Interview de Margaux Farrell

(natation)

A l’occasion des Jeux Olympiques de Rio, nous avons interviewĂ© l’une des Françaises qui a brillĂ© il y a quatre ans Ă  Londres : Margaux Farrell. La nageuse avait remportĂ© le bronze en relais 4×200 m nage libre. Elle nous explique comment elle a vĂ©cu cette mĂ©daille et nous donne de ses nouvelles.

Margaux, tu as remportĂ© la mĂ©daille de bronze du relais 4×200 m nage libre lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. A l’époque, Ă  quel moment as-tu pris conscience que la France pouvait remporter une mĂ©daille lors de ce relais ?

Lorsque je me suis qualifiée en mars, des gens disaient que le relais était fort et pouvait remporter une médaille. Ça m’avait donc donné l’idée. Lors des JO, j’essayais de ne pas y penser. Quand on a nagé le matin et qu’on a vu qu’on était cinquième, on s’est dit que le podium n’était pas bien loin. C’est donc lorsque je me suis qualifiée et ensuite le jour même de l’épreuve.

Lors de ces Jeux Olympiques de Londres, tu as nagé les séries du relais mais tu as laissé ta place lors de la finale. Raconte-nous comment tu as vécu cette finale ?

Bien sûr, j’aurais aimé nager la finale du relais. Mais quand tu fais un relais, ce n’est pas juste pour toi : c’est pour ton équipe et ton pays. Quand tu n’es pas la plus rapide le matin, on met une fille qui est plus rapide le soir. Et c’est bien aussi de mettre en finale deux filles qui n’ont pas nagé les séries car elles vont être moins fatiguées. J’étais un peu déçue mais c’était mieux pour l’équipe. J’étais contente d’avoir nagé aux Jeux !

Le soir, j’étais au bord du bassin avec l’équipe de France. Mylène (Mylène Lazare, une autre relayeuse, ndlr), qui n’a pas non plus nagé le soir, n’était pas très loin de moi. Normalement, j’aime bien parler. Mais je n’ai pas parlé quand j’ai regardé la course et même pendant 45 minutes après la fin de la course. Mylène pleurait, certains criaient ou dansaient, mais je ne pouvais pas parler. Je n’en revenais pas : j’allais rentrer avec une médaille le soir !

Mis à part ta propre compétition, qu’est-ce-qui t’a le plus marquée lors de ces Jeux Olympiques de Londres ?

J’ai vraiment adoré voir les Spice Girls lors de la cérémonie de clôture ! Je suis une énorme fan. J’adorais ce groupe quand j’étais petite. Tout le monde m’a entendue crier pendant le spectacle !

A l’époque, tu étudiais et t’entraînais aux Etats-Unis. Cela était-il du coup compliqué pour préparer le relais avec l’équipe de France ?

Il y a plein de nageurs français et d’autres pays qui étudiaient aux Etats-Unis car le programme des universités y permet aux athlètes d’aller à l’école et aussi de pratiquer leur sport, ce qui est compliqué en France. Comme Clément Lefert, je voulais faire mes études et aussi nager. Tous les ans, je rentrais pour les Championnats de France.

Depuis que je suis née, mon frère et moi allaient chez ma grand-mère tous les été. A partir de 14 ans, j’ai commencé à m’entraîner en France durant l’été et à faire des compétitions avec l’équipe d’Antibes. L’année des JO, je suis rentrée en France au mois de juin et je m’entraînais avec Coralie (Coralie Balmy, ndlr). On a aussi eu une réunion avec toute l’équipe de France. Ce n’était donc pas tellement difficile parce que tout le monde fait ce qu’il a à faire durant l’année !

Après les Jeux Olympiques de Londres, tu as dĂ©cidĂ© de mettre un terme Ă  ta carrière alors que tu n’avais que 22 ans. Peux-nous nous expliquer ta dĂ©cision ?

J’ai arrêté pendant 14 mois. Je me suis fait opérée de la hanche. Après m’être qualifiée pour les JO au mois de mars, j’avais mal mais on ne savait pas ce que c’était. Je n’en avais pas fait un drame parce que je ne voulais pas être enlevée du relais. Je me faisais soigner du mieux possible. Un an plus tard, en mars 2013, on a su que j’avais déchiré ma hanche. J’avais nagé malgré ça ! J’ai donc arrêté. C’était entre mon Bachelor et mon Master. J’ai arrêté un peu pour me faire opérer, respirer un peu et prendre des vacances.

