Le relais français de ski de fond a remporté la première médaille Olympique de son histoire lors des Jeux Olympiques de Sotchi 2014. En tant que quatrième et dernier relayeur, Ivan Perrillat Boiteux y a joué un rôle particulier. Interview.
Ivan, vous avez participé aux Jeux Olympiques de Sotchi 2014, où vous avez remporté la médaille de bronze du relais. Dans quel état d’esprit étiez-vous et quels étaient vos objectifs au moment d’arriver à Sotchi ?
L’état d’esprit était bon. J’avais effectué une bonne préparation et le début de saison s’était plutôt bien passé. J’étais assez serein et sûr de ce qu’on allait faire. On était dans un climat de confiance. Ça a aidé pour aborder les courses.
Le relais était pour moi LE gros objectif des Jeux. Les autres membres de l’équipe avaient aussi des attentes individuelles car ils étaient plus forts et leurs résultats du début de saison prouvaient qu’ils avaient un coup à jouer. Mon deuxième objectif était le 50 km libre, qui avait lieu le dernier jour des Jeux.
Vous étiez le dernier relayeur de l’équipe de France. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu ce relais de l’intérieur ?
Un relais, c’est beaucoup de stress, surtout quand on est le dernier relayeur. Pendant mon Ă©chauffement, j’ai vu que mes copains faisaient le boulot et que cela se passait plutĂ´t bien. Le stress est montĂ© au fil des minutes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le dĂ©part. Il fallait Ă©vacuer un peu ce stress, mais aussi s’en servir. Il ne fallait pas qu’il ne prenne toutes mes capacitĂ©s, mais ce n’était pas Ă©vident.
Après, une fois que j’ai commencé mon relais, je savais ce que j’avais à faire et j’ai réussi assez vite à faire abstraction de l’enjeu. J’ai fait ma course et ça s’est bien déroulé. J’ai rattrapé le Russe, qui était deuxième. Je ne dirais pas que la médaille était alors assurée, car rien n’est sûr tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Mais je sentais qu’on allait jouer la médaille d’argent ou de bronze plutôt que la quatrième place. Je me suis battu jusqu’au bout pour essayer de terminer deuxième. Finalement, on a pris la troisième place !
« Un relais, c’est beaucoup de stress, surtout quand on est le dernier relayeur »
Vous avez terminé treizième du 50 km de ces Jeux Olympiques de Sotchi. On imagine que vous étiez également content de ce résultat, qui était le meilleur de votre carrière en individuel ?
Oui, j’étais très content après le 50 km. C’était en skating, la technique qui me convenait le mieux, et je savais que je pouvais faire une belle performance. J’avais encore envie de bien faire. On était bien préparés et on était dans une bonne dynamique sur ces Jeux, avec du matériel qui marchait bien et des techniciens qui avaient fait du bon boulot. J’étais très content de ce résultat et cela clôturait bien la quinzaine Olympique !
De façon plus générale, quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux Olympiques de Sotchi ?
J’en garde un excellent souvenir, avec en plus la médaille et tout ce qu’il y a autour. C’est probablement le meilleur moment de ma carrière. C’étaient des beaux Jeux. Mes collègues ayant participé à d’autres éditions m’ont confirmé que les Jeux de Sotchi étaient bien organisés. On n’a pas pu participer à la cérémonie d’ouverture car elle avait lieu le vendredi soir et on courrait le dimanche. C’était donc trop proche des courses. Mais on a fait la cérémonie de clôture. C’était aussi un super moment.
Après Sotchi, j’étais encore dans la compétition et je n’avais pas vraiment de recul. Mais plus le temps passe et plus je me dis que j’ai vraiment vécu une belle expérience là -bas !
Racontez-nous la période d’après-médaille Olympique. Comment avez-vous vécu les sollicitations et le retour à l’entraînement ?
