Interview d’Amandine Leynaud
(handball)

Championne Olympique en 2021, vice-championne Olympique en 2016, championne du monde en 2017, championne d’Europe en 2018 : Amandine Leynaud a tout gagnĂ© avec l’Ă©quipe de France. Nous avons rencontrĂ© l’ancienne gardienne emblĂ©matique des Bleues, dĂ©sormais dans le staff de l’Ă©quipe de France.

Amandine, vous ĂŞtes devenue championne Olympique lors des Jeux de Tokyo en 2021. Dans quel Ă©tat d’esprit Ă©tiez-vous et quels Ă©taient vos objectifs en arrivant Ă  Tokyo ?

Quand on est sportif de haut-niveau, l’objectif est toujours d’aller le plus loin possible. J’ai eu quasiment 20 ans de carrière en Ă©quipe de France et j’étais donc objective : je savais qu’on avait une Ă©quipe ayant le potentiel pour remporter les Jeux Olympiques. Mais cela reste du sport de haut-niveau et tout Ă©tait possible sur chaque match. J’avais annoncĂ© qu’il s’agissait de ma dernière compĂ©tition internationale. Dans un coin de ma tĂŞte, j’avais forcĂ©ment le rĂŞve de gagner les Jeux Olympiques !

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vĂ©cu cette finale Olympique de l’intĂ©rieur ?

On en a peu parlĂ© mais pendant la première mi-temps de cette finale, je suis passĂ©e Ă  travers le panneau publicitaire (en sauvant un long ballon qui allait vers son but, elle a fini dans le panneau derrière la ligne de but, ndlr). Je me suis fait très mal. J’ai essayĂ© de continuer Ă  jouer. Mais Ă  la mi-temps, j’ai annoncĂ© Ă  ma coĂ©quipière ClĂ©opâtre Darleux que je ne pouvais pas continuer car j’avais trop mal. Mon genou avait triplĂ© de volume !

On a rĂ©alisĂ© bien avant la fin du match qu’on allait ĂŞtre championnes Olympiques. On savait que logiquement, c’était fini et que les Russes ne reviendraient pas. C’était assez incroyable comme sensation !

« Pendant la première mi-temps de cette finale, je suis passée à travers le panneau publicitaire »

A Tokyo, vous avez dĂ©crochĂ© le dernier titre qui vous manquait mais dans des salles vides Ă  cause de la pandĂ©mie de covid-19. L’émotion a-t-elle Ă©tĂ© aussi intense que pour un titre dans une salle pleine ?

Je n’ai jamais gagnĂ© les Jeux Olympiques avec du monde dans les tribunes. La seule comparaison que je puisse avoir, c’est quand on a Ă©tĂ© championnes du monde en Allemagne avec beaucoup de supporters NorvĂ©giens dans la salle. Quand tu fais 20 ans de sacrifices et des mois de prĂ©paration, la joie reste intense ! Le manque de public Ă  Tokyo n’a pas enlevĂ© les Ă©motions.

Lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, vous avez participĂ© au match incroyable contre l’Espagne en quart-de-finale, oĂą la France s’est qualifiĂ©e après avoir Ă©tĂ© menĂ©e de sept buts. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez rĂ©ussi cette remontĂ©e ?

A la mi-temps, on s’est dit que tout était possible dans le handball. Il y avait cette envie. On savait qu’on avait la compétence dans l’équipe et qu’on pouvait le faire. Après, il y a une différence entre le dire et le faire.

Cela a Ă©tĂ© un match et un ressenti incroyables. Quand tu fais ce genre de performance, tu veux rester Ă  un niveau de jeu Ă©levĂ©. Depuis ce match, l’équipe de France a quasiment toujours remportĂ© une mĂ©daille !

Vous ĂŞtes devenue vice-championne Olympique Ă  Rio. A l’époque, cette mĂ©daille d’argent Ă©tait-elle une grande satisfaction ou une dĂ©ception d’être passĂ© près du titre Olympique ?

