A moins de trois mois de la Coupe du monde de football fĂ©minin, la capitaine de l’Ă©quipe de France Sandrine Soubeyrand a acceptĂ© de nous rencontrer. Elle dĂ©tient le record de sĂ©lections avec les Bleues et a dĂ©jĂ Ă©tĂ© deux fois championne de France avec son club de Juvisy.
Sandrine, vous avez remporté plusieurs trophées avec Juvisy : le Championnat de France en 2003 et en 2006, le Challenge de France en 2005 ainsi que l’oscar de meilleure joueuse de D1 en 2003. Quel est le trophée qui vous a procuré le plus d’émotion ?
C’est le premier titre en 2003. Ca faisait trois ans que j’étais au club, trois ans qu’on finissait premières du championnat régulier et qu’à chaque fois, on perdait aux playoffs. C’est toujours important quand on ouvre son palmarès. Après, les autres titres ont une saveur différente.
Vous jouez depuis plus de dix ans au sein du club de Juvisy. Comment expliquez-vous une telle fidélité ? N’avez-vous jamais eu envie de changer de club ?
Non, je n’ai jamais eu envie de changer de club parce que c’est le club qui me permettait d’une, de travailler, et de deux, d’y associer des performances collectives en haut du classement. On jouait toujours le haut de tableau, donc pourquoi aller voir ailleurs ? C’est un des meilleurs clubs du championnat. Même si cette année c’est un peu moins bien, on voit que c’est serré et que ça se joue sur pas grand chose.
Le club de Juvisy est chaque année dans le haut du classement mais a une structure qui est encore amateur. N’est-ce pas frustrant de ne pas pouvoir lutter à armes égales avec un club professionnel comme Lyon ?
A long terme, à mon avis, si le championnat perdure comme ça, cela sera inintéressant parce que les joueuses de Lyon sont championnes cinq ou six journées avant la fin. Il faut que la Fédération se penche rapidement sur la question si elle veut un championnat plus attrayant. Le PSG et Montpellier sont dans une structure professionnelle mais elles n’ont aucune condition identique à celles de Lyon. Je pense donc qu’il faudra à un moment donné que la Fédération se penche sur le problème !
Vous êtes la détentrice du record du nombre de sélections en équipe de France, hommes et femmes confondus. Accordez-vous une importance particulière à ce record ?
Non. On dit souvent que c’est important mais moi, ça m’est égal. A partir du moment où mes performances sportives répondent aux attentes du sélectionneur, je joue. J’ai la chance de pouvoir encore être compétitive, on verra après par la suite !
En 2003, vous avez participé à la Coupe du monde. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était historique. Mais en même temps, c’était aussi historique parce qu’il y avait la grippe aviaire : la Coupe du monde devait se passer en Chine et elle s’est finalement passée aux Etats-Unis. La compétition a été organisée rapidement et la vente de billet, par rapport à celle qui avait eu lieu en 1999 aux Etats-Unis, a été très brève. Du coup, on nous promettait en Chine de nombreux spectateurs, et à la sortie on a joué dans des stades gigantesques mais avec très peu de monde. Aussi bien sur le plan de la performance sportive que sur l’ambiance, j’étais donc un petit peu déçue.
Mais vivre une Coupe du monde, ce n’est pas donné à chaque personne. J’en ai déjà vécu une. Je ne sais pas si je vais vivre la deuxième, on verra. Je pense qu’en termes d’ambitions sportives, c’est ce qui se fait de mieux après les Jeux Olympiques. Ca reste donc quand même un gros événement !
En 2009, lors du dernier Euro, la France a été éliminée par les Pays-Bas aux tirs aux buts en quarts de finale. Est-ce le plus gros regret de votre carrière ?
Le plus gros, oui, je pense. On avait tout pour aller encore plus loin. Il nous a manqué un petit peu de réussite et on n’avait pas tout à fait l’expérience : on n’était jamais sorti de la poule donc ça nous a un peu manqué. Je dirais qu’on avait un petit peur de s’engager à fond dans le match. Avec le recul, c’était un super événement et ça reste un bon souvenir. Mais en même temps, je pense qu’on avait les moyens d’aller jusqu’à la finale.
L’équipe de France s’est qualifiée pour la Coupe du monde qui se disputera l’été prochain en Allemagne. Quels y seront les objectifs de la sélection ?
L’objectif, c’est de sortir de la poule. Et puis après, il n’y a plus de barrière : il faut aller le plus loin possible. Il ne s’agit pas juste de participer. Je pense qu’on a réellement des chances et des qualités pour sortir de la poule. On sait qu’une compétition n’est pas écrite d’avance : c’est à nous de l’écrire !
Merci beaucoup Sandrine pour votre disponibilité et bonne fin de saison !
Remerciements Ă©galement Ă Jean Besse.
Crédit photos : fff.fr
La carrière de Sandrine Soubeyrand en quelques lignes :
Evoluant au poste de milieu de terrain, Sandrine Soubeyrand débute sa carrière à Caluire. En avril 1997, elle joue son premier match en équipe de France puis est sélectionnée peu après à son premier Championnat d’Europe.
En 2000, elle rejoint le club de Juvisy, club qu’elle n’a depuis pas quitté. Elle y devient championne de France en 2003 et en 2006, et remporte le Challenge de France en 2005 ainsi que l’oscar de la meilleure joueuse de D1 en 2003. Elle a également disputé plusieurs fois la Ligue des Champions, notamment cette année avec une élimination en quarts de finale.
Sandrine Soubeyrand est une figure emblématique de l’équipe de France féminine. Elle a participé à la Coupe du monde en 2003 ainsi qu’à 4 Championnats d’Europe (en 1997, 2001, 2005 et 2009). A 37 ans, elle est avec 150 capes l’actuelle recordwoman du nombre de sélections en équipe de France (hommes et femmes confondus). Elle est aussi la capitaine de l’équipe de France féminine, qui disputera l’été prochain la Coupe du monde en Allemagne.
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