Interview d’OcĂ©ane Pozzo

(snowboard)

SĂ©lectionnĂ©e en boardercross pour les Jeux Olympiques de Vancouver, OcĂ©ane Pozzo a Ă©tĂ© contrainte de dĂ©clarer forfait Ă  cause d’une importante blessure survenue la veille de la course. La jeune snowboardeuse nous explique comment elle a vĂ©cu cette quinzaine olympique et revient notamment sur son titre de Championne du monde junior, dĂ©crochĂ© en 2009.

Océane, tu as été sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Vancouver mais tu as dû déclarer forfait juste avant la course. Peux-tu tout d’abord nous rappeler ce qui s’est passé ?

« J’ai malheureusement dû déclarer forfait pour les JO. En fait, la veille de ma course, en entraînement, j’ai fait une mauvaise réception sur un saut. Diagnostic : un genou en vrac, retour au village olympique pour passer un IRM en urgence. Résultat : déchirure partielle du ligament interne, multiples contusions osseuses et rupture des ligaments croisés. Mais je m’en sors plutôt bien : je suis passée à deux doigts de la fracture du tibia péroné. Je ne pouvais plus marcher tellement mon genou était gonflé ! »

On imagine que tu étais très déçue. Considères-tu que c’est un rêve qui s’est brisé ?

« Ca a été un des passages les plus difficiles de ma jeune carrière. J’ai pris un coup au moral. Tout s’est effondré en quelques secondes. Je rêvais depuis toute petite de participer aux JO, et là mon rêve s’est vraiment brisé. J’ai vraiment souffert d’être sur le banc de touche, mais je me suis dit qu’il y avait vraiment pire dans la vie. J’ai pris mon mal en patience et j’ai encouragé les filles de mon équipe. »

Ta présence sur les lieux t’a-t-elle quand même permis d’emmagasiner de l’expérience pour les prochaines grandes échéances ? Que retiendras-tu de cette quinzaine olympique qui pourrait te servir en cas de participation aux JO de Sotchi ?

« J’ai emmagasiné beaucoup d’expérience en étant sur les lieux. Dans ma tête, je n’arrivais pas à me persuader que je ne pourrais prendre le départ alors j’y croyais en me disant : « demain, mon genou ira mieux, je pourrais peut-être tenter le coup ». Le matin même de la course, je suis allée voir le docteur de la délégation en panique, en lui disant : « je veux courir, laisse-moi courir ». Alors il m’a dit : « va vite à la salle de sport et tu essayes de faire du vélo ». Verdict : impossible de pédaler et de plier la jambe. J’ai alors compris que c’était fini, et que du sommet de mes 21 ans ça ne valait pas le coup d’abîmer encore plus mon genou pour mettre un terme à ma carrière. Mais j’ai vécu les Jeux comme si j’allais prendre le départ, avec la pression et l’espoir qu’un miracle se passe dans la nuit pour mon genou.

Ce que je retiendrais de ces Jeux, c’est qu’il faut vraiment s’organiser toute la journée pour ne pas perdre d’énergie, et se sentir au top de sa forme le jour J car les journées sont vraiment longues et éprouvantes. »

Tu as grandi avec les exploits de Karine Ruby en snowboard et notamment dans ta discipline, le boardercross, où elle est devenue trois fois Championne du monde. A-t-elle eu une influence dans ta volonté de faire cette discipline ? Que représente-t-elle pour toi ?

« J’ai grandi avec les exploits de Karine Ruby en snowboard, et c’est elle qui m’a donné envie de décrocher la lune et de pratiquer le snow en haut niveau. Mais pour le choix de pratiquer la discipline du boardercross, je n’ai été influencée par personne. Plus jeune, je pratiquais deux disciplines : le géant parallèle et le boardercross. Et j’ai tout de suite eu plus de plaisir en boardercross : j’ai besoin de cette adrénaline et cette rage que l’on a au départ. »

En 2009, tu es devenue Championne du monde junior. Raconte-nous comment tu as vécu ce titre ?

