Interview de Paul-Henri de Le Rue

(snowboard)

Paul-Henri de Le Rue a Ă©tĂ© mĂ©daillĂ© de bronze lors des Jeux Olympiques de Turin dans sa discipline, le boardercross. Pour sa deuxième olympiade, l’annĂ©e dernière Ă  Vancouver, il a en revanche Ă©tĂ© Ă©liminĂ© sur chute. Entretien.

Paul-Henri, tu es devenu champion du monde junior en 2004. Considères-tu que ce titre a été un déclic pour la suite de ta carrière ?

Oui. C’était ma première victoire en course internationale et ça a vraiment été un soulagement  pour moi parce que ça faisait des années que je me battais pour ce titre. J’étais plusieurs fois passé pas loin. J’avais vraiment envie de l’obtenir, je l’ai eu et j’en étais vraiment très content !

Tu as remporté la médaille de bronze lors des Jeux Olympiques de Turin en 2006. Raconte-nous comment tu as vécu la finale de l’intérieur ?

Sur la finale, je suis parti et j’ai « overshooté » sur le dĂ©but du parcours. C’était juste avant une partie de plat, donc j’ai perdu Ă©normĂ©ment de vitesse. J’ai quand mĂŞme rĂ©ussi Ă  rester derrière les deux de devant. Cependant, l’Espagnol arrivait au galop derrière moi. Je savais qu’il avait tout le temps des lignes intĂ©rieures, donc j’ai voulu dans un premier temps le dĂ©stabiliser en le forçant Ă  aller Ă  l’extĂ©rieur. Il y avait ensuite un virage oĂą j’avais une technique vraiment diffĂ©rente des autres et j’étais sĂ»r de doubler les deux premiers Ă  cet endroit. Mais il fallait d’abord que je me dĂ©barrasse du concurrent derrière moi… Et finalement, je l’ai tellement dĂ©stabilisĂ© qu’il est montĂ© sur ma planche et qu’on est  tombĂ© tous les deux. Je me suis relevĂ© avant lui et je suis arrivĂ© troisième !

Etais-tu particulièrement stressé juste avant cette finale olympique ?

Non, j’étais bien ! Toutes les ondes étaient positives. Il n’y avait que du positif autour de moi et je ne pouvais qu’être dans un bon état d’esprit ce jour-là !

Comme tous les médaillés olympiques, tu as ensuite connu une période de forte médiatisation, sans y être forcément préparé. Cela a-t-il été difficile à gérer ?

Ca m’a bien amusé. J’ai vécu ça à fond et c’était très intense. C’était vraiment excellent, ça a été une bonne école pour moi !

Et après une telle période, n’est-ce-pas difficile quand les médias s’intéressent moins à toi ?

C’est un peu déstabilisant. C’est bizarre de voir à quel point il n’y en a que pour les JO et pas pour le reste. Mais à partir du moment où tu l’as compris, tu le sais, et si tu veux après que les médias s’intéressent à toi, c’est à toi de sortir du lot et de faire des choses différentes.

C’est un peu ce que j’ai fait avec mon opération Mont-Blanc. En fait, la SNCF a signé un partenariat avec Annecy 2018. En mai, on a eu un séminaire avec les athlètes SNCF dans lequel on a rencontré le directeur de la communication. Je lui ai alors proposé de gravir le sommet du Mont-Blanc avec des athlètes et des personnes de la candidature d’Annecy, afin de mettre en avant les dispositifs et le partenariat SNCF/Annecy 2018. Le but était aussi de donner une vision nationale et internationale de la candidature qui soit un peu différente. Ca s’est très bien passé. C’était un gros projet pour moi, ça a fait parler et j’en suis très content !

Lors des Jeux Olympiques de Vancouver en février 2010, tu as été éliminé en huitièmes-de-finale sur chute. Cette déception t’a-t-elle empêché de profiter de la magie des Jeux Olympiques ?

Non, parce que comme d’habitude, j’ai pris le positif là où il était. J’étais à fond derrière mes potes pour qu’ils gagnent une médaille. C’était très frustrant pour moi mais j’ai partagé avec eux du bonheur et c’était génial !

Lors des ces JO, on t’a vu plusieurs fois prendre le micro pour France Télévisions. Est-ce quelque chose qui te plairait plus tard d’être journaliste ou consultant ?

Je n’en sais rien. Ce n’étais pas du tout mon objectif sur le moment. Je voulais juste partager avec le monde entier ce qu’on était en train de vivre, car c’était absolument fou. Je n’avais pas envie de vivre ça tout seul et du coup, c’est avec plaisir que j’ai pris le micro devant la caméra !

Es-tu satisfait de ta saison 2011 ?

Oui. Malheureusement, je me suis blessé en milieu de saison. Mais malgré ça, mon plus mauvais résultat est dixième. J’ai fait plusieurs troisième et quatrième places. Je suis de nouveau dans la course ! J’ai changé ma stratégie d’entraînement et c’est vrai que je suis aujourd’hui beaucoup plus motivé qu’auparavant.

Le boardercross est une discipline où le départ est primordial. Quelle est ta technique de concentration juste avant une épreuve ?

Je pense à deux ou trois éléments techniques. Ensuite, j’essaie de me transcender, de devenir « un grand malade » et de penser à gérer mon physique. Si j’arrive à bien gérer le physique, le psychologique suit !

Durant de longues années, tu as évolué en boardercross avec ton frère, Xavier De Le Rue. Comment gérais-tu le fait de concourir dans la même course qui lui ? Etait-ce un avantage ou un inconvénient selon toi ?

C’est une force que l’on a tous les deux de pouvoir être ensemble contre les autres. C’est du bonheur à partager, du dépassement de soi… Et on est toujours plus fort à deux que tout seul !

Comment vois-tu la suite de ta carrière ? Comptes-tu participer aux Jeux Olympiques de Sotchi en 2014 ?

Oui, je compte participer aux Jeux de Sotchi, et j’espère aussi à ceux de 2018 si c’est à Annecy. A côté de cela, je travaille à la communication avec la SNCF. Je vais aussi organiser des voyages à la carte dans les Pyrénées pour faire découvrir les montagnes comme je le ressens. J’ai hâte de partager ça avec les gens et je suis en train de travailler dessus. J’ai donc plein de projets à côté du sport, je suis tout le temps à fond, mais je m’éclate et je suis très heureux comme ça !

Merci beaucoup Paul-Henri et bonne chance pour la saison prochaine !

La carrière de Paul-Henri de Le Rue en quelques lignes :

Spécialiste de boardercross, Paul-Henri de Le Rue devient champion du monde junior en 2004, à Oberwiesenthal (Allemagne). Il signe son premier podium de Coupe du monde en décembre 2005 avec une 3e place.

Lors des Jeux Olympiques de Turin, en 2006, il se distingue en décrochant la médaille de bronze. Il se classe ensuite 5e des Championnats du monde en 2007 et 32e en 2009.

En 2010, il participe de nouveau aux Jeux Olympiques, à Vancouver. Après avoir terminé 23e des qualifications, il est éliminé sur chute dès les 8e de finale. En 2011, il prend la 10e place des Championnats du monde. Agé de 27 ans, Paul-Henri de Le Rue compte actuellement 5 podiums de Coupe du monde.

Pour en savoir plus sur Paul-Henri, visitez son site officiel : polodelerue.com

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