Championne d’Europe et vice-championne du monde de relais en 2021, Gwendoline Daudet a participĂ© Ă ses premiers Jeux Olympiques Ă PĂ©kin l’annĂ©e dernière. Elle nous explique comment elle a vĂ©cu ces diffĂ©rents Ă©vĂ©nements.
Gwendoline, tu es devenue championne d’Europe de relais en 2021. A l’époque, ce titre était-il un objectif clair ou bien une bonne surprise ?
On sortait tout juste de la période du covid. On n’avait pas eu de compétition sur la saison : nos six manches de Coupe du monde avaient été annulées à cause de la situation sanitaire. Il s’agissait aussi de l’année où Véronique Pierron a arrêté sa carrière. On s’est ainsi retrouvées avec un relais qui n’avait jamais aligné auparavant en compétition. Du coup, on ne partait pas avec beaucoup d’attente. Cela a donc été une surprise de se rendre compte qu’on a été capable d’abord d’accrocher la finale, puis de réussir ce résultat !
Peux-tu nous raconter comment tu as vécu cette course de l’intérieur ?
On était en pleine construction. On n’a donc pas abordé la compétition de la même façon et je pense que c’est ce qui a fait notre force. Avec les 2 Aurélie et Tifany (Aurélie Monvoisin, Aurélie Levêque et Tifany Huot-Marchand, ndlr), on s’entendait particulièrement bien. Il s’agissait de la première compétition senior d’Aurélie Levêque. On essayait d’être là pour elle, de la conseiller et de construire l’équipe en vue des Jeux Olympiques 2022. En demi-finales, on s’est rendu compte qu’on avait les capacités d’aller chercher quelque chose. En finale, on n’avait pas de stress mais on avait vraiment la hargne.
Avant la finale, je me souviens qu’on était dans les vestiaires et on réfléchissait à une présentation pour le petit moment caméra qui a lieu avant de monter sur la glace pour la finale. On voulait trouver quelque chose qui nous ressemblait bien. C’était un plaisir et cela nous a permis de nous lâcher. On a réussi des courses qu’on n’aurait probablement pas pu réaliser avec un autre état d’esprit.
Après, il s’est passé ce qui s’est passé : une Russe a balayé deux équipes devant et cela a changé toute la physionomie de la course. Quand on est sorties de la glace, on était vice-championnes d’Europe et c’était inattendu. Et puis le verdict est tombé : les Russes ont été disqualifiées ! J’ai le souvenir qu’on était assises et on était ébahies ! On était championnes d’Europe !
« On avait totalement changé de position dans la concurrence internationale »
Tu es également devenue vice-championne du monde de relais en 2001. Quelle est la médaille qui t’a apporté le plus d’émotions : le titre aux Championnats d’Europe ou la médaille d’argent aux Championnats du monde, où il y a plus de concurrence ?
Je dirais celle des Championnats du monde. La médaille des Championnats d’Europe était une surprise et n’était pas du tout attendue. Quand on est arrivées aux Championnats du monde, on était dans un autre état d’esprit : on commençait à être une équipe et la concurrence commençait à avoir peur de nous. On avait totalement changé de position dans la concurrence internationale et on a abordé la compétition avec plus de confiance. En demi-finale, on a sorti à la loyale le Canada, qui est une grosse équipe. On a plus été cherché cette médaille des Championnats du monde !
Malgré ces bonnes performances en relais en 2021, le relais français femmes ne s’est pas qualifié pour les Jeux Olympiques de Pékin 2022. Avec le recul, comment l’expliques-tu ?
Il y a plusieurs raisons. On a certes eu des bons résultats en 2021, mais il ne faut pas oublier que c’était un relais très récent. Il y avait notamment une coéquipière qui participait à ses premières compétitions. Aborder une sélection Olympique, ce n’est pas la même chose ! Cela a joué un peu.
Très honnêtement, on a aussi accumulé les coups du sort. Il fallait être dans le top 8 du classement mondial pour se qualifier aux Jeux Olympiques. Lors de la première Coupe du monde, on est arrivées en demi-finale mais on a pris une pénalité, ce qui nous fait sortir des points. Lors de la deuxième Coupe du monde, on a eu une chute au premier virage. Lors de la troisième Coupe du monde, Aurélie Monvoisin s’est fracturé la jambe. On n’a pas eu une seule compétition où ça s’est bien passé ! Or, en quatre manches de Coupe du monde sélectives pour les JO, on n’a pas trop le droit à l’erreur !
Tu as participé aux Jeux Olympiques de Pékin 2022, où tu as notamment été vingt-troisième du 1000 m et douzième du relais mixte. Quel regard portes-tu sur tes performances à Pékin ?