As-tu à un moment envisagé de reprendre l’entraînement à haut niveau ?

Au dĂ©but, je pensais que j’allais arrĂŞter de nager. Après avoir su mon problème Ă  la hanche, je me suis demandĂ© si j’étais capable de nager plus vite qu’en 2012. Je me suis posĂ©e des questions. J’ai essayĂ© de m’entraĂ®ner de nouveau Ă  l’UniversitĂ© du Sud de la Californie car l’entraĂ®neur y a entraĂ®nĂ© de nombreux nageurs de haut niveau. Mais je n’ai jamais vraiment retrouvĂ© la mĂŞme passion. Ce n’était plus vraiment pareil. Mais j’ai alors plus apprĂ©ciĂ© le sport. Et ça, ça me manquait quand j’ai fini aux JO : j’en avais assez de nager, je n’en pouvais plus, j’avais mal partout. J’étais très contente d’être allĂ©e aux Jeux et d’y avoir remportĂ© une mĂ©daille mais je n’en pouvais plus. Je n’ai donc pas vraiment repris pour la compĂ©tition, mais plus pour rĂ©apprĂ©cier le sport.

En ce moment ont lieu les Jeux Olympiques de Rio. Es-tu une spectatrice attentive des épreuves de natation ?

Pour être honnête, non, pas vraiment. J’ai regardé quelques courses, par exemple quand j’étais à la gym. Je regarde sur Facebook et je suis bien sûr les résultats de mes amis. Mais c’est un peu difficile. Quand je regarde, ça me manque. Quatre ans ont passé, c’est une autre génération. Ça me fait un peu mal au cœur de voir que c’est un chapitre de ma vie qui est terminé ! C’est un souvenir très fort. Je ne regarde donc pas tout, mais j’ai envie de voir mes amis !

Tu es désormais présentatrice à la télévision sur une chaîne au Texas. Tes collègues connaissent-ils ton passé de sportive de haut niveau ?

Oui, certains connaissent. Mais je n’en parle pas de moi-même. C’est écrit sur ma petite biographie sur Twitter et j’écris des posts, donc certains me posent des questions en voyant ça. Dans le journal de ma petite ville, il y avait aussi un papier sur moi et sur les Jeux. Certains voient ça et me posent des questions. Ça me fait plaisir parce que ça me rappelle des souvenirs.

Considères-tu que ton expérience de nageuse de haut niveau t’aide pour ton nouveau travail de présentatrice à la télévision ?

Oui, bien sûr. Je pense que la natation et le sport en général donnent une mentalité différente. Quand je suis au travail, je vois que les athlètes ont quelque chose de différent. Quand j’étais à l’université, je m’entraînais pendant six heures et je devais encore faire mes devoirs, voir mes amis et parler avec ma famille. Je devais donc être très organisée et très motivée !

Désormais, je vais au bureau à 3h du matin. Je dois donc être organisée et avoir une certaine mentalité pour me coucher de bonne heure et me lever aussi tôt le matin. Je pense que mon passé de nageuse m’a appris à être comme cela et à le faire plus facilement que certaines personnes.

Merci beaucoup Margaux et bonne chance pour la suite !

La carrière de Margaux Farrell en quelques lignes :

Margaux Farrell est spĂ©cialiste du 200 m nage libre. Elle remporte sa première mĂ©daille internationale en 2010 lors des Championnats d’Europe, avec l’argent en relais 4×200 m nage libre.

En 2012, elle est sĂ©lectionnĂ©e pour les Jeux Olympiques de Londres pour le relais 4×200 m nage libre. Elle y nage les sĂ©ries. Lors de la finale, ses coĂ©quipières (Camille Muffat, Charlotte Bonnet, OphĂ©lie-Cyrielle Etienne et Coralie Balmy) terminent Ă  la 3e place, ce qui permet Ă  Margaux d’obtenir la mĂ©daille de bronze Olympique.

Après les Jeux Olympiques de Londres, elle décide de mettre un terme à sa carrière, à l’âge de 22 ans. Elle est désormais présentatrice à la télévision américaine.

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