Interview d’Alexis Boeuf

(biathlon)

Alexis Boeuf a fait partie pendant plusieurs annĂ©es de l’Ă©quipe de France de biathlon, participant notamment aux Jeux Olympiques de Sotchi en 2014 et remportant plusieurs mĂ©dailles aux Championnats du monde en relais. Il a pris sa retraite en 2014, Ă  l’âge de 29 ans et est dĂ©sormais consultant sur L’Equipe 21. Entretien.

Alexis, tu as arrêté ta carrière lors de la saison 2014-2015 et tu es actuellement consultant pour l’Equipe 21. Peux-tu nous raconter comment tu es arrivé à ce poste de consultant ?

Cela arrive souvent pour les athlètes qui terminent leur carrière d’avoir des propositions pour devenir consultant dans le sport qu’ils connaissent bien. J’ai fait partie de l’équipe de France pendant des années donc j’avais forcément des relations privilégiées avec les autres athlètes. Cela a commencé avec Eurosport et François Schlotterer qui m’a gentiment proposé de l’accompagner sur les Championnats du monde. Je le connaissais très bien car il était souvent sur les courses quand j’étais athlète. C’est quelque chose qui m’a plu. Ensuite, il y a eu l’arrivée de l’Equipe qui a obtenu les droits. Il y a eu un échange avec eux et j’ai eu la chance de participer à cette nouvelle aventure avec l’Equipe 21.

Tu as arrêté ta carrière de biathlon assez jeune, à 29 ans. Cela a-t-il été difficile de commencer une nouvelle vie ? As-tu un moment songé à reprendre le biathlon ?

Beaucoup pensent que j’ai arrêté en étant jeune, mais 29 ans est un âge auquel on peut arrêter une carrière. Sauf cas exceptionnel comme Bjoerndalen, une carrière de biathlon se termine entre 27 et 35 ans. C’est sûr que je suis plutôt sur la tendance jeune et que j’aurais pu continuer un petit peu. Mais j’ai vraiment arrêté parce que je souhaitais arrêter. Je n’avais plus vraiment d’objectifs et j’avais fait un peu le tour de tout ce que je souhaitais faire dans le biathlon. Je m’étais fait plaisir et j’avais envie de faire des nouvelles choses. Cela n’a donc pas du tout été dur de commencer une nouvelle vie. C’était vraiment un choix de ma part. Je n’ai pas arrêté à cause de mes résultats ni parce que je n’étais pas en forme. J’ai arrêté parce que je voulais faire autre chose et c’est pour cela qu’à aucun moment depuis que j’ai arrêté, je n’ai regretté et voulu refaire ça.

Tu comptes une victoire en Coupe du monde, en 2011. Est-ce le meilleur souvenir de ta carrière ?

Cette victoire en Coupe du monde est ma meilleure ligne de palmarès. Mais ce que je me souviens vraiment de ma carrière, ce sont les moments de partage passés avec toute l’équipe. Il y a eu des moments de joie avec les autres, même à l’entraînement. On ne se rappelle pas uniquement de certains résultats. C’est vraiment un ensemble. Je retiendrai de ma carrière le fait d’avoir pu participer à cette aventure au sein d’une belle équipe.

En 2011, tu as participé aux Championnats du monde de ski nordique, en sprint. Cela te tenait à cœur ou bien c’est juste une anecdote pour toi ?

Le ski de fond est quelque chose que je voulais vraiment faire correctement. J’étais un peu sprinteur dans l’âme en ski de fond et j’aurais aimé en faire plus. Mais je faisais du biathlon et le calendrier était très dense. Il n’y a pas beaucoup de passerelles entre les deux disciplines. J’ai eu la chance de participer à ces Championnats du monde. C’était juste après ma victoire aux Etats-Unis. J’étais censé rentrer plus tôt des Etats-Unis pour préparer, mais finalement je suis resté là-bas un peu plus longtemps car j’étais en forme. Je suis content d’avoir pu participer aux Championnats du monde de ski de fond en sprint. C’était une belle expérience.

