Interview de Damien Eloi

(tennis de table)

Damien Eloi a dĂ©jĂ  participĂ© Ă  quatre Jeux Olympiques et tente dĂ©sormais de se qualifier pour ceux de Londres 2012. Son palmarès est notamment marquĂ© par une cinquième place aux JO de Sydney en double et par deux titres de champion d’Europe par Ă©quipe. Entretien.

Damien, vous avez participé à quatre éditions des Jeux Olympiques depuis 1992 : à Barcelone, Atlanta, Sydney et Pékin. Quelle est l’édition qui vous a le plus marqué ?

« J’en ressors deux du lot : Barcelone et Sydney. Barcelone, parce que c’était mes premiers Jeux, j’étais plus jeune et c’était vraiment une superbe fête dans tous les sens du terme. Dans les rues, on voyait bien que les gens étaient heureux et avec le sens de la fête des Espagnols, c’était vraiment très agréable ! Je n’ai pas du tout aimé Atlanta car je trouvais que c’était trop surveillé. Par contre, Sydney était également fantastique parce que la ville et l’Australie sont extraordinaires. Pékin était pas mal, mais j’ai largement préféré Barcelone et Sydney ! »

Vous avez été trois fois quart-de-finaliste du double aux Jeux Olympiques, vous classant même cinquième en 2000. Ces résultats représentent-ils une fierté ou bien une déception de ne pas avoir pu atteindre les demi-finales ?

« C’est plus une déception qu’une fierté. Les quarts-de-finale des Jeux Olympiques, c’est fantastique, mais c’est aussi rien du tout. Tout le monde sait bien qu’il n’y a qu’une chose qui compte aux Jeux, c’est la médaille. Il est vrai qu’aujourd’hui, avec la mainmise des Asiatiques sur le tennis de table, c’est de plus en plus dur et je ne sais pas si la tendance va s’inverser de sitôt. Je dirais donc que ce sont plus des regrets et des déceptions pour moi que de la fierté. »

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière à ce jour ?

« C’est toujours difficile d’en choisir un en particulier. On a eu des grandes joies avec l’équipe de France. On a remporté deux titres de champion d’Europe, en 1994 et 1998, et on a disputé une finale aux Championnats du monde, en 1997. Je crois que cette aventure aux Championnats du monde, où on avait échoué 3 à 1 contre la grande Chine, reste un très grand souvenir !

A titre personnel, j’ai gagné aussi deux Opens en simple : celui d’Angleterre en 1995 et celui de Suède en 1998. Ce sont également deux grands souvenirs pour moi ! »

Et, au contraire, quel est votre pire souvenir ?

« Ma non-qualification aux Jeux Olympiques en 2004 a été un peu dure. Il y avait une épreuve de sélection européenne où j’ai fini premier remplaçant : ils prenaient onze personnes et j’ai terminé douzième. C’était forcément un peu dur pour le moral. Sinon, rétrospectivement, c’était dur également quand on a perdu en quarts-de-finale avec Jean-Philippe Gatien aux JO de 1992.

Mais il y a aussi un autre souvenir dont je me souviens très bien : c’était aux Jeux Olympiques de 2000 à Sydney. J’étais opposé au champion olympique en titre en huitièmes-de-finale du tournoi de simple. A l’époque, chaque manche était en 21 points et le gagnant était le premier à trois sets. Je menais deux sets à rien et il y avait 19 partout. J’étais donc à deux points de créer la surprise des Jeux Olympiques. Je ne dis pas que ça aurait changé ma carrière, mais ça aurait quand même été un sacré coup de tonnerre dans la compétition et ça m’aurait fait un bien fou de l’avoir fait. »

Au cours de votre longue carrière, les règlements ont évolué (taille de la balle différente, réduction du nombre de points pour gagner une manche…). Cela vous a-t-il perturbé ou demandé un temps d’adaptation ?

« Cela ne m’a aucunement perturbé, en tout cas pas plus que les autres. L’augmentation de la taille de la balle est quelque chose qui nous a pris deux mois pour nous y habituer. La règle du changement de service n’influençant pas sur la nature du jeu, c’était juste une question d’habitude et ça perturbait encore moins ! »

Arrivez-vous à vivre du tennis de table ou devez-vous avoir un travail en parallèle ?

« Non, je n’ai pas de travail en parallèle. La plupart des joueurs de l’équipe nationale sont des joueurs professionnels. »

Vous avez actuellement 41 ans. Avez-vous déjà décidé de la date de votre fin de carrière ?

« Absolument pas ! C’est une question qu’on me pose souvent et depuis des années parce que c’est vrai que j’ai une longévité assez exceptionnelle, même pour le tennis de table. Je suis en pleine forme physique. Je m’entraîne beaucoup, certes moins que les jeunes de vingt ans, mais c’est normal. Je prends énormément de plaisir, je suis joueur professionnel… Je ne vois pas la moindre raison pour laquelle je devrais arrêter, donc je continue tant que je suis compétitif et tant que je me fais plaisir ! Concernant le moment d’arrêter, on verra bien quand je ne gagnerai plus de matchs, mais j’espère que ce n’est pas encore pour tout de suite ! »

Du coup, avez-vous les yeux rivés sur les Jeux Olympiques de Londres en 2012 ?

« Oui, bien sûr ! La semaine dernière, à l’Open du Qatar, j’ai réalisé une excellente performance en battant le numéro 12 mondial. Je me rapproche du « cut » pour la sélection directe aux Jeux Olympiques. Ce « cut » sera décidé après les Championnats du monde qui ont lieu au mois de mai, et si j’y suis, c’est sûr que mon objectif sera d’aller aux Jeux à Londres ! »

Merci beaucoup Damien d’avoir rĂ©pondu Ă  ces questions !

La carrière de Damien Eloi en quelques lignes :

Damien Eloi participe à ses premiers Jeux Olympiques en 1992 à Barcelone. Engagé en double avec Jean-Philippe Gatien, il atteint les quarts-de-finale. Quatre ans plus tard, lors des Jeux Olympiques d’Atlanta, ils sont de nouveau éliminés du tournoi de double en quarts-de-finale.

En simple, il remporte deux Opens : celui d’Angleterre en 1995 et celui de Suède en 1998. Il brille également avec l’équipe de France, remportant deux titres de champion d’Europe par équipe (en 1994 et 1995) ainsi que la médaille d’argent par équipe lors des Championnats du monde en 1997. En double, il décroche notamment le bronze lors des Championnats du monde en 1995 et en 1997.

Lors des Jeux Olympiques de Sydney de 2000, il est éliminé en huitièmes-de-finale du simple et termine 5e du double avec son partenaire Christophe Legoût. En 2004, il décroche son premier titre de champion de France. En 2008, il participe aux Jeux Olympiques de Pékin. Depuis, il a notamment obtenu une médaille de bronze en double aux Championnats d’Europe de 2009.

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