C’étaient mes premiers Jeux et je savais qu’aller chercher la qualification Olympique était pour moi déjà une prouesse en soi. Les quotas ne sont pas faciles à récupérer. Je savais aussi que sur ces premiers Jeux, je n’avais pas vraiment la capacité d’aller chercher beaucoup plus. Et puis, juste avant de partir à Pékin, toute l’équipe a attrapé le covid. Cela n’a pas été optimal en termes de préparation !
La grosse déception des Jeux a été le relais mixte, avec une chute au premier tour. Je pense qu’on pouvait aller chercher un peu plus.
C’était donc mitigé. Mais je suis assez tolérante avec moi en me disant que c’étaient mes premiers JO. J’ai vécu l’expérience Olympique et ce n’était pas ce que j’étais venue chercher en termes de performances. Je me dis que je sais désormais ce que c’est et que je reviendrai dans quatre ans en étant prête ! Cela m’a surtout donné la rage !
« Je suis assez tolérante avec moi en me disant que c’étaient mes premiers JO »
As-tu pu profiter de la magie Olympique à Pékin malgré le contexte du covid-19 ?
Ça reste un bon souvenir. Forcément, il y a eu des côtés un peu moins sympathiques par rapport à une Olympiade classique. Sébastien (Sébastien Lepape, un autre athlète français de short track, ndlr) a notamment été isolé après un test faux-positif. Il n’a donc pas pu vivre totalement l’aventure avec nous. Or, on avait tous eu le covid juste avant de partir à Pékin donc on savait bien qu’il n’avait pas pu l’avoir une deuxième fois en si peu de temps. Les règles sanitaires restreignaient certaines choses. Il n’y a pas eu de Club France et les échanges avec les autres athlètes ont été un peu plus limités.
Mais malgré tout, j’en garde un super souvenir car c’était ma première expérience et je l’ai partagée avec des gens que j’apprécie. Quand tu participes à la cérémonie d’ouverture avec le drapeau français, sous les anneaux Olympiques, cela reste magique quel que soit le contexte !
Le short track se dispute sur plusieurs distances. Essaies-tu de te spécialiser ou bien tu travailles chaque épreuve de façon équivalente ?
On a chacun des affinités et des forces pour mieux performer sur telle ou telle distance. Il y a une tendance qui pousse de plus en plus à la spécialisation. Il y avait avant un classement général aux Championnats d’Europe et du monde, mais il a été supprimé. Je cherche à améliorer mes atouts. Je me spécialise donc, mais sans éliminer une distance. Par exemple, je ne suis pas une bonne coureuse de 500 m car je n’ai pas la fibre explosive, mais je sais que cette distance reste utile pour des courses plus longues et j’essaie donc quand même de la travailler.
Comment se passe la période entre deux saisons de short track ?
En général, on reprend la préparation en mai. La préparation estivale est ce qu’il y a de plus dur en termes physiques. On se prépare pour pouvoir enchaîner les compétitions à partir de septembre-octobre.
On fait beaucoup de travail sur la glace, mais tout de même beaucoup moins qu’à partir du début de la saison. On essaie de varier et de faire plus d’activités comme le vélo ou le roller. On cherche surtout à faire de la préparation en extérieur. En effet, si on passait tout notre temps dans la patinoire à partir du mois de mai, cela commencerait à devenir dur psychologiquement quand on arrive en décembre !
Pendant la période estivale, on part aussi s’entraîner avec d’autres équipes On est un sport à concurrence directe et il n’y a rien de mieux en termes d’entraînement que de se confronter. On est notamment partis en stage en Italie en juillet. Généralement, on effectue plus de déplacements à l’étranger la saison des Jeux Olympiques et la précédente. Les deux autres années, juste après les Jeux, sont un peu plus calmes.
Merci beaucoup Gwendoline et bonne chance pour cette nouvelle saison !
La carrière de Gwendoline Daudet en quelques lignes :
Gwendoline Daudet participe à ses premiers Championnats d’Europe en 2017 et y termine 5e du relais féminin. Elle remporte la médaille de bronze du relais féminin lors des Championnats d’Europe 2018. Elle finit ensuite 4e en 2019 et 7e en 2020 sur cette épreuve.
En 2021, elle devient championne d’Europe et vice-championne du monde de relais féminin (avec Tifany Huot-Marchand, Aurélie Lévêque et Aurélie Monvoisin). Fin 2021, elle monte sur le podium de la Coupe du monde de Debrecen en relais mixte.
Lors des Jeux Olympiques de Pékin 2022, elle se classe 29e du 500 m, 23e du 1000 m, 30e du 1500 m et 12e du relais mixte. Elle participe ensuite aux Championnats du monde 2022 (18e du 1000 m) et aux Championnats d’Europe 2023 (19e du 1500 m, 4e du relais mixte et 5e du relais féminin). Actuellement âgée de 24 ans, Gwendoline Daudet vise les Jeux Olympiques de Milan 2026.
Participation aux Jeux Olympiques de PĂ©kin 2022
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