Tu as participé aux Jeux Olympiques de Sotchi en 2014, avec des résultats assez décevants alors que tu étais régulièrement dans le top 10 un an auparavant. Avec le recul, comment analyses-tu ce qui s’est passé ?

J’ai participé deux fois en Jeux Olympiques : à Vancouver, en tant que remplaçant, et à Sotchi. L’année de Sotchi, j’ai voulu trop en faire. Je m’étais trop entraîné. J’ai couru après les résultats toute la saison et je suis arrivé à Sotchi en étant très fatigué et un peu malade. Cette période a été difficile à gérer mentalement pour moi. J’avais des objectifs, mais je n’étais pas dupe en arrivant à Sotchi : je savais que ça serait très compliqué. J’étais dans une situation physique qui n’était pas optimale. Je suis content d’avoir quand même fait des courses Olympiques. Mais hormis le plaisir de pouvoir dire que j’ai participé à des courses Olympiques, les sensations pendant ces courses étaient trop mauvaises pour en retirer du plaisir.

Tu as quand même pu profiter de la magie des Jeux ?

Oui, bien sûr. Dans un premier temps à Vancouver, quand j’étais jeune, et ensuite à Sotchi, quatre ans après. Ce sont deux expériences différentes. Les deux fois, j’ai vécu l’expérience au maximum. J’étais dans la chambre avec Martin (Fourcade), qui gagnait de nombreuses courses. J’ai donc pu vivre un peu par procuration toutes ses belles médailles. Ce sont de beaux souvenirs.

Il faut savoir que quand on est athlète, ces Jeux Olympiques sont vraiment spéciaux. Le biathlon est un très gros sport en Europe. En Allemagne ou en Italie, on va dans des stades bondés. Alors que quand on se retrouve aux Jeux Olympiques, on se retrouve sur des stades beaucoup plus petits. Il y a beaucoup plus de pression médiatique, mais en interne on s’en rend moins compte car on se retrouve sur des sites où il y a moins d’âme. Il y a à la fois cette dimension globale des Jeux qui donne de la motivation, mais en même temps le plaisir pur pendant les courses est légèrement différent parce qu’il y a moins d’ambiance dans le stade.

Tu as souvent brillé en relais, avec notamment deux médailles d’argent avec le relais hommes et  une médaille d’argent et de bronze avec le relais mixte aux Championnats du monde. Le relais était une épreuve qui te tenait à cœur ?

Je pense que j’ai toujours été meilleur en relais qu’en individuel. J’aime partager les expériences avec des coéquipiers. Oui, c’est quelque chose qui me tenait à cœur. C’était aussi un format de course plus court, qui correspondait mieux à mes qualités physiques, et avec des balles de pioches qui faisaient que je pouvais me lâcher un peu plus sur le tir. Cet ensemble de chose me correspondait mieux. C’était vraiment LA discipline que j’appréciais et la discipline sur laquelle j’avais les meilleurs résultats. Mes meilleurs souvenirs sont sur les relais !

Merci beaucoup Alexis d’avoir rĂ©pondu Ă  ces questions !

Crédits photos 1 : AFP

La carrière d’Alexis Bœuf en quelques lignes :

Alexis Bœuf monte pour la première fois sur un podium de Coupe du monde en janvier 2010, avec la 3e place de l’épreuve individuelle à Antholz. Il est remplaçant lors des Jeux Olympiques de Vancouver, qui ont lieu en février 2010.

En février 2011, il remporte la poursuite de la Coupe du monde de Presque Isle. Il dispute dans la foulée les Championnats du monde de ski nordique (35e temps des qualifications du sprint) ainsi que les Championnats du monde de biathlon, où il remporte le bronze du relais mixte. Il enrichit ensuite son palmarès en relais lors des Championnats du monde 2012 (argent sur le relais hommes) et 2013 (argent à la fois sur le relais homme et le relais mixte).

En février 2014, il participe aux Jeux Olympiques de Vancouver sur les épreuves de l’individuelle (82e place) et du relais hommes (8e place). Il annonce fin 2014 la fin de sa carrière, à l’âge de 29 ans. Aujourd’hui, Alexis Bœuf est notamment consultant sur la chaîne L’Equipe 21.

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