Ça s’est bien passé. On est restés assez concentrés sur la fin de saison, car les Jeux se finissaient le 23 février et il restait derrière un bon mois de compétition. En avril et en mai, on s’est un peu relâchés et on a eu pas mal de sollicitations. On est notamment allés à Paris et on a vu l’Armée. C’étaient aussi des bons moments car cela permettait de découvrir d’autres mondes et de voir autre chose. Les sollicitations se sont calmées assez vite, environ deux ou trois mois après les Jeux. Ce n’était « qu’une » médaille en ski de fond ! En mai et en juin, on s’est remis au boulot et on est repartis sur la préparation de la saison suivante.
« J’essaie de faire passer du mieux possible ma passion et mon expérience à ces jeunes »
Vous avez remporté en 2018 le classement général de la FIS Worldloppet, qui regroupe des compétitions de longue distance. Etait-ce un objectif clair pour vous ?
C’est un objectif qui est venu un peu comme ça. Je savais que 2018 serait l’une de mes dernières saisons. J’avais tous mis en place pour essayer de prendre ma sélection pour les Jeux Olympiques de Pyeongchang. Le début de saison ne s’est pas mal passé, mais j’ai ensuite compris que je ne serai pas sélectionné. Je me suis alors tourné vers l’objectif de longue distance pour essayer de me faire plaisir sur ma dernière saison. Il y avait de belles courses à faire. C’est donc un objectif qui est venu en cours de saison et je suis content de l’avoir réalisé. C’est une belle ligne au palmarès !
Mis à part les Jeux Olympiques, quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
Au niveau des compétitions, je dirais la victoire à la Transjurassienne en 2018. Sinon, j’ai plein de super souvenirs à l’entraînement ou lors des stages avec les copains !
Que devenez-vous depuis l’arrêt de votre carrière en 2018 ?
Quand j’ai arrêté ma carrière en 2018, le Comité de ski du Mont-Blanc m’a contacté pour me proposer d’entraîner des jeunes. Il s’agit d’une équipe régionale. Un entraîneur du Comité montait en équipe de France et le principe était de le remplacer. Après réflexion, j’ai accepté le poste. Depuis 2018, je suis donc entraîneur au Comité Mont-Blanc. J’essaie de faire passer du mieux possible ma passion et mon expérience à ces jeunes pour qu’ils s’épanouissent. S’ils deviennent champions, tant mieux, s’ils ne le deviennent pas, tant pis, mais je souhaite qu’ils prennent du plaisir à faire du ski de fond. J’essaie de leur passer ce message ! A côté, j’ai ma vie de famille. J’ai eu mon troisième enfant cette année et je suis donc bien occupé !
Merci beaucoup Ivan et bonne chance pour la suite !
La carrière d’Ivan Perrillat Boiteux en quelques lignes :
Ivan Perrillat Boiteux participe à sa première épreuve de Coupe du monde en décembre 2010. En 2012, il se classe 21e en Coupe du monde à Rybinsk en mass-start. Il est sélectionné aux Championnats du monde 2013 et y termine 9e avec le relais.
Lors des Jeux Olympiques de Sotchi 2014, il remporte la médaille de bronze du relais. Il est le quatrième relayeur, après Jean-Marc Gaillard, Maurice Manificat et Robin Duvillard. Lors de ces JO, il termine aussi 13e du 50 km et 41e du skiathlon. Il continue à courir sur le circuit Coupe du monde jusqu’en 2018.
En 2018, il brille sur les compétitions de ski de fond longue distance : il s’impose sur la Transjurassienne et signe des podiums au Tartu Ski Marathon, à l’American Birkebeiner et à la König-Ludwig-Lauf, ce qui lui permet de remporter le classement général de la FIS Worldloppet. Il met un terme à sa carrière en 2018, à l’âge de 32 ans. Ivan Perrillat Boiteux est désormais entraîneur au Comité de ski du Mont-Blanc.
Participation aux Jeux Olympiques de Sotchi 2014
Médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Sotchi 2014 (relais hommes)
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