Après une cinquième place aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et une quatrième place aux Jeux Olympiques de Rio 2016, Cyril Tommasone va tenter de monter sur le podium cet été à Tokyo. Mais sa préparation est rendue difficile par le manque de compétitions à cause du covid-19.
Cyril, les Jeux Olympiques de Tokyo ont été décalés d’un an à cause du covid-19. Comment as-tu vécu ce report et cette longue période sans compétition ?
Depuis octobre 2019, je n’ai fait aucune compétition. Tout a été reporté ou annulé. Certaines compétitions reportées ont-elles-mêmes ensuite été annulées. C’est une situation très compliquée. En plus, c’est la dernière année de l’Olympiade, donc c’est une période très importante dans la préparation des Jeux Olympiques. On essaie de s’organiser avec la Fédération et avec les entraîneurs pour tenter de faire des compétitions, que ce soit des compétitions en interne ou des compétitions internationales. Il faut en faire pour se remettre dans les conditions dans lesquelles on sera aux Jeux. J’espère que les compétitions vont être maintenues de façon à se préparer pour Tokyo.
Tu as décroché ton billet pour les Jeux Olympiques de Tokyo en individuel mais l’équipe de France ne s’est pas qualifiée. On imagine que c’est une déception ?
C’était une réelle déception de ne pas se qualifier par équipe. On a eu pas mal de pépins. L’équipe de France a quand même réussi à qualifier trois athlètes en individuel : Loris Frasca, Samir Aït Saïd et moi. On essaiera d’obtenir un quatrième quota aux Championnats d’Europe, qui se dérouleront au mois d’avril. Ce serait top de partir à quatre. On aurait ainsi une équipe de France bien représentée quand même.
« Depuis octobre 2019, je n’ai fait aucune compétition »
Revenons un peu en arrière : tu as participé à tes premiers Jeux Olympiques en 2012 à Londres, terminant notamment cinquième du cheval d’arçon et seizième du concours général individuel. Etais-tu satisfait de tes performances pour tes premiers Jeux Olympiques ?
Non, car j’y suis allé pour obtenir une médaille. Lors de la finale aux arçons, j’ai fait une erreur sur la sortie qui m’a enlevé la médaille. Je ne pouvais pas être satisfait de ça. Si je ne faisais pas d’erreur, j’avais la breloque ! C’est comme ça ! Ce sont des Jeux qui restent malgré tout satisfaisants car j’ai participé à la finale du concours général individuel et on a participé à la finale par équipe. Mais j’ai quand même un goût amer avec cette finale aux arçons.
De façon plus globale, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques de Londres ?
C’étaient mes premiers Jeux, donc c’était la découverte. Je découvrais le Village Olympique et l’organisation, qui était énorme. Les salles et le public étaient hors normes. Tout était grandiose ! Dans une discipline comme la gymnastique, c’est très rare de voir autant de monde dans une salle. Pour tous les sports amateurs, ça reste la compétition de référence. C’est la compétition que tous les sportifs ont envie de faire !
Lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, tu as pris la quatrième place. Raconte-nous comment tu as vécu cette finale de l’intérieur ?
Je suis arrivé plutôt serein à la finale. Je passais en premier. Je devais ainsi passer directement de la salle d’échauffement à la salle de compétition. Il fallait que je sois tout de suite dedans pour faire une grosse performance et c’est ce que j’ai réussi à faire. J’ai effectué un très beau passage. Après, j’ai attendu que les sept autres finalistes passent. Finalement, je me suis retrouvé à la quatrième place. Cela reste une énorme satisfaction car j’ai fait ce que j’avais à faire : je m’étais préparé pour faire ce mouvement-là de cette façon-là , et je l’ai fait. C’étaient des Jeux très positifs.
Tu comptes à ton palmarès deux médailles aux Championnats du monde et quatre médailles aux Championnats d’Europe. Parmi toutes ces médailles, quelle est celle qui t’a amené le plus d’émotions ?
Il y en a une qui est particulière : c’est celle de bronze aux Championnats du monde de Nanning en 2014. En effet, c’est la première médaille que j’ai pu partager avec mon entraîneur. Jusqu’alors, il n’était pas avec moi en compétition car on avait un staff technique en place dont il ne faisait pas partie. Mais à Nanning, il a pu être à mes côtés. On partagé ce moment-là ensemble. C’était un moment intense.
« Je pense que je continuerai après Tokyo »
Au cheval d’arçon, la performance dure environ 50 secondes et la moindre erreur se paie très cher. Comment te prépares-tu pour un effort aussi court et intense ?
Il y a un gros travail de répétition fait aux entraînements. Mais il faut aussi vraiment faire de la compétition. En effet, l’entraînement, c’est une chose, mais la compétition, c’en est une autre. On doit prendre beaucoup de repères en compétition. J’espère donc vraiment que les compétitions sur lesquelles on est engagés cette année vont être maintenues. Sinon, je suis suivi par un préparateur mental. On essaie de travailler au quotidien, notamment sur l’approche de la compétition.
Penses-tu arrêter ta carrière après les Jeux Olympiques de Tokyo ou bien tu laisses la porte ouverte à la possibilité de continuer ta carrière au-delà ?
Je vais laisser toutes les portes ouvertes et je ne m’interdis pas de continuer. En plus, il y a ensuite Paris 2024, qui est un beau challenge si je suis toujours dans le coup ! Je pense que je continuerai après Tokyo. Et après, on verra année après année !
Merci beaucoup Cyril pour cette interview et bonne chance pour les Jeux Olympiques !
Crédits photos 2 et 3 : Michael Motz, Fédération Française de Gymnastique
La carrière de Cyril Tommasone en quelques lignes :
Cyril Tommasone participe à ses premiers Championnats du monde en 2009 et y prend la 4e place du cheval d’arçon. L’année suivante, il obtient le bronze par équipe aux Championnats d’Europe. En 2011, il remporte la médaille d’argent du cheval d’arçon la fois aux Championnats du monde et aux Championnats d’Europe.
Aux Jeux Olympiques de Londres 2012, il termine 5e du cheval d’arçon, 16e du concours général individuel et 8e du concours par équipe avec la France. Il obtient la médaille de bronze du cheval d’arçon aux Championnats du monde 2014.
Aux Jeux Olympiques de Rio 2016, il prend la 4e place du cheval d’arçon. Aux Championnats d’Europe, il remporte le bronze par équipe en 2018 et l’argent en cheval d’arçon en 2019. Aujourd’hui âgé de 33 ans, Cyril Tommasone est qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021.
Participations aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et Rio 2016
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