Interview de Nelly Moenne-Loccoz

(snowboard)

A 27 ans, Nelly Moenne-Loccoz a déjà une solide expérience en snowboardcross. Deux fois vice-championne du monde, elle a aussi participé aux Jeux Olympiques de Vancouver en 2010 et de Sotchi en 2014. A 100 jours des Jeux de Pyeongchang, elle répond à nos questions.

Nelly, ta saison 2017-2018 a déjà commencé et tu as signé un podium lors de la première épreuve de Coupe du monde, en septembre en Argentine. On imagine que cela te donne beaucoup de confiance pour cette saison ?

On ne va pas s’enflammer non plus. Je ne suis pas de nature très confiante. Je sors d’une saison un peu difficile, dans le sens où j’ai été très inconstante. Je suis donc en pleine reconstruction. Avec mon entraîneur, on a fait un gros travail pour discuter parce qu’on avait du mal à se comprendre. Il y a un podium et c’est positif. Mais ce qui est encore plus positif, c’est que qu’il y a encore plein de choses à travailler et on a réussi à mettre le doigt dessus. Plutôt que de me dire : « j’ai terminé troisième, ce n’est pas très bien, j’aurais pu faire mieux ! », je me dis au contraire que c’est géant. Ca faisait plus d’une saison que je n’étais pas montée sur le podium en individuel. Et en plus, il y a plein de trucs à travailler et je sais que je peux aller plus vite. C’est donc très positif.

Cette nouvelle saison est marquée par les Jeux Olympiques de Pyeongchang, en février prochain. Axes-tu toute ta saison sur les JO ?

Non. Je ne vais pas cacher que c’est l’objectif de la saison. C’est une grosse étape, qui se prépare et qui va demander un investissement énorme. Mais je ne vais pas mettre toutes mes billes dans la même course. Il y a des Coupes du monde qui sont importantes. Comme je le disais, je suis en reconstruction. Cela va se faire pas à pas, course après course. Je prends les choses les unes après les autres et j’ai en effet envie d’élever mon niveau jusqu’à ce point crucial de la saison.

Tu as participé à tes premiers Jeux Olympiques en 2010 à Vancouver, alors que tu n’avais pas encore 20 ans. Participer aussi jeune à des Jeux Olympiques, c’était un avantage car tu n’avais pas de pression, ou au contraire un inconvénient car tu avais peu d’expérience ?

C’était un peu les deux. Au-delà de ça, avoir la chance de faire plusieurs Olympiades est incroyable. Je m’en rends compte un peu plus maintenant parce que je prends un petit peu plus d’âge et que je vois les jeunes qui arrivent dans l’équipe. Je me rends compte que j’ai une chance fabuleuse d’être en course pour ma troisième Olympiade. L’avantage que je vais avoir cette année, c’est que j’en ai déjà vécu deux et je me suis ratée deux fois. Je commence donc à cerner un peu ce dont j’ai besoin et ce que je dois mettre en œuvre pour aller vite le Jour J.

Un an plus tard, en 2011, tu as décroché la médaille d’argent des Championnats du monde. Cette première médaille est-elle le meilleur souvenir de ta carrière à ce jour ?

Je ne pense pas. Je crois que le plus fort souvenir de ma carrière est la première course que j’ai gagnée. C’était en Suisse. C’était plein de symboles. J’arrivais enfin à gagner alors que je tournais autour, en ayant fait pas mal de deuxième et troisième places auparavant. Je savais que je pouvais gagner mais je n’arrivais pas à finir mes courses. Cette première victoire a été vraiment forte, plus que mes trois médailles aux Championnats du monde.

Tu as de nouveau participé aux Jeux Olympiques en 2014, à Sotchi. As-tu vécu ces deuxièmes Jeux dans le même état d’esprit que les premiers ?

