupe du monde. En restant modeste, c’était la suite logique de ce qui pouvait arriver. Mais dans ce sport, ça se joue tellement à rien !

Le tir est peu médiatisé en France. L’après-médaille Olympique a-t-il été difficile à gérer au niveau des sollicitations ?

Le premier mois, ça a été impressionnant ! J’étais invité partout ! Mais j’ai eu la chance d’avoir eu des personnes qui m’ont prévenu de ce qui allait se passer et m’ont expliqué que cette notoriété allait très vite partir. Je m’étais donc préparé à avoir une notoriété pendant un mois. Et en fait, j’étais content que ça se finisse parce que j’aime bien ma tranquillité. Je répondais aux sollicitations pour ma discipline, mais pas forcément pour moi. Je n’y trouvais pas vraiment d’intérêt pour ma personne.

Tu as en tout participé à quatre éditions des Jeux Olympiques : Athènes, Pékin, Londres et Rio. Quelle est l’édition qui t’a le plus marqué ?

Pékin ! Je suis resté quasiment un mois là-bas. J’ai fait la cérémonie d’ouverture et la cérémonie de clôture. Je suis allé voir d’autres sports et j’ai fait de belles connaissances. Au niveau de l’organisation et de l’architecture, ça a été pour moi les JO les plus beaux. Athènes, Londres et Rio n’étaient pas des JO très jolis au niveau des infrastructures.

Lors des Championnats du monde 2015, tu as égalé le record du monde mais finalement obtenu la médaille d’argent. Quel est le sentiment qui dominait : la joie d’un record du monde ou la déception d’être passé à côté d’un titre de champion du monde ?

C’était une grosse frustration d’avoir atteint la perfection et de ne pas avoir gagné. Après, j’ai quand même eu la joie d’avoir rapporté une médaille. Mais quand on réalise la perfection et qu’on ne gagne pas, le cerveau a du mal à l’accepter. On se dit : « que faut-il faire de plus que la perfection pour gagner ? ».

Tu évolues au plus haut niveau depuis de nombreuses années, puisque tu avais 19 ans lorsque tu as participé à tes premiers Jeux Olympiques, à Athènes en 2004. La motivation est-elle restée intacte toutes ces années ?

La motivation change. L’année prochaine, j’en serai à 20 ans d’équipe de France, sans aucune année d’arrêt. C’est fatiguant et épuisant. Le tout est de toujours retrouver des moteurs, et d’être entouré de personnes qui nous aident à se surpasser et à faire de belles choses !

Cette année, tu es devenu champion du monde par équipe mais tu n’as pas été qualifié en finale en individuel. Es-tu tout de même satisfait de ta saison 2018 ?

Pas du tout. On pratique un sport individuel et notre objectif est donc de faire des résultats en individuel. Prendre les scores de chacun en individuel et les assembler, ce n’est pas quelque chose qui me plaît. Quand on fait des compétitions mixtes, où on souffre ensemble avec notre partenaire, c’est différent. Je suis donc frustré de ne pas m’être qualifié en finale à un point près.

On imagine que ton objectif principal est les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ?

C’est le moteur pour les deux années qui arrivent. Le but est de faire des résultats et de gagner des compétitions avant d’y aller. Je ne veux pas aller à Tokyo pour dire que j’ai juste participé. Honnêtement, je préfère rester à la maison. J’ai déjà eu la chance de faire quatre Jeux Olympiques, donc ce n’est pas une cinquième participation qui va me changer la vie. Par contre, remporter une médaille, oui ! Pour cela, il faudra faire de belles choses avant pour monter en puissance et avoir de la confiance !

Merci beaucoup Anthony pour ta disponibilité et bonne chance pour la suite !

La carrière d’Anthony Terras en quelques lignes :

Spécialiste du skeet, Anthony Terras participe à ses premiers Jeux Olympiques à l’âge de 19 ans, à Athènes en 2004. Il y termine 8e. Il signe son premier podium en Coupe du monde en 2007 avec la 3e place à Saint-Domingue.

Il se distingue lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, en remportant la médaille de bronze. Il obtient cette médaille à la mort subite. En 2010, il devient vice-champion d’Europe. Il participe aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, terminant 17e.

Il devient ensuite deux fois vice-champion du monde, en 2014 et en 2015. Lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016, il prend la 8e place. Aujourd’hui âgé de 33 ans, Anthony Terras vise les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

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