Ma première réaction était d’être insatisfaite. Je n’étais pas heureuse. Cela faisait un long moment que j’évoluais en équipe de France. Certaines jeunes qui venaient d’arriver étaient très heureuses de remporter cette médaille d’argent. Le collectif était très bon, entre les jeunes et les anciennes. La construction de l’équipe à long terme a permis de remporter ensuite la médaille d’or aux Jeux de Tokyo.

« Un bon joueur ne fait pas forcément un bon entraîneur »

Vous avez participĂ© aux Jeux Olympiques de PĂ©kin 2008, Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo en 2021. Quelle est l’édition qui vous a le plus marquĂ©e ?

Elles m’ont toutes marquĂ©es ! A PĂ©kin, j’étais jeune et c’était la dĂ©couverte des JO. A Londres, on jouait très bien mais on a Ă©chouĂ© en quarts-de-finale. Chaque histoire est diffĂ©rente. C’est difficile de choisir, mais je dirais quand mĂŞme les Jeux de Tokyo car je finissais ma carrière et qu’on est devenues championnes Olympiques !

Vous avez Ă©tĂ© championne du monde en 2017, championne d’Europe en 2018, championne Olympique en 2021, vice-championne Olympique 2016 et vice-championne du monde 2009 et 2011. Quelle mĂ©daille a Ă©tĂ© la plus difficile Ă  remporter ?

Pour moi, c’était le premier titre, lors du Championnat du monde 2017. J’ai mis douze ans à le gagner et ça n’avait pas de prix. Quand on sait qu’on est capable de gagner, cela éveille quelque chose de différent en nous.

Vous ĂŞtes dĂ©sormais entraĂ®neur des gardiennes de l’équipe de France. Pouvez-vous nous raconter comment vous ĂŞtes arrivĂ©e Ă  ce poste ?

La question s’est posĂ©e il y a un petit moment. Je pense avoir Ă©tĂ© assez lucide pour prĂ©parer la fin de ma carrière. C’était une volontĂ© de la FĂ©dĂ©ration car j’étais très axĂ©e sur le partage, mĂŞme quand j’étais encore en activitĂ©. Pour moi, ce n’était pas une Ă©vidence, car selon moi, un bon joueur ne fait pas forcĂ©ment un bon entraĂ®neur. J’avais besoin de vĂ©rifier, en faisant des stages et des compĂ©titions avec les Ă©quipes de France jeunes. J’ai beaucoup rĂ©flĂ©chi. Pour l’instant, cela se passe très bien et je suis très contente !

Merci beaucoup Amandine pour votre disponibilitĂ© !

La carrière d’Amandine Leynaud en quelques lignes :

Evoluant au poste de gardienne de but, Amandine Leynaud connaît sa première sélection en équipe de France en 2005, à l’âge de 19 ans. Elle participe aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, où la France est éliminée en quarts-de-finale. Elle devient vice-championne du monde en 2009 et en 2011. Lors des Jeux Olympiques de Londres 2012, la France est de nouveau éliminée en quarts-de-finale.

En 2016, elle remporte la médaille d’argent des Jeux Olympiques de Rio et la médaille de bronze du Championnat d’Europe. Elle devient championne du monde en 2017 et championne d’Europe en 2018. Elle décroche l’argent au Championnat d’Europe 2020. En 2021, elle devient championne Olympique à Tokyo.

En club, elle porte les couleurs de Metz (6 titres de championne en France entre 2004 et 2012), du Vardar Skopje (5 titres de championne de Macédoine entre 2013 et 2018) et de Gyor (1 titre de championne de Hongrie entre 2018 et 2022). Elle remporte la Ligue des Champions en 2019. Elle arrête sa carrière en 2022. Amandine Leynaud est actuellement entraîneur de gardiennes de l’équipe de France féminine.

drapeau olympique Participations aux Jeux Olympiques de PĂ©kin 2008, Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020

medaille Médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 (handball femmes)

medaille Médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Rio 2016 (handball femmes)

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