Je n’étais pas du tout actrice la deuxième fois. Je ne sais pas pourquoi, j’avais la phobie de la blessure avant les Jeux. Du coup, je n’ai pris aucun risque sur toute la période de préparation. Je suis donc arrivée aux Jeux en manquant cruellement d’entraînement. C’est une expérience sur laquelle je me base pour cette nouvelle année Olympique.

Lors de la saison 2014-2015, tu as remporté l’argent des Championnats du monde, le bronze des X Games et le classement général de la Coupe du monde. Qu’est-ce-qui avait fait la différence cette année-là ? Essaies-tu de reproduire les mêmes choses ?

C’est dur parce que le sport de haut-niveau se joue vraiment à rien. C’est quasiment impalpable. C’est de l’investissement à l’entraînement, de la lucidité en course… Ce sont des choses difficiles à reproduire. Et si tu reproduis les choses pour reproduire un modèle, tu tombes dans la superstition. Ce n’est pas là-dessus que je me base. Cette année, ma démarche est de tout miser sur le snowboard. J’ai envie de réussir. Je m’entraîne dur. Ca ne veut pas dire que je ne m’entraînais pas dur avant. Mais quand je suis à l’entraînement, je suis à l’entraînement, et quand je ride, je ride pour aller vite. Je pense que c’est là-dessus que je vais faire la différence par rapport à l’année dernière.

Tu es la membre de l’équipe de France avec le plus d’expérience. Sens-tu plus de pression ? As-tu un rôle particulier dans l’équipe ?

Non, je n’ai pas de pression parce qu’on a maintenant un nouveau leader, Chloé (Trespeuch). Elle va vite et gagne des courses. C’est elle qui a pris le rôle de chef de file. A côté, Charlotte (Bankes) est capable de gagner des Coupes du monde, et elle en a gagné deux. J’ai aussi eu un joli parcours et je suis complètement satisfaite de ma carrière. Il n’y a pas une tête de série qui gagne tout, et les autres qui arrivent derrière. On a une équipe très forte. Chez les filles, la pression est plus ou moins divisée, ce qui est plutôt agréable.

Le snowboardcross est une discipline rapide dans laquelle le départ est primordial. Comment te prépares-tu physiquement et mentalement juste avant une course importante ?

Le départ est plutôt ma qualité. J’ai tendance à aller très vite au départ. Je suis assez explosive du bas du corps. Mon haut du corps est aussi assez développé. Le start, c’est donc vraiment une qualité. Concernant ma façon d’aborder la course, l’année dernière, je me disais que si je ne gagnais pas, c’est que j’étais « une grosse naze ». Cette année, je ne suis plus du tout dans le même état d’esprit. Sur la Coupe du monde, il y a peut-être huit ou dix filles qui sont au même niveau et qui peuvent gagner une course. Il faut être plus malin que les autres et travailler sur ses qualités. Encore une fois, la différence est impalpable !

Merci beaucoup Nelly pour cette interview et bonne chance pour cette nouvelle saison !

La carrière de Nelly Moenne-Loccoz en quelques lignes :

Spécialiste du snowboardcross, Nelly Moenne-Loccoz participe à ses premiers Championnats du monde en 2009, terminant 9e. En février 2010, elle participe aux Jeux Olympiques de Sotchi et prend la 6e place. L’année suivante, elle devient vice-championne du monde.

En 2013, elle remporte sa première étape de Coupe du monde, à Veysonnaz. Elle est de nouveau sélectionnée aux Jeux Olympiques en 2014 à Sotchi, dont elle termine 11e.

Elle brille lors de la saison 2014-2015, avec la médaille d’argent des Championnats du monde, le bronze des X Games et la victoire au classement général de la Coupe du monde de snowboardcross. En 2017, elle décroche de nouveau le bronze des X Games. Aujourd’hui âgée de 27 ans, Nelly Moenne-Loccoz va tenter de se qualifier pour ses troisièmes Jeux Olympiques, en février prochain à Pyeongchang.

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