Interview de MĂ©lina Robert-Michon

(athlétisme)

Avec trois participations aux Jeux Olympiques, MĂ©lina Robert-Michon est depuis de nombreuses annĂ©es la rĂ©fĂ©rence du lancer du disque en France. Huitième aux JO de PĂ©kin en 2008 et aux Championnats du monde en 2009, elle a ensuite eu un enfant. Elle reprend dĂ©sormais l’entraĂ®nement dans la perspective des Jeux de Londres.

Mélina, tu as participé à tes premiers Jeux Olympiques en 2000 à Sydney, alors que tu n’avais encore que 21 ans. Considères-tu que ces JO ont agi comme un déclic dans ta carrière ?

« Oui. Ca m’a fait prendre conscience de ce qu’était vraiment le haut niveau et du chemin à parcourir pour faire partie des finalistes (les douze premières). J’avais eu la chance de participer aux Championnats d’Europe un peu auparavant, mais je n’avais pas encore fait de Championnats du monde chez les seniors. C’est vrai que ça a été un peu un choc de me retrouver directement aux Jeux. C’est une autre dimension. On est presque dans un autre monde pendant quinze jours ! Ca a donc été un petit choc parce que je ne pensais pas que cela pouvait être aussi énorme, et aussi une motivation pour la suite, avec la volonté d’y retourner et de faire des performances sur de telles compétitions ! »

Tu as ensuite participé aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 et de Pékin en 2008. Des trois éditions des JO auxquelles tu as participé, quelle est celle dont tu gardes le meilleur souvenir ?

« Il y a Sydney, parce que c’étaient mes premiers. Quatre ans auparavant, je regardais les JO d’Atlanta à la télévision et je n’aurais jamais pensé que je participerais aux suivants ! Et puis il y a Pékin, parce que j’y ai fait des bonnes performances. Ces deux éditions ont une saveur un peu particulière, pour des raisons différentes ! »

Ta dernière grande compétition en date a eu lieu aux Championnats du monde de Berlin en 2009, où tu as terminé huitième. Quel regard portes-tu sur cette performance ?

« Sur le coup, c’était plus une déception. J’avais déjà terminé huitième à Pékin et je voulais essayer de faire mieux. En plus, ça s’est joué à pas grand chose et il y avait des places à prendre devant. Mais après, avec un peu de recul, je me suis rendue compte qu’enchaîner deux fois une place de finaliste sur deux grands championnats comme ceux-là, ce n’est pas non plus chose facile ! »

La concurrence en France pour le lancer du disque est assez faible. Penses-tu que cela a été un handicap dans ta carrière ?

« Au tout début, il y avait encore Isabelle Devaluez qui concourrait. Mais après, je pense que ça m’a fait perdre un peu de temps. J’étais entre deux niveaux : il n’y avait pas assez de niveau en France et j’étais encore un peu loin du niveau pour entrer dans les meetings internationaux. Ce n’était donc pas évident d’avoir des compétitions avec de la bagarre : en France, c’était trop facile, et à l’étranger, j’étais un peu trop loin des meilleures. Du coup, ce n’était pas évident de franchir le cap. Mais après, dès que j’ai pu entrer sur les compétitions à l’étranger, j’ai progressé. C’est sûr que si j’avais eu de la concurrence en France, cela aurait été plus simple ! »

Le disque féminin souffre d’une faible exposition et d’une image mitigée. N’est ce pas frustrant pour toi ?

« Oui et non. Je me dis qu’il fait faire des résultats pour mettre en avant la discipline. Mais en même temps, prenons l’exemple des Championnats du monde de Berlin : je ne crois pas qu’il y ait eu d’autres finalistes chez les filles à part Antoinette Nana Djimou en heptathlon et moi, et on n’en a presque pas parlé. C’étaient pourtant des belles performances ! C’est donc parfois un peu frustrant, mais je ne recherche pas spécialement les projecteurs ! »

Tu as accouché d’une petite fille en août dernier. Le retour à l’entraînement n’a pas été trop difficile ? Comment se sont passés ces premiers mois ?

« Ca a été un petit peu dur, mais je m’étais préparée à ce que ce le soit, donc je trouve finalement que cela aurait pu être pire que cela. Ca m’a permis de souffler, de voir un peu autre chose, de prendre un peu de recul et de revenir avec beaucoup d’envie. Je pense donc que cela a vraiment été bénéfique.

Le retour se passe plutôt bien. Je pense que je pourrais faire un premier bilan après mes premières compétitions, mais j’ai été agréablement surprise pour l’instant. Techniquement, j’avais peur d’avoir perdu parce que le lancer est la première chose que j’ai arrêtée (par rapport aux tensions qu’il pouvait y avoir). Or, c’est finalement assez bien revenu. Physiquement, je me suis bien entretenue pratiquement jusqu’au huitième mois, et j’ai repris deux mois après l’accouchement. Forcément, je suis un peu repartie de loin, mais je pensais que cela serait pire que cela. Je pense que l’expérience que j’ai pu acquérir a aidé aussi. Tout se remet en place petit à petit et je reprends mon rythme tranquillement ! »

Quels sont tes prochains grands objectifs ? Les JO de Londres sont-ils l’objectif déterminant ?

« J’ai fait une pause à ce moment-là parce que je pensais aux Jeux de Londres, et le but était de bien pouvoir revenir pour cette compétition. Concernant les autres objectifs, je souhaiterais faire les Championnats de France hiver ainsi que les Championnats d’Europe hiver, qui ont lieu début mars. C’est un moyen de reprendre contact avec la compétition et le niveau international, de voir un peu où j’en suis et de faire le bilan de mon retour.

Après, ce sera j’espère les Championnats du monde de cet été. Cela dépendra de comment cela se passe. L’objectif terminal, c’est vraiment les Jeux de Londres. J’ai envie de faire mieux que ce que j’ai fait à Pékin, et c’est vraiment ça qui me motive depuis. »

Merci beaucoup MĂ©lina et bonne chance pour cette nouvelle saison !

La carrière de Mélina Robert-Michon en quelques lignes :

Spécialiste du lancer du disque, Mélina Robert-Michon devient vice-championne du monde junior en 1998. Dès l’an 2000, elle participe aux Jeux Olympiques de Sydney, où elle est éliminée en qualifications. L’année suivante, elle remporte le titre de championne d’Europe espoirs.

Elle devient très rapidement la référence de sa discipline en France (multiple championne de France, elle détient encore actuellement le record de France). Lors des Championnats du monde 2003 disputés à Paris, elle prend la 11e place. Un an plus tard, elle participe de nouveau aux Jeux Olympiques, à Athènes (élimination en qualifications). En 2007, elle est 11e des Championnats du monde d’Osaka.

En 2008, elle se classe 8e du concours lors des Jeux Olympiques de Pékin. L’année suivante, elle termine de nouveau 8e lors des Championnats du monde de Berlin. Après avoir mis sa carrière entre parenthèses quelques mois pour donner naissance à une petite fille, Mélina Robert-Michon a repris l’entraînement avec pour ambition les Jeux Olympiques de Londres, en 2012.

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