Interview de GĂ©vrise Emane

(judo)

Championne du monde en 2007, double Championne d’Europe (en 2006 et 2007), mĂ©daillĂ©e d’argent aux Championnats du monde et de bronze aux Championnats d’Europe… Voici le palmarès bien fourni de GĂ©vrise Emane. A quelques jours des Championnats d’Europe de judo, elle a eu la gentillesse d’accorder un peu de son temps pour interviewsport.fr.

Gévrise, tu as remporté la médaille d’argent des Championnats du monde de 2005, au Caire. Considères-tu que ce podium a été un déclic dans ta carrière ?

« Cette première mĂ©daille mondiale en 2005 a Ă©tĂ© pour moi la confirmation de mon travail. J’avais remportĂ© des tournois A, fait des podiums aux Championnats d’Europe – 23 ans… mais rien en championnat officiel senior ! Qui plus est, la mĂŞme annĂ©e aux Championnats d’Europe de Rotterdam, je me suis « plantĂ©e », donc je suis allĂ©e Ă  ces mondiaux sans pression : je n’avais rien Ă  perdre. Et c’est vrai que cette mĂ©daille d’argent a agi comme un dĂ©clic. Si les autres y sont arrivĂ©s, pourquoi pas moi ? »

Puis, en 2007, tu es devenue Championne du monde de ta catégorie, les -70 kg. Etait-ce pour toi la réalisation d’un rêve ?

« Le titre Ă  Rio : une consĂ©cration ! C’Ă©tait tout simplement ENORME ! En 2005, je n’Ă©tais pas passĂ©e très loin… LĂ , c’Ă©tait mon tour ! Dans la vie d’un athlète de haut niveau, un titre mondial (après le titre olympique), c’est le Saint Graal ! Un rĂŞve, oui ! »

Lors des Jeux Olympiques de Pékin de 2008, tu as été éliminée dès le premier tour. Avec le recul, arrives-tu à comprendre ce qui s’est passé ? Y-a-t-il une explication à cette désillusion ?

« PĂ©kin, PĂ©kin… une grande dĂ©sillusion pour moi. Avec le recul, je pense que je me suis mis trop de pression avant la compĂ©tition. Pour moi, la boucle allait ĂŞtre bouclĂ©e (Europe, monde et Jeux…). Ca ne pouvait pas ĂŞtre autrement, je me devais de rĂ©ussir… Or, ce n’est pas comme ça que l’on doit aborder une compĂ©tition. Autant vous dire que j’ai retenu la leçon ! »

Es-tu rentrée totalement frustrée de tes Jeux Olympiques, ou alors est-ce que tu as quand même pu profiter un peu de la magie qui y règne ?

« C’est certain que j’Ă©tais au fond du gouffre après ma compĂ©tition, mais je suis restĂ©e jusqu’Ă  la fin des Jeux ! C’est un Ă©vĂ©nement unique, seulement tous les quatre ans… Alors il fallait profiter de la fĂŞte jusqu’au bout ! Je ne dis pas que c’Ă©tait « easy » tous les jours… Je ne regrette pas de l’avoir fait ! C’Ă©tait top ! »

Depuis 2009, tu as changé de catégorie, passant des -70 kg aux -63 kg. Cela t’a-t-il posé des difficultés au niveau de l’adaptation ?

« J’ai effectivement changĂ© de catĂ©gorie… Ce n’Ă©tait pas une dĂ©cision facile Ă  prendre. Il a fallu gĂ©rer beaucoup de paramètres, dont le poids, et je peux vous dire que ce n’est pas Ă©vident, mĂŞme si je ne « galère » pas Ă  descendre aux poids.

Ensuite, il a aussi fallu m’adapter Ă  cette nouvelle catĂ©gorie des 63 kg, quand bien mĂŞme ma première compĂ©tition s’est bien dĂ©roulĂ©e. Les repères ne sont pas les mĂŞmes. J’ai donc fait une sĂ©rie de tournois en dĂ©but de saison afin de m’habituer Ă  cette catĂ©gorie, de prendre des repères… »

En parallèle du judo, as-tu une activité ? Si oui, n’est-ce pas trop difficile de concilier les deux ?

« J’ai un DEUG de droit et un master 2 en management public des collectivitĂ©s territoriales, diplĂ´me que j’ai obtenu en 2008 (après les Jeux). Actuellement, je suis en convention avec les Douanes et je siège au conseil d’administration de la fondation RATP.

L’emploi du temps d’un sportif de haut niveau est extrĂŞmement chargĂ©. Hormis le fait qu’il est important de construire une carrière professionnelle en parallèle de sa carrière sportive, les Ă©tudes reprĂ©sentaient pour moi un Ă©chappatoire et me permettaient d’avoir les pieds sur terre !

GĂ©rer de bout en bout les deux n’est pas Ă©vident, mais nous sommes en France et le Ministère des Sports ainsi que celui de l’enseignement supĂ©rieur ont Ă©tabli des rĂ©gimes « spĂ©ciaux » pour les athlètes de haut niveau, ce qui nous permet de passer certains examens en diffĂ©rĂ©. Cependant, il faut toujours nĂ©gocier et jouer des coudes avec les UFR (unitĂ©s de formation et de recherche, ndlr)… Dans l’ensemble, ils sont assez comprĂ©hensifs. »

Tu vas bientôt participer aux Championnats d’Europe, à Vienne. Est-ce une motivation supplémentaire de devenir à nouveau Championne d’Europe, mais dans ta nouvelle catégorie ?

« Les Championnats d’Europe Ă  Vienne ? Bien sĂ»r que c’est une motivation de plus d’aller chercher ce titre dans cette nouvelle catĂ©gorie ! Reste Ă  ĂŞtre en mĂ©ga forme le jour J ! »

Merci beaucoup GĂ©vrise pour ta disponibilitĂ© et bonne chance pour les Championnats d’Europe !

La carrière de Gévrise Emane en quelques lignes :

Gévrise Emane commence sa carrière dans la catégorie des -70 kg et obtient son premier podium en Coupe du monde lors du Tournoi de Paris 2003. Non sélectionnée pour les JO d’Athènes, elle devient tout de même trois fois consécutivement Championne d’Europe par équipe (2003, 2004, 2005).

Lors des Championnats du monde de 2005 disputés au Caire, elle remporte la médaille d’argent. Elle confirme ensuite en devenant Championne du monde par équipe avec l’équipe de France en 2006 et en remportant deux fois les Championnats d’Europe (2006, 2007). Surtout, elle devient Championne du monde de sa catégorie en 2007, à Rio de Janeiro.

Malheureusement, Gévrise Emane n’a pas autant de réussite en 2008 : après une médaille de bronze aux Championnats d’Europe, elle se fait éliminer dès le premier tour des Jeux Olympiques de Pékin. L’année suivante, elle décide de changer de catégorie, passant aux -63 kg. Après avoir remporté le Tournoi de Paris 2010, la judoka de 27 ans essaiera de remporter un nouveau titre de Championne d’Europe en fin de semaine, à Vienne.

Remarque : GĂ©vrise est la marraine de l’association « Les enfants du jardin », qui aide les familles dont les enfants sont atteints de maladie du mĂ©tabolisme (maladie gĂ©nĂ©tique). Pour en savoir plus, allez voir le site Internet : lesenfantsdujardin.fr

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