« En mars 2009, j’ai été sacrée Championne du Monde junior. C’était pour moi un bel objectif que je m’étais fixé. Je suis partie en me disant que j’y allais pour gagner et seulement pour gagner. J’ai remporté la qualification, et j’ai fait tous mes runs en tête jusqu’en finale. Lorsque j’ai passé la ligne, ma première pensée a été pour Karine Ruby, mon idole de toujours. J’étais heureuse de remporter les Championnats du monde junior sur la piste où s’était illustrée Karine aux JO de Nagano, en 1998.

Ca a été également un soulagement, car cette saison avait vraiment été difficile pour moi : la Fédération française de ski m’avait jeté des collectifs France, et j’étais vraiment livrée à moi-même. Je faisais mes déplacements seule, j’ai même souvent dû faire huit heures de route pour me rendre sur des Coupes du Monde, en payant tout de A à Z. C’était épuisant. Cette victoire, je suis vraiment allée la chercher ! »

Parle-nous un peu du fonctionnement de l’équipe de France féminine de boardercross. Comment s’organise une saison ?

« Nous avons beaucoup de stages d’entraînements physiques et sur neige.

Nous nous préparons physiquement un mois après la fin de la saison (mai), avec beaucoup de VTT, de renforcement musculaire, de trampoline, de skate… Les stages sur neige attaquent au mois de juin sur les glaciers pour préparer la première Coupe du monde qui a lieu au mois de septembre en Argentine.

Tous les ans, nous partons en Argentine au mois d’août pour nous entraîner avant la Coupe du monde, puis nous continuons les entraînements intensifs en France en attendant les autres étapes de Coupe du monde. »

Suite Ă  ta blessure des JO, quel est ton programme pour revenir en pleine possession de tes moyens ?

« Suite à ma blessure aux JO, j’ai été opérée le 26 mars et j’ai suivi un programme de rééducation intensif dans un centre de rééducation de sportifs de haut niveau.

Je ne pourrai pas remonter sur mon snow avant septembre, alors je vais continuer ma rééducation dans un centre de rééducation à Saint-Raphaël tout en adaptant ma préparation physique avec les possibilités de mon genou. Je vais également en profiter pour bosser sur ma préparation mentale, surtout en visualisation.

L’été va être musclé !!! Je dois revenir au top, et je vais tout donner ! Cette blessure m’a donné la hargne pour la saison prochaine et j’ai pour objectif de faire partie du top 8 mondial. Mais pour y parvenir, j’ai besoin de sponsors car la Fédération française de ski ne prend que 50% de nos déplacements (billets d’avion, hébergements, entraînements…). Alors en tant qu’étudiante, difficile de joindre les deux bouts en fin de saison ! Mon compte en banque a du mal à suivre, il faut vraiment être passionné ! »

Merci beaucoup Océane pour ta gentillesse ! Bon courage pour la rééducation !

La carrière d’OcĂ©ane Pozzo en quelques lignes :

Spécialiste du boardercross, Océane Pozzo intègre l’équipe de France senior de snowboard en 2006, à l’âge de 17 ans. En 2007, elle termine 12e des Championnats du monde et se classe deuxième des Championnats de France, avant de remporter le titre national l’année suivante.

En mars 2009, elle devient Championne du monde junior de boardercross à Nagano, au Japon. Elle décroche également trois podiums en Coupe d’Europe et termine 23e du classement général de la Coupe du monde cette même année.

Après une belle sixième place lors de l’épreuve de Coupe du monde de Telluride (Etats-Unis), Océane Pozzo est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Vancouver, mais elle est contrainte de déclarer forfait à cause d’une importante blessure contractée la veille de la course. Aujourd’hui âgée de 21 ans, elle se remet petit à petit de son opération avec pour objectif de revenir au top la saison prochaine.

Pour en savoir plus sur Océane, visitez son site officiel : oceanepozzo.com

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