ClĂ©ment Bessaguet est l’un des favoris du pistolet vitesse Ă 25 m aux prochains Jeux Olympiques. Vice-champion du monde et champion d’Europe en 2022, il vient de confirmer sa rĂ©gularitĂ© en remportant il y a quelques jours les Jeux EuropĂ©ens. De quoi nourrir de grandes ambitions Ă un an des JO de Paris.
Clément, vous avez participé à vos premiers Jeux Olympiques à Tokyo en 2021, et vous avez terminé en tête du premier jour des qualifications. Comment avez-vous vécu cette première journée ?
Tout s’est bien goupillé ce jour-là et j’ai ainsi réalisé un gros score. J’étais très content car j’avais réussi à mettre en place tout ce que j’avais travaillé auparavant. Mais peu m’importait de finir premier, deuxième, troisième ou quatrième de ce premier jour. Cela ne changeait pas grand-chose. En effet, un match se joue toujours en deux parties, sur deux jours. Le but était d’être dans les six premiers au total des matches des deux jours, afin de se qualifier en finale.
Malheureusement, vous avez échoué de très peu aux portes de la finale, et vous avez terminé septième de la compétition. On imagine que cela a été difficile à digérer ?
Oui. A chaud, ça a été très dur. Le pire, c’est que j’étais à égalité avec le sixième. Si j’avais été loin, cela aurait été « sans regret ». Mais là , j’étais tellement proche ! Cela s’est joué à rien (les deux tireurs ont été départagés au nombre de « mouches », le nombre de tirs au centre de la cible, ndlr). En plus, quand tu es en finale, tu as une chance sur deux d’avoir une médaille… J’étais donc à la fois très près de la médaille, en étant à égalité avec le sixième qui était lui qualifié en finale, et à la fois loin car je n’ai pas accédé à la finale !
Avez-vous ressenti la magie Olympique à Tokyo malgré le contexte du covid-19 ?
Oui, c’étaient quand même des Jeux Olympiques ! Cela me faisait un peu penser aux Jeux Européens, auxquels j’avais participé en 2019. Mais il n’y avait pas de spectateurs à Tokyo à cause de l’épidémie de covid-19. Ce n’étaient donc pas des grands Jeux Olympiques comme je me l’imaginais, même s’il y avait quand même le Village Olympique ! En tout cas, j’étais content qu’ils aient lieu et que j’y sois !
« J’ai clairement passé un cap »
En 2022, vous êtes devenu vice-champion du monde. On imagine que cela a été une grosse satisfaction ?
J’avais gagné un mois plus tôt les Championnats d’Europe, et par conséquent mon quota Olympique pour les JO de Paris. J’étais dans une bonne dynamique. J’avais confiance dans ce que je faisais et ça marchait aussi très bien à l’entraînement. Je voulais confirmer et gagner ces Championnats du monde. Finalement, j’ai eu quelques regrets car j’ai eu la sensation d’avoir un peu donné la médaille d’or. J’ai fait des petites erreurs qui m’ont coûté le titre. J’étais donc un peu déçu, mais une deuxième place reste un gros résultat !
Vous avez été vice-champion du monde et champion d’Europe en 2022, et vous avez signé quatre podiums de Coupe du monde sur quatre possibles en 2023. Sentez-vous que vous avez passé un cap ?
Oui, j’ai clairement passé un cap. C’est en très grande partie lié au fait que je suis désormais détaché à 100%. J’appartiens à l’équipe de France Douanes et je n’ai plus le métier que j’avais auparavant à côté du tir. Je peux maintenant m’entraîner tous les jours et je n’ai plus la fatigue liée à mon travail. Je suis donc beaucoup plus régulier.
Vous vous entraînez avec Jean Quiquampoix, champion Olympique à Tokyo en 2021. S’entraîner tous les jours avec un concurrent direct est-il parfois difficile à gérer, ou bien ce n’est que du positif ?
Ce n’est que du positif. Lui comme moi, on sait qu’on s’entraîne avec l’un des meilleurs mondiaux. Cela nous pousse à progresser. Si je m’entraînais avec quelqu’un clairement en-dessous de mon niveau, je progresserais moins. Un jour, Jean gagne l’entraînement, l’autre jour, c’est moi. On se tire la bourre constamment. Comme on est tous les deux des battants, on essaie chaque jour de gagner les matchs. C’est une chance folle qu’on puisse s’entraîner ensemble !
« Je veux gagner les Jeux Olympiques ! »
Vous avez déjà remporté un quota pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 grâce à votre titre de champion d’Europe en septembre 2022. Qu’est-ce-que ça change pour vous ?
En fait, on gagne le quota pour son pays mais il n’est pas nominatif. Même s’il n’était pas officiellement le mien, dans ma tête, j’avais gagné le quota donc j’allais aux Jeux. Il fallait cependant que je le valide en remportant une médaille derrière. Comme j’ai enchaîné plusieurs podiums de suite, c’est bon ! Mon but était vraiment de le gagner le plus tôt possible. Depuis septembre, je m’entraîne pour être le meilleur aux Jeux.
Comment vous préparez-vous pour les grandes compétitions ?
Cela passe par l’entraînement. Avec Jean, on fait beaucoup de matches et de finales à l’entraînement. On n’a jamais le même stress qu’en compétition, mais on essaie de s’en rapprocher. Avant les compétitions, je fais aussi un peu de fractionné juste avant mon tir. Ça permet de me faire tirer avec le cœur qui bat assez vite et cela se rapproche de que je ressens en compétition. On essaie donc de recréer à l’entraînement plein de détails pour s’habituer à tirer sous la pression et le stress. Chaque compétition permet aussi de prendre de l’expérience et on arrive de mieux en mieux à gérer les émotions.
Les épreuves de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 auront finalement lieu à Châteauroux. Comment vivez-vous ce changement de programme ?
Sur le coup, c’était une déception car on pensait être sur Paris au Village Olympique. On était un peu tristes car on ne connaîtra pas dans la ferveur et l’ambiance de Paris. C’est dommage de ne pas vivre les Jeux de l’intérieur. Mais cela reste des Jeux Olympiques. On n’y va pas pour faire la fête. On connaît très bien le centre de Châteauroux. Dans tous les cas, je veux gagner les Jeux Olympiques !
Merci beaucoup Clément et bonne chance pour les JO de Paris !
La carrière de Clément Bessaguet en quelques lignes :
Spécialiste du pistolet vitesse à 25 m, Clément Bessaguet obtient la médaille de bronze des Universiades en 2013. Il monte sur son premier podium de Coupe du monde en 2017 (2e à Gabala) et remporte sa première épreuve en 2018 (à Guadalajara). Lors des Championnats du monde 2018, il termine 10e en individuel.
Il décroche la médaille de bronze des Jeux Européens en 2019. En 2021, il se classe 7e des Jeux Olympiques de Tokyo, après avoir été premier de la première journée de qualifications. Il obtient le bronze des Championnats d’Europe 2021.
En 2022, il devient vice-champion du monde et champion d’Europe. En 2023, il remporte les Jeux Européens, la Coupe du monde de Lima et signe trois autres podiums de Coupe du monde. Aujourd’hui âgé de 32 ans, Clément Bessaguet vise les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Participation aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020
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