Interview de Julien Bahain

(aviron)

Alors que les Championnats d’Europe et les Championnats du monde d’aviron approchent Ă  grands pas, Julien Bahain a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă  nos questions. L’occasion d’en savoir plus sur ce champion de 24 ans qui compte plusieurs podiums Ă  son actif, notamment lors des Jeux Olympiques de PĂ©kin de 2008 oĂą il a remportĂ© la mĂ©daille de bronze en quatre de couple.

Julien, tu es devenu vice-champion du monde en quatre de couple en 2007, en Allemagne. A l’époque, cette médaille était-elle pour toi un aboutissement ou juste une étape pour les Jeux Olympiques de Pékin l’année suivante ?

« C’était bien sûr une étape vers les Jeux Olympiques de l’année suivante. C’est vrai qu’en 2007, c’était notre première médaille sur les Championnats du monde au niveau élite. On était à un an de Pékin et forcément, on ne s’arrêtait pas à cette médaille : on voyait les Jeux. Ce podium, c’était juste quelque chose qui nous disait qu’on était sur la bonne voie et qu’on pouvait le faire l’année d’après. Mais c’était bien entendu un cheminement et une continuité vers Pékin. »

Lors des JO de Pékin, tu as remporté la médaille de bronze en quatre de couple. Considères-tu que c’est alors un rêve qui s’est réalisé ?

« Avoir une médaille aux Jeux, c’est un rêve qui se réalise ! On est heureux et fier sur le moment. Après, les choses redescendent : on se rend compte qu’il y a toujours mieux à aller chercher et qu’il faut repartir. Quand on est troisième, on a envie d’avoir un peu plus. Il y a donc énormément de fierté et de bonheur sur le coup, et ensuite l’envie de repartir et d’aller chercher l’or ! »

A l’époque, as-tu été perturbé par le fait que les demi-finales de la compétition aient été reportées d’un jour à cause d’un violent orage ? Comment as-tu géré cela ?

« On en a reparlĂ© il n’y a pas longtemps avec mes collègues ! Ca n’a pas Ă©tĂ© facile Ă  gĂ©rer… Mais je pense très honnĂŞtement que le fait que cela ait Ă©tĂ© reportĂ© d’un jour nous a aidĂ©s.

Le jeudi, quand on commençait à s’échauffer et qu’on s’apprêtait à aller chercher cette finale, on n’était pas forcément dans les meilleures dispositions psychologiques. On avait fait un début de JO un peu difficile, on n’était pas forcément dans le coup… On ne le saura jamais, mais je pense que ce report a été bénéfique : ça nous a donné un jour de plus pour nous remotiver et ça nous a permis de remonter la pente correctement. Avec le recul, je pense donc qu’on l’a géré de bonne manière ! »

Mis à part ta compétition, quels souvenirs gardes-tu de cette grande première olympique ? As-tu vécu cette magie dont les sportifs parlent souvent ?

« Oui. En plus, on a eu la chance de faire les plus beaux Jeux qui aient été organisés, d’après les gens qui en ont fait d’autres. C’était vraiment énorme en termes d’organisation. Nous, les athlètes, on a passé des Jeux magnifiques.

C’est vrai qu’il y a de la magie dans ce que l’on voit, dans ce que l’on vit… Tout est dĂ©mesurĂ©. J’ai pu participer Ă  la cĂ©rĂ©monie de clĂ´ture : quand on rentre dans le stade Ă  la fin, on a un peu l’impression d’être le centre du monde Ă  ce moment-lĂ  ! J’ai aussi eu l’occasion de passer des moments avec d’autres sportifs, de croiser plein de monde, de faire des rencontres… Quand on a fait les Jeux une fois, on a envie d’y retourner ! »

Depuis les Jeux Olympiques de Pékin, tu participes aux compétitions internationales en deux de couple. Pourquoi as-tu décidé de changer d’épreuve ?

« C’est un ensemble de facteurs qui ont fait que je suis passé en deux de couple. Premièrement, il y a eu une question de motivation : après Pékin, j’avais envie de me remotiver sur un projet fort. Au niveau du groupe, il y a aussi eu des changements. Jonathan Coeffic s’est retiré un peu sur la saison suivante et Pierre-Jean Peltier a décidé de se concentrer sur ses études. Avec Cédric Berrest, on s’est donc retrouvé tous les deux à se dire : « qu’est-ce qu’on fait sur cette saison ? ». Le deux de couple nous est apparu comme étant une chose évidente sur cette année 2009.

On a alors fait une saison pour voir ce que ça donnait, si on Ă©tait compĂ©titifs. On voulait essayer de faire quelque chose de correct au niveau international. Cela a Ă©tĂ© concluant, donc on continue l’aventure… En espĂ©rant que ça aille jusqu’à Londres et qu’on puisse gagner ! »

Cela n’a-t-il pas été difficile de se remotiver un mois seulement après les JO pour les Championnats d’Europe, où tu as remporté le titre en deux de couple avec Julien Desprès ?

« Les Championnats d’Europe dans la foulée, c’était l’occasion pour moi de me relancer dans la saison. J’ai fait un mois complet de coupure après les JO et je me suis dit qu’il fallait que je me donne une deadline. J’avais proposé à Julien Desprès de nous lancer dans ce challenge sur les Championnats d’Europe et il a accepté. On a pris énormément de plaisir, sans forcément s’entraîner énormément. Le titre européen au bout de la course, c’est un petit plus. J’ai passé de supers moments aux Championnats d’Europe parce qu’il n’y avait pas de pression, la saison étant faite ! »

En parallèle de l’aviron, tu poursuis également tes études (ingénieur en Management de projets innovants). N’est-ce pas difficile de concilier les deux ?

« Il y a forcément des moments difficiles dans tout ce qu’on fait. L’aviron n’étant pas professionnel, il faut penser à la suite, donc on est obligé de jongler entre les deux. Ce n’est pas difficile en tant que tel, c’est surtout une question de rigueur au quotidien. Cela demande de l’organisation.

J’ai la chance et la possibilité de faire des études d’ingénieur et je me suis lancé à fond là-dedans aussi. Je viens de finir mes cours et je ne vais pas tarder à travailler : c’est un autre challenge qui se propose à moi. En fait, je dirais que quand on a envie et qu’on sait où on va, on n’a jamais trop de soucis à faire les deux. Il y a des moments difficiles mais on arrive à les surmonter et à s’organiser. Finalement, c’est l’équilibre des deux qui fait qu’on est bon. »

Désormais, quels sont tes objectifs pour la suite avec ton partenaire Cédric Berrest ? As-tu déjà les yeux rivés sur les JO de Londres, en 2012 ?

« Londres 2012… Je ne l’ai pas dit, mais je pense que j’avais les yeux rivĂ©s dessus dĂ©jĂ  trois jours après PĂ©kin ! Oui, forcĂ©ment, on est tournĂ© vers Londres, mais cela veut tout dire et rien dire Ă  la fois. Je ne pense pas aux Jeux Olympiques en tant que tel, je ne pense pas Ă  la course olympique tous les jours… Je me dis avant tout qu’il y a du travail Ă  faire, des Ă©tapes Ă  passer et plein d’objectifs intermĂ©diaires.

Déjà, ce serait une grande satisfaction d’être champion du monde avec Cédric. Ensuite, se qualifier l’année prochaine pour les JO et bosser sereinement sur la dernière année, avec bien entendu le titre olympique en ligne de mire. Les JO de 2012, ça se construit au quotidien. Finalement, on découpe Londres en petits morceaux et on y pense tous les jours ! »

Merci beaucoup Julien pour ta disponibilité !

La carrière de Julien Bahain en quelques lignes :

Evoluant tout d’abord en quatre de couple, Julien Bahain est médaillé de bronze aux Championnats du monde junior de 2003. Chez les seniors, il devient ensuite vice-champion du monde d’aviron en 2007 à Munich (Allemagne).

En 2008, lors des Jeux Olympiques de Pékin, il remporte la médaille de bronze avec ses trois coéquipiers (Cédric Berrest, Jonathan Coeffic et Pierre-Jean Peltier). Un mois après, il obtient le titre de champion d’Europe en deux de couple avec Julien Desprès.

Julien Bahain poursuit ensuite sa carrière en deux de couple, associé à Cédric Berrest. En 2009, ils sont médaillés d’argent des Championnats du monde, disputés en Pologne. Aujourd’hui âgé de 24 ans, il prépare les Championnats d’Europe et les Championnats du monde, qui se dérouleront en septembre et en novembre prochain.

Pour en savoir plus sur Julien, visitez son site officiel : julienbahain.fr

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