Interview de Tony Moulai

(triathlon)

Tony Moulai est devenu vice-champion d’Europe de triathlon en 2008. Cette mĂŞme annĂ©e, il avait aussi participĂ© aux Jeux Olympiques de PĂ©kin. DĂ©sormais, il s’entraĂ®ne avec pour objectif les Jeux de Londres 2012. Entretien.

Tony, vous êtes devenu vice-champion d’Europe en 2008. Considérez-vous que cela est le meilleur souvenir de votre carrière à ce jour ?

Avec d’autres podiums de Coupe du monde, oui. Il s’agit là d’un des meilleurs souvenirs parce qu’outre le fait de monter sur « la boîte », ce podium ne donnait la sélection aux Jeux. Double sésame donc !

En août 2008, vous avez participé aux Jeux Olympiques de Pékin. Avant le départ, aviez-vous l’impression de courir en quelque sorte la course de votre vie ?

Avant le dĂ©part, que ce soit lors de la prĂ©paration ou lors du sĂ©jour prĂ© compĂ©tition sur le site de course, j’ai toujours abordĂ© cette course comme une sorte de Championnat du monde. Bien sĂ»r, on se rend bien compte du cĂ´tĂ© extraordinaire de l’évĂ©nement : pression fĂ©dĂ©rale,  prĂ©sence des journalistes ou encore dispositif de sĂ©curitĂ©… Pour autant, j’ai toujours gardĂ© les pieds sur terre en relativisant l’aspect sportif : ce sont les mĂŞmes athlètes, les mĂŞmes organisateurs, les mĂŞmes coachs… D’autre part, il s’agissait de ma troisième visite Ă  PĂ©kin avec Ă  chaque fois la mĂŞme frĂ©quentation des lieux, la routine quoi !

Avec le recul, c’est sûr qu’il s’agissait de LA course d’une vie. Maintenant, les souvenirs sont tellement fugaces… J’entends qu’au moment de la course, c’est l’apothéose, mais deux heures avant comme deux heures après, c’est un site de course banal sans spectateur. Les JO sont un immense espace de consommation où les athlètes sont les acteurs à qui on demande de produire de belles images et un beau spectacle. Je trouve que tout est dénaturé du fait des enjeux économiques. C’est sans doute ce qui me permet de garder la tête froide.

Vous avez été contraint à l’abandon lors de cette course des JO. Racontez-nous comment vous avez vécu cette course de l’intérieur ?

J’ai subi la course de bout en bout sans jamais pouvoir être acteur ou maître de mon destin. C’est très frustrant, surtout lorsqu’on s’est mis dans la tête de réaliser quelque chose. Mon problème physique (inflammation du foie) m’aura enlevé tout espoir de bien figurer.

Avez-vous mis longtemps à vous remettre de cet échec olympique ?

Le regard des autres est certes pesant, mais je ne regrette absolument pas mon abandon. C’est le sport : joie et déception. Sitôt rentré en France après la course, j’ai mis les bouchées double à l’entraînement afin d’oublier. Un mois après, je décrochais une médaille d’argent sur une Coupe du monde et finissais neuvième au classement général mondial. D’autant plus rageant…

Le triathlon est composé de natation, de cyclisme et de course à pied. Le temps d’entraînement pour chacune des disciplines est-il strictement identique ou bien mettez-vous l’accent sur l’une des trois ?

C’est l’avantage du triathlon : on peut composer avec les trois sports sans jamais se lasser. Bien sûr que les aspects tactiques guident notre entraînement. Aujourd’hui, si l’on veut gagner une Coupe du monde rien que sur ses talents de course à pied, il faut courir à plus de 20 km/h. La course à pied est donc prédominante. La natation est également intransigeante puisque si l’on rate cette entame, on ne pourra jamais revenir sur l’avant de la course.

C’est donc selon ses points forts et faibles que l’on joue sur l’équilibre de l’entraînement. J’ai quand même envie de dire que le triathlète de haut niveau ne laisse rien de côté, ce qui l’amène à s’entraîner quelques trente heures par semaine.

Votre année 2010 a été notamment marquée par une sixième place lors du triathlon de Sydney et par une dix-neuvième place lors des Championnats d’Europe. Quel regard portez-vous sur cette dernière saison ?

Je parlais des trente heures hebdomadaires, et c’est là que ma saison 2010 a subi les méfaits de cette surcharge horaire. J’ai voulu trop en faire. Je suis donc arrivé fatigué sur toutes les courses, à la recherche d’un état de fraicheur que je n’ai jamais eu. J’ai sauvé les meubles à Sydney grâce à une échappée vélo, mais le reste de la saison fut contraignant, sans aucun plaisir.

Pour finir, quels sont vos prochains objectifs ? Pensez-vous fortement à une participation aux Jeux Olympiques de Londres, l’année prochaine ?

J’y pense de plus en plus ! C’est ce pour quoi je m’entraîne, et ce pour quoi je veux tout donner ! Le moteur de ma motivation reste l’assouvissement de mon désir de performance, mais aussi le respect de mes proches. Ils sont déterminants dans mon approche du haut niveau. Ce sport est très exigeant et m’impose un rythme de vie souvent à l’opposé des standards. Pour ainsi dire, je suis en marge du rythme social d’une personne sédentaire, ce qui  m’isole.

Malgré tout, je veux clôturer ma carrière par Londres et ainsi me servir de mon expérience pékinoise pour rebondir !

La carrière de Tony Moulai en quelques lignes :

Tony Moulai participe à sa première étape de Coupe du monde en 2004. L’année suivante, il dispute son premier Championnat du monde. Il signe son premier podium de Coupe du monde en 2006 à New-Plymouth (Nouvelle-Zélande). Lors des Championnats du monde, il termine 24e en 2006 et 12e en 2007.

En 2008, il réalise de belles performances en devenant vice-champion d’Europe en mai et en prenant la 8e place du Championnat du monde en juin. Sélectionné pour les Jeux Olympiques de Pékin, il doit malheureusement abandonner pendant la course.

En 2009, il termine 8e des Championnats d’Europe. Depuis, il a accédé à des places d’honneur comme à la Coupe du monde de Sydney avec une 6e place en 2010. Agé de 35 ans, il vise désormais les Jeux Olympiques de Londres 2012.

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