Interview d’Automne Pavia

(judo)

Automne Pavia s’est rĂ©vĂ©lĂ©e lors des Jeux Olympiques de Londres 2012 en remportant la mĂ©daille de bronze de la catĂ©gorie des -57 kg. Nous l’avons rencontrĂ©e en cette fin d’annĂ©e, l’occasion de revenir sur son expĂ©rience des JO et sa saison 2014 ponctuĂ©e d’un titre de championne d’Europe et d’une mĂ©daille de bronze aux Championnats du monde.

Automne, tu as remporté en début d’année le Championnat d’Europe disputé à Montpellier. On imagine que cela reste un grand souvenir d’avoir remporté ce titre devant le public français ?

Oui, c’était magnifique ! Avant la compétition, je savais que c’était à double tranchant : cela pouvait être soit l’une des plus belles journées de ma vie, soit l’une des pires parce que c’était devant toute ma famille. Ma mère n’avait jamais eu l’occasion de voir un Championnat d’Europe et beaucoup de mes frères et sœurs non plus. En plus que ce soit en France, c’était dans ma région ! C’était magique !

Il s’agissait de ton deuxième titre de championne d’Europe consécutif. Est-ce-que ce deuxième titre a été plus difficile à aller chercher que le premier ?

Oui, mais pas sur le ressenti de la compétition en lui-même parce que je crois que c’est l’une des compétitions où je me suis sentie le mieux et le plus forte. Par contre, ça a été dur sur l’avant compétition. Lors du premier titre gagné, on m’attendait un peu parce que j’étais déjà médaillée olympique et européenne. Alors que là, lors de ce deuxième titre, je suis vraiment arrivée en tant que leader et c’était nouveau pour moi. Psychologiquement, c’était un peu plus compliqué.

En août, tu as obtenu la médaille de bronze aux Championnats du monde. As-tu du coup atteint tous tes objectifs en cette année 2014 ?

Non, car mon objectif était d’être championne du monde. Les Championnats du monde étaient une compétition qui ne m’avait pas trop réussi jusqu’à présent. Maintenant, c’est fini : j’ai eu ma médaille. Mais j’étais prête pour ces Championnats du monde et comme l’année précédente, je pense que j’avais ma place sur la plus haute marche. Toutefois, on est plusieurs à pouvoir avoir cette place et ça se joue le jour J. Du coup, je n’ai pas atteint tous mes objectifs.

Lors de ces Championnats du monde, tu as remporté le bronze lors de la petite finale. Cela a-t-il été difficile de se remotiver après la défaite en demi-finale ?

Oui, ça a été très dur. En 2013, je n’avais pas réussi. Pour le bronze, j’ai cette fois-ci affronté la Championne du monde en titre et je pense vraiment que c’est la fille qui me correspond le moins dans la catégorie. Mais c’est ce qui a rendu ma médaille encore plus belle. Mon coach m’avait dit avant le combat : « Automne, si tu gagnes ce combat-là, c’est encore plus beau parce que tu as ta médaille de bronze et tu bats la championne du monde en titre ». J’ai battu la fille qui m’avait sortie l’année précédente. C’est ce qui a fait que j’étais malgré tout contente en fin de journée.

Tu es l’actuelle numéro 1 mondiale de la catégorie des -57 kg. Ce statut est-il facile à porter ou cela est-il plutôt un poids à chaque compétition ?

Je ne fais pas trop attention à ça. C’est bien d’être numéro 1 et ça avantage souvent dans le tirage au sort. Mais ça change très vite : bien sûr, on n’est pas dans les 10 premières de la ranking list par hasard, mais des filles peuvent faire énormément de compétitions dans l’année et gagner des points dans des tournois où il n’y a pas grand monde et ainsi être bien placées. Je pense que le principal est je sois dans les dix premières.

Revenons un peu en arrière : en 2012, tu as remporté la médaille de bronze des Jeux Olympiques de Londres. Cette médaille était-elle pour toi un objectif affiché avant la compétition ou plutôt une bonne surprise ?

Quand j’ai su que j’étais sélectionnée pour Londres, c’était déjà magique. Mais quand on est un athlète de haut niveau, on cherche la victoire. Je ne voulais pas y aller et revenir sans rien. Je suis partie pour être championne olympique, mais je ne vais pas mentir : quand j’ai eu ma médaille de bronze autour du cou en fin de journée, j’étais vraiment très heureuse ! En effet, aux vues de la saison, je n’étais pas la mieux placée pour gagner à Londres, même s’il n’y a pas de justice dans le sport !

De façon plus générale, qu’est-ce-qui t’as le plus marquée lors de ces JO de Londres ?

Franchement, c’est un ensemble. On nous en parle avant d’aller aux JO mais on ne peut pas imaginer tant qu’on n’y est pas. Quand on y est allé une fois, on a encore plus envie d’y retourner parce qu’on a vu ce que c’était. J’ai eu de la chance parce que je les ai vécus avec une médaille et ça change les Jeux. Mes plus beaux souvenirs sont à Londres. Rien qu’une médaille de bronze, c’était magnifique ! Alors je me dis qu’une médaille d’or doit être un « truc de fou » ! Quand j’ai reçu ma médaille, je me souviens de la joie sur les visages de tous ceux qui m’ont accompagnée. C’était vraiment incroyable !

En 2013, tu avais terminé cinquième des Championnats du monde de Rio alors que tu étais l’une des favorites. Cette mésaventure a-t-elle changé ta façon d’aborder les grands événements ?

Oui. Ça a même changé ma préparation. J’ai très, très mal vécu ces Championnats du monde. Franchement, ça a été très dur. Je ne voulais pas revenir à l’entraînement après. Mon entraîneur a été là dans la défaite et m’a remise sur pieds parce que j’avais vraiment beaucoup de mal. En fait, j’étais arrivée sur ces Championnats du monde de Rio épuisée. J’en avais marre. On ne veut surtout plus que je sois dans cet état-là. Depuis, je ne fais plus que quatre compétitions dans l’année. Ça a porté ses fruits cette année : lorsque je suis arrivée sur les Championnats du monde, j’étais fraiche et j’avais envie d’y aller. Je sais que je ne referais plus jamais l’erreur que j’ai faite. Ça m’a valu une médaille mondiale !

Tu as actuellement 25 ans. On imagine ton grand objectif est l’or aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 ?

Oui ! Tous les matins, quand je me réveille et vais à l’entraînement, c’est pour l’or à Rio. Mais il y a des étapes. Je ne suis pas encore championne du monde et je ne peux pas imaginer ne pas avoir ce titre dans mon palmarès. Je m’entraîne pour les Jeux de Rio mais la grosse étape avant est les Championnats du monde. S’il faut que je passe à côté de beaucoup de choses pour être championne olympique, je le ferais !

Merci beaucoup Automne pour ta disponibilité et bonne chance pour la suite !

Crédits photo 3 : International Judo Federation

La carrière d’Automne Pavia en quelques lignes :

Evoluant dans la catégorie des -57 kg, Automne Pavia commence sa carrière senior en 2009. En 2011, elle remporte l’or par équipe aux Championnats du monde et d’Europe.

En 2012, elle est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Londres. Après une défaite en demi-finale, elle parvient à remporter la médaille de bronze lors de la petite finale. Cette même année, elle obtient aussi le bronze aux Championnats d’Europe.

Elle est pour la première fois championne d’Europe en 2013. Un an plus tard, elle conserve son titre de championne d’Europe individuel et prend aussi l’or par équipe. En août 2014, elle remporte le bronze aux Championnats du monde. Aujourd’hui âgée de 25 ans, Automne Pavia vise l’or aux Jeux Olympiques de Rio en